Environnement : Incompréhension suite à une déclaration de Netanyahu
Il est difficile de déterminer clairement ce qu'a voulu dire Netanyahu lorsqu'il a promis d'achever la transition à partir des énergies fossiles à l'horizon 2050
Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a pris la parole au second jour du Sommet sur le climat organisé par le président américain Joe Biden, vendredi, en promettant la « transition » d’Israël « des énergies fossiles vers les énergies renouvelables à l’horizon 2050 ».
Le sommet sur le climat, qui a été lancé jeudi – à l’occasion de la journée internationale de la Terre – et qui s’est achevé vendredi s’était fixé pour objectif d’encourager les responsables à la tête de 40 nations à prendre des initiatives plus ambitieuses en termes de réduction des émissions de carbone, responsables du réchauffement global, en amont du Sommet sur le climat de Glasglow, qui aura lieu au mois de novembre en Écosse sous l’égide des Nations unies.
Netanyahu a déclaré être bien conscient de la détermination de Biden à passer à l’acte de manière plus forte sur le climat – un attachement, a-t-il dit, « qui est aussi le nôtre en Israël ».
« Je m’engage à réduire l’empreinte carbone d’Israël et à mener à bien une transition totale en passant des énergies fossiles aux énergies renouvelables à l’horizon 2050 », a-t-il indiqué.
Le Premier ministre a ajouté que l’État juif avait d’ores et déjà fait des progrès significatifs dans deux secteurs spécifiques – la réduction de l’utilisation du charbon avec le but de cesser complètement son usage d’ici 2025, et l’augmentation de l’usage de l’énergie solaire – qui, aujourd’hui, représente 2 % de toutes les énergies. Il a juré de faire passer ce pourcentage à 10 % dès cette année.
« Nous nous engageons à ce qu’à la fin de cette décennie, les énergies renouvelables fournissent plus d’un tiers de l’électricité totale consommée dans le pays », a-t-il continué.
Mais le pays doit encore relever le défi du stockage de l’énergie solaire, a-t-il noté.
Israël tente de franchir cet obstacle pour devenir « un leader global dans le stockage de l’énergie solaire », a-t-il poursuivi.
Des centaines de start-ups israéliennes travaillent sur la question et sur d’autres problématiques associées et elles on déjà reçu « des milliards de dollars de financement, et ce n’est pas fini », a-t-il dit, « parce que je suis convaincu que les sciences et le génie israéliens nous permettront de jouer notre rôle dans la transition globale vers une économie zéro-carbone ».
Netanyahu a ensuite évoqué les avancées israéliennes dans le domaine de l’efficacité hydraulique – irrigation au goutte à goutte, agriculture hydroponique, désalinisation, purification et recyclage de l’eau. Il a déclaré que 93 % des eaux usées, dans le pays, étaient purifiées et que 86 % étaient recyclées pour être utilisées dans l’agriculture. L’efficacité hydraulique est aussi renforcée par l’utilisation de l’intelligence artificielle, a-t-il ajouté.
Il a finalement précisé qu’Israël coopérait avec les Émirats arabes unis et Bahreïn dans les technologies de l’eau et des énergies renouvelables suite aux accords de normalisation signés avec les deux pays, l’année dernière.
Il est difficile de déterminer clairement ce qu’a voulu dire Netanyahu lorsqu’il a promis d’achever la transition à partir des énergies fossiles à l’horizon 2050.
Il n’y a pas de politique gouvernementale concernant 2050. Le seul objectif officiel qui a été fixé a été de garantir que 30 % de l’électricité proviendrait d’énergies renouvelables – et principalement de l’énergie solaire – le reste de l’approvisionnement étant assuré par le gaz naturel.
Au début de la semaine dernière, le ministère de l’Énergie avait publié une feuille de route visant à réduire de 80 % les émissions de gaz à effet de serre, responsables du réchauffement climatique, d’ici 2050. Elle établit de baisser les émissions de 23 % à l’horizon 2030 dans tout le secteur de l’énergie et « d’approximativement » 30 % dans le secteur de l’électricité en particulier.
Les défenseurs de l’environnement, pour leur part, ont estimé que la promesse faite par Netanyahu ne correspondait en rien avec la réalité du terrain, en Israël.
Un porte-parole de Greenpeace Israel a indiqué que « en pratique, Israël n’a aucun plan de lutte contre la crise du climat ».
Au contraire, a accusé l’organisation, les efforts livrés par l’État se concentrent principalement sur les recherches de gaz et de pétrole et – par le biais d’un plan d’exportation de gaz vers l’Europe – sur « la création d’une nouvelle demande en faveur des énergies fossiles ».
« Le gouvernement israélien devrait sortir de son rêve de gaz, il devrait écouter les demandes de changement, se fixer des cibles en termes de réduction des gaz à effet de serre dans le cadre d’une loi ou d’une décision gouvernementale et geler immédiatement tous les nouveaux plans concernant la production, le transport et la combustion des énergies fossiles », a continué le porte-parole.
« Et à la place, il devrait investir autant qu’il le faudra dans le développement de l’énergie solaire et des technologies de stockage qui entraîneront également la création de dizaines de milliers de nouveaux emplois verts au cours des prochaines années ».
Yoni Sappir, président de l’organisation environnementale des Gardiens du foyer, a déclaré que ce que Netanyahu avait dit n’était pas clair lorsqu’il avait fait référence à des efforts livrés par le gouvernement pour mettre au point des solutions susceptibles de résoudre le problème du stockage des énergies renouvelables, alors que de nombreux projets déterminants de ce type existent déjà dans d’autres parties du monde, et notamment aux États-Unis.
Il a également fait référence à une querelle en cours qui oppose les ministères de l’Énergie et de la Protection environnementale concernant les objectifs à atteindre à l’horizon 2050. Le ministère chargé de l’environnement a demandé qu’au moins 40 % de l’électricité soit générée par le biais de panneaux solaires en 2030 – un pourcentage qui passerait à 95 % en 2050.
Le Premier ministre, a ajouté Sappir, « doit immédiatement adopter, en s’impliquant personnellement, une loi sur le climat comprenant une taxation du carbone – un projet qui avait été torpillé par le ministère des Finances. Sans ces initiatives, les déclarations de Netanyahu resteront lettre morte… Il est temps d’arrêter les bavardages et d’avancer vers des objectifs réels et contraignants ».