Entre Israël et le Hezbollah, une guerre ouverte est-elle inévitable ?
Michael Horowitz note l'escalade notable " ces dernières semaines, avec des tirs de roquettes bien plus importants", le nombre de roquettes tirées ont triplé en mai par rapport à janvier
Les dirigeants israéliens multiplient les avertissements à l’égard du groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah et les violences entre les deux parties se sont intensifiées au cours des derniers jours, mais le risque d’une guerre ouverte reste limité, selon des analystes.
Vraie escalade ?
Le Hezbollah a affirmé avoir ouvert dans le sud du Liban, à la frontière avec Israël, un « front de soutien » au Hamas dès le déclenchement de la guerre dans la bande de Gaza le 7 octobre, suite à l’assaut barbare et sadique du groupe terroriste palestinien sur le sud d’Israël le 7 octobre.
Au cours des derniers jours, la formation pro-iranienne a eu intensivement recours à des drones d’attaque contre des positions militaires israéliennes, provoquant d’importants incendies. Jeudi soir, elle a pour la première fois employé des missiles de défense aérienne Falaq-2 contre des avions israéliens.
« Il y a eu une vraie escalade ces dernières semaines, avec des tirs de roquettes bien plus importants », note Michael A. Horowitz, analyste géopolitique pour Le Beck, une société de conseil basée au Moyen-Orient, précisant que le nombre de roquettes tirées sur le nord d’Israël avait triplé en mai par rapport à janvier.
« Le Hezbollah utilise aussi de nouvelles armes plus efficaces, notamment les drones ‘kamikazes’, tout en étendant sa zone d’opération », ajoute-t-il.
Mais le groupe terroriste chiite libanais se garde de frapper en profondeur Israël et son chef, Hassan Nasrallah, a averti qu’il n’avait encore employé qu’une partie de son puissant arsenal.
Israël a de son côté intensifié ses frappes contre des terroristes du Hezbollah et ses raids contre des positions éloignées de la frontière, dans la plaine de la Bekaa, à l’est où le groupe terroriste chiite libanais a un réseau de bases et de tunnels.
Jusqu’à présent, les affrontements à la frontière ont causé la mort de onze civils du côté israélien, ainsi que celle de quinze soldats et réservistes de Tsahal. Plusieurs attaques ont également été lancées depuis la Syrie, sans faire de blessés.
Le Hezbollah a signalé que 330 de ses terroristes ont été tués par Israël depuis le 8 octobre, principalement au Liban, mais aussi en Syrie. Au Liban, 71 membres d’autres groupes terroristes, un soldat libanais et au moins 60 civils, dont trois journalistes, ont été tués.
Menaces réelles ?
Les responsables israéliens multiplient les déclarations belliqueuses. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a affirmé jeudi qu’Israël était « prêt pour une opération très intense » à sa frontière nord.
Son allié d’extrême droite, Bezalel Smotrich, a déclaré que l’armée devrait envahir le Liban et repousser « des centaines de milliers de Libanais » de la zone frontière.
Le chef d’état-major de Tsahal, le lieutenant général Herzl Halevi, a pour sa part annoncé qu’Israël était « prêt à passer à l’offensive dans le nord ».
Le numéro 2 du Hezbollah, Naïm Qassem, a cependant assuré cette semaine que le but n’était « pas d’élargir la bataille ». « Nous ne voulons pas d’une guerre totale » mais « si elle nous est imposée, nous sommes prêts », a-t-il ajouté.
Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a appelé jeudi à la cessation des hostilités entre les deux parties, s’inquiétant d’un risque de « conflit plus large aux conséquences dévastatrices pour la région ».
Préparatifs de guerre ou de négociations ?
Michael Young, analyste du centre Carnegie pour le Moyen-Orient, estime qu’Israël et le groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah procèdent à une « escalade contrôlée ».
« Ce ne sont pas tant des préparatifs de guerre », bien qu’elle « reste toujours une possibilité réelle, mais plutôt des préparatifs pour des négociations », explique Young.
Il indique que les deux parties anticipent une fin des combats à Gaza, « et par conséquent qu’une solution doit être trouvée » à la frontière israélo-libanaise.
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Pour Horowitz, « les tensions internes jouent un rôle dans les déclarations des dirigeants israéliens », sans oublier la « pression publique » due aux milliers d’Israéliens déplacés du nord.
« Malgré ces déclarations belliqueuses, je crois que Netanyahu sait qu’une guerre avec le Hezbollah serait un pari extrêmement risqué », estime Horowitz.
En juillet 2006, la guerre entre Israël et le Hezbollah avait fait en 34 jours près de 1 400 morts, dont 43 civils israéliens et 121 soldats de Tsahal et
1 200 côté libanais, en majorité des civils.
Le groupe terroriste chiite libanais avait alors frappé Israël en profondeur, avant qu’un cessez-le-feu conclu sous l’égide des Nations unies n’installe une paix fragile.
Déjà en 1982, l’armée israélienne avait envahi le Liban et assiégé Beyrouth, pour en déloger l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) de Yasser Arafat.
Mais le départ des fedayins – ou combattants palestiniens – a donné naissance à un adversaire encore plus redoutable pour Israël, le Hezbollah.