Israël en guerre - Jour 476

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En Syrie, le redoutable carré de sécurité de Damas livre ses secrets

Les imposants bâtiments en béton sont désormais explorés par des milliers de Syriens à la recherche de traces de leurs proches arrêtés par le régime sanguinaire de Bashar al-Assad

Vue générale du quartier général de la sécurité militaire du ministère syrien de la Défense dans le quartier de Kafr Sousa à Damas, le 9 décembre 2024. Après la chute de Bachar el-Assad, le complexe de sécurité de Damas, où les gens étaient interrogés, torturés et détenus, livre ses secrets. Aujourd'hui, les rebelles gardent les entrées de cette cité interdite, qui abritait les principaux organes de sécurité, mais aussi des institutions officielles, comme le ministère de l'électricité. (Photo LOUAI BESHARA / AFP)
Vue générale du quartier général de la sécurité militaire du ministère syrien de la Défense dans le quartier de Kafr Sousa à Damas, le 9 décembre 2024. Après la chute de Bachar el-Assad, le complexe de sécurité de Damas, où les gens étaient interrogés, torturés et détenus, livre ses secrets. Aujourd'hui, les rebelles gardent les entrées de cette cité interdite, qui abritait les principaux organes de sécurité, mais aussi des institutions officielles, comme le ministère de l'électricité. (Photo LOUAI BESHARA / AFP)

Les Syriens frissonnaient rien que de passer devant cet énorme bloc d’immeubles, entouré de murs de béton. Après la chute de Bashar al-Assad, le carré de sécurité de Damas, où les gens étaient interrogés, torturés et détenus, livre ses secrets.

Aujourd’hui, des rebelles islamistes gardent les entrées de cette cité interdite, qui abritait les principaux organes de sécurité, mais également des institutions officielles, comme le ministère de l’Electricité.

Les Syriens redoutaient d’être convoqués et de ne jamais sortir de ces services de sécurité, dont les branches portaient des noms ou des numéros. Parmi elles, la surnommée « Branche Palestine » était tristement célèbre pour sa cruauté.

À l’étage, les personnes convoquées étaient interrogées, puis incarcérées dans les cachots en sous-sol, avant d’être parfois transférées dans d’autres prisons.

Sleimane Kahwaji, un secouriste, erre parmi les bâtiments pour tenter de retrouver l’endroit où il a été interrogé puis détenu.

Il a été arrêté en 2014 sous l’accusation de terrorisme, commune sous le règne de Bashar al-Assad. « J’étais encore au lycée », dit le jeune homme barbu.

« Ma chère mère »

« Je suis resté 55 jours sous terre », ajoute-t-il. « Nous étions à 55 dans un cachot, deux prisonniers sont morts, dont l’un du diabète ».

Les murs des cellules souterraines, plongées dans la pénombre, racontent les souffrances des détenus. « Ma chère mère », a écrit l’un des prisonniers.

Les cachots individuels sont si exigus qu’il est impossible de s’y allonger. Dans les autres, les prisonniers étaient entassés à 80, dormant à tour de rôle, témoigne l’un d’entre eux, Thaer Moustafa, arrêté sous l’accusation de désertion de l’armée.

Les détenus ont été libérés dimanche, après la fuite des militaires syriens lorsque Damas est tombée aux mains des rebelles. Une foule a envahi les bâtiments, pillant les vastes bureaux dans les étages supérieurs.

Dans ceux des services de renseignements militaires, des centaines de dossiers sont abandonnés, certains par terre, leurs papiers éparpillés.

Les milliers de documents rapportent les moindres faits et gestes des Syriens, qui étaient soumis à une surveillance draconienne.

Listes de détenus

Une liste écrite à la main documente les noms de plus de 10 000 prisonniers, membres des Frères musulmans, la confrérie « bête noire » du pouvoir, avec leur date de naissance, le lieu où ils ont été interrogés, ceux qui sont décédés.

Le mouvement islamiste sunnite avait mené une insurrection contre le pouvoir de Hafez al-Assad, père de Bashar, en 1982 dans la ville de Hama (centre). Son écrasement, dans le sang, avait fait entre 10 000 et 40 000 morts, selon les sources.

Le dictateur de l’époque, issu de la minorité alaouite, avait mené par la suite une répression sans merci contre la confrérie, à laquelle l’appartenance valait la peine de mort.

D’autres rapports gisent pêle-mêle par terre : l’un porte sur un Britannique d’origine syrienne, arrêté et soumis au détecteur de mensonges car soupçonné de collaborer avec les services de renseignements britanniques.

Un autre, daté de janvier 2024, porte sur un attentat qui s’est produit à Mazzé à Damas, et dans lequel un Irakien a été blessé.

Des documents rapportent aussi les activités de dignitaires religieux syriens, l’arrestation de trois femmes, des activités de journalistes, des incidents divers…

Sur une liste du gouvernement syrien, publiée par l’agence officielle Sana, sont annotées à la main les appartenances confessionnelles des ministres : chrétien, druze, sunnite ou alaouite.

Pour épier les moindres faits et gestes des Syriens, le pouvoir syrien encourageait la délation en monnayant les informations fournies par les citoyens.

À l’entrée du carré des sécurité, des familles arrivent depuis dimanche, espérant avoir des nouvelles de leurs proches disparus.

« Nous avons entendu qu’il y a des cachots secrets. Je suis à la recherche de mon fils, Obada Amini, arrêté en 2013 », dit une femme de 53 ans, Khouloud Amini, entourée de son mari et de sa fille.

« Il était en quatrième année à la faculté de génie. Je suis allée à Sednaya, je ne l’ai pas trouvé », ajoute-t-elle, en référence à la plus grande prison près de Damas, où des milliers de personnes se sont aussi massées dans l’espoir de retrouver des proches.

« On m’a dit qu’il y a des cachots souterrains ici », poursuit cette mère. « J’espère que tous les prisonniers syriens, et pas seulement mon fils, seront libérés ».

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