Israël en guerre - Jour 367

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Erdogan n’acceptera pas que le Hamas soit considéré comme un « groupe terroriste »

Le dirigeant turc a également affirmé que le Hamas doit être impliqué dans tout scénario d'après-guerre pour Gaza

Le président turc Recep Tayyip Erdogan s'exprimant lors d'une session plénière au sommet climatique de l'ONU COP28, à Dubaï, aux Émirats arabes unis, le 1er décembre 2023. (Crédit : Peter Dejong/AP Photo)
Le président turc Recep Tayyip Erdogan s'exprimant lors d'une session plénière au sommet climatique de l'ONU COP28, à Dubaï, aux Émirats arabes unis, le 1er décembre 2023. (Crédit : Peter Dejong/AP Photo)

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a réitéré sa position samedi selon laquelle le Hamas n’est pas un groupe terroriste et a affirmé qu’ils doivent être impliqués dans toute solution pour Gaza après la guerre.

« Je me tiens prêt à défendre ma position. Quoi que l’on dise, je ne peux pas accepter que le Hamas soit [considéré comme] un groupe terroriste », à déclaré Erdogan aux journalistes dans son avion, selon les médias turcs.

Ses propos ont été tenus en réponse à une question sur les éventuelles sanctions américaines auxquelles la Turquie pourrait être confrontée pour avoir soutenu et financé le groupe terroriste palestinien du Hamas.

Le dirigeant turc a également affirmé que le Hamas doit être impliqué dans tout scénario d’après-guerre pour Gaza, déclarant que « l’exclusion et la destruction du Hamas ne sont pas une option ».

En outre, Erdogan a demandé à la Cour pénale internationale (CPI) de punir les responsables israéliens, qu’il a qualifiés de « bouchers de Gaza« , pointant du doigt le Premier ministre Benjamin Netanyahu.

La Turquie entretient des liens très étroits avec le Hamas. Erdogan est en contact étroit avec les dirigeants du groupe terroriste palestinien depuis le début de la guerre et lui a permis d’opérer depuis un bureau à Istanbul depuis plus de dix ans, en insistant sur le fait qu’il n’hébergeait que l’aile politique du groupe.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan, à droite, serrant la main du chef du groupe terroriste palestinien du Hamas, Ismaïl Haniyeh, avant leur rencontre à Istanbul, le 1er février 2020. (Crédit : Presidential Press Service via AP/Pool)

« Le Hamas n’est pas un groupe terroriste, c’est un groupe de moudjahidines qui défendent leurs terres », avait-il déclaré fin octobre sous une ovation, devant des députés debout à Ankara. « Moudjahidines » est un terme arabe désignant ceux qui sont engagés dans le djihad, la guerre sainte.

Israël « peut considérer le Hamas comme un groupe terroriste, au même titre que l’Occident », avait affirmé Erdogan, s’exprimant devant des députés de son parti – l’AKP – au Parlement. « L’Occident vous doit beaucoup. Mais la Turquie ne vous doit rien. »

Le porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères, Lior Haiat, avait peu après déclaré  qu’Israël « rejette avec vigueur les mots durs du président turc à l’égard du groupe terroriste du Hamas ».

Le discours d’Erdogan n’est pas sans rappeler des propos similaires, tenus ces dernières années, à propos du Hamas.

« Le Hamas n’est pas un groupe terroriste et les Palestiniens ne sont pas des terroristes », avait-il tweeté en 2018, en guise de « rappel » pour Netanyahu. « C’est un mouvement de résistance qui défend la patrie palestinienne contre une puissance occupante. »

Erdogan, fervent critique Israël depuis le début des combats contre le Hamas, à la suite des massacres du 7 octobre, a appelé Israël à cesser son action militaire.

Suite à une trêve de 7 jours, qui a pris fin vendredi peu avant 7h du matin, l’armée israélienne a repris ses opérations dans la bande de Gaza.

Un extrait d’une vidéo UGC publiée sur Telegram le 9 octobre 2023 montre un terroriste palestinien armé marchant autour du festival de musique Supernova, avec un corps derrière lui, près du kibboutz Reim, dans le désert du Néguev, dans le sud d’Israël. (Crédit : ANONYMOUS/AFP)

Le fait qu’Erdogan prenne fait et cause pour le Hamas et porte des accusations contre Israël met à rude épreuve les initiatives de réchauffement les relations de ces dix-huit derniers mois, après des années de franche animosité.

Avant l’arrivée au pouvoir d’Erdogan, Israël était un allié régional de longue date de la Turquie, mais les relations se sont disloquées en 2010 après un raid israélien sur le navire Mavi Marmara, à destination de Gaza, qui faisait partie d’une flottille décidée à contourner le blocus. Dix militants turcs qui avaient attaqué des soldats de Tsahal à bord du navire ont été tués.

Fin septembre, Erdogan avait rencontré Netanyahu à New York, pour la première fois officiellement, et les deux hommes avaient évoqué avec enthousiasme des perspectives de coopération.

Dans le même temps, la Turquie entretient des relations fortes avec le Hamas. Erdogan est en contact avec la direction du Hamas depuis le début de la guerre et a permis au groupe terroriste d’opérer à partir d’un bureau à Istanbul, en insistant sur le fait qu’il n’hébergeait que l’aile politique du groupe. Mais en 2020, Israël avait fourni aux services de renseignement turcs des preuves que des membres de l’aile armée du Hamas agissaient depuis ce bureau, sous la supervision de Saleh al-Arouri, depuis Beyrouth.

Le chef politique adjoint du Hamas, Saleh al-Arouri, après avoir signé un accord de réconciliation avec un haut responsable du Fatah, Azzam al-Ahmad, lors d’une courte cérémonie au complexe des services de renseignement égyptiens au Caire, en Égypte, le 12 octobre 2017. (Crédit : Nariman El-Mofty/AP)

À partir de ce bureau, les terroristes du Hamas auraient planifié des attaques terroristes contre Israël et mis au point des circuits de transfert des fonds aux militants du groupe terroriste en Cisjordanie.

Un récent sondage montre que la majorité des Turcs souhaitent qu’Erdogan reste neutre ou qu’il joue un rôle de médiateur dans cette guerre.

Emanuel Fabian a contribué à cet article.

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