Entre le nord et le sud de Gaza, des agents égyptiens et américains inspectent les véhicules
Ces sociétés opèrent dans le cadre d'une coalition internationale prévue par l'accord de trêve, avec le soutien des Etats-Unis, du Qatar et de l'Egypte

A l’intersection de Netzarim, sur la route Salaheddine reliant le nord et le sud de la bande de Gaza, des agents de sécurité américains et égyptiens, armés et vêtus d’uniformes militaires, inspectent les véhicules transportant des déplacés palestiniens dans les deux sens.
Lundi matin, le trafic avançait lentement avant d’atteindre le poste de contrôle de l’intersection des Martyrs, comme l’appellent les Palestiniens, d’où les forces israéliennes se sont retirées la veille.
Les agents américains et égyptiens, certes « respectueux », effectuent au carrefour des contrôles « lents et éprouvants », raconte Ahmed Al-Rai, 50 ans.
Et s’il se réjouit d’une « avancée positive », il espère que le passage sera « entièrement ouvert, sans fouilles par les Américains, car l’inspection de chaque véhicule prend vingt minutes ».
Lui a dû attendre cinq heures avant que son tour n’arrive, comme il le relate à l’AFP.
Une source au ministère de l’Intérieur du Hamas a confirmé à l’AFP que, « conformément à l’accord de trêve entre le Hamas et Israël, des agents de sécurité américains et égyptiens sont présents au carrefour ».
Un cadre du Hamas avait précisé ces dernières semaines à l’AFP que des sociétés de sécurité privées américaines et égyptiennes superviseraient la mise en oeuvre de l’accord de trêve, entré en vigueur le 19 janvier.
Le site américain Axios avait lui rapporté, le 23 janvier, que des sociétés américaines privées commenceraient « à travailler à un poste de contrôle clé dans la bande de Gaza (…) pour fouiller les véhicules palestiniens » et que « des agents armés seraient déployés dans le territoire ».
Le site d’information précisait que ces sociétés opéreraient dans le cadre d’une coalition internationale prévue par l’accord de trêve, avec le soutien des Etats-Unis, du Qatar et de l’Egypte, les trois pays médiateurs.
La source du ministère de l’Intérieur de Gaza a précisé qu' »il n’y a(vait) pas de police palestinienne » des deux côtés de l’intersection de Netzarim. Elle a ajouté que « les forces israéliennes ne sont pas non plus présentes » sur Salaheddine, « mais des véhicules blindés se trouvent à quelques centaines de mètres à l’est du carrefour ».
Des centaines de voitures, camions, charrettes ou tuk-tuks avançaient lentement vers le point de contrôle. Les véhicules, pour la plupart anciens et parfois en piteux état, étaient chargés de bagages, matelas et objets divers, sur une route de terre étroite et délabrée.
Au milieu de cet embouteillage, rendu encore plus difficile par les pluies, se trouvaient des véhicules du Croissant-Rouge et des camions de carburant.
L’accord de trêve prévoit un cessez-le-feu à Gaza après 15 mois de guerre, ainsi qu’un échange d’otages retenus dans le territoire palestinien contre des prisonniers palestiniens détenus dans les prisons israéliennes.
Cet accord, qui se déroule en trois phases, prévoit dans sa première étape, étalée sur six semaines, le retrait des forces israéliennes des zones habitées de Gaza ainsi que l’acheminement d’aide humanitaire.
« Liberté de circulation »
Maïn Abbas, un habitant de Gaza-ville âgé de 46 ans, espère lui aussi que la route Salaheddine sera entièrement ouverte, sans inspections.
Pour l’heure, les priorités sont « la liberté de circulation, la poursuite du calme, l’acheminement de nourriture, la réhabilitation des hôpitaux, la réouverture des écoles et l’installation de tentes ou de caravanes pour l’hébergement, afin de permettre un retour progressif à la vie normale », énumère-t-il.
L’armée israélienne s’est retirée il y a deux semaines de l’axe ouest de Netzarim, permettant ainsi à des centaines de milliers de déplacés de retourner à pied, du sud du territoire vers leurs villes, camps et villages dans le nord de Gaza, mais le passage des véhicules n’avait pas encore été autorisé.
Agé de 27 ans, Rafat al-Hassanat est retourné avec sa femme et sa fille chez lui, au sud-ouest du carrefour des Martyrs, mais face à l’ampleur des destructions, il a passé la nuit dans une tente à côté de sa maison détruite.
« Il fait extrêmement froid, les enfants sont tombés malades », ce qui l’a contraint à retourner dans un abri au sein d’un orphelinat, à l’ouest de Gaza-ville, raconte-t-il.