Espagne : Démission d’une politicienne après avoir traité son rival de « nazi juif »
Amparo Rubiales quitte le parti après avoir fait une remarque sur l'élu de centre-droit Elias Bendodo ; elle s'excuse pour la partie "juive" mais réitère l'accusation de "nazisme"
Une politicienne socialiste espagnole qui a qualifié un adversaire de « nazi juif » a démissionné de son parti à la suite d’un tollé.
Dans un communiqué, Amparo Rubiales a annoncé jeudi qu’elle renonçait à la présidence de la section andalouse du parti socialiste ouvrier espagnol pour « mettre un terme à la polémique ». La polémique en question avait été soulevée suite à ses propos sur Elias Bendodo Benasayag, un membre du parti populaire de centre-droit, né dans une famille juive séfarade à Malaga. Ses parents sont des Juifs nés au Maroc, selon sa biographie en ligne.
Rubiales, ancienne militante du principal parti communiste espagnol, puis députée du parti socialiste jusqu’en 2004, a résisté aux appels à supprimer son tweet de samedi, dans lequel elle commentait une interview où Bendodo Benasayag affirmait que « l’Espagne n’est pas assez forte pour supporter cinq années de plus sous Pedro Sánchez », le Premier ministre espagnol, qui est socialiste.
« C’est vraiment le discours d’un Juif nazi », a-t-elle écrit. « Je n’ai rien contre les Juifs, et tout contre les nazis », a-t-elle écrit dans un autre tweet après avoir essuyé des critiques.
Jeudi, avant d’annoncer sa démission, Rubiales s’est excusée pour son tweet.
« Il ne faut jamais utiliser la religion, l’origine ou l’ethnie de quelqu’un à des fins de critique politique, même si, comme dans mon cas, l’intention est de souligner une grave incohérence. Mes excuses et une correction : Bendodo est un nazi. »
La Fédération des communautés juives d’Espagne (FCJE), une organisation faîtière représentant les Juifs espagnols, a publié jeudi une déclaration condamnant « fermement » le commentaire de Rubiales et le qualifiant d’antisémite.
« Il s’agit d’antisémitisme car l’origine juive de Bendodo Benasayag est soulignée alors qu’aucun autre politicien n’est identifié par son origine ou sa religion », a déclaré la FCJE dans un communiqué cité par The Diplomat. « Au-delà des divergences politiques, il est intolérable et méprisable d’utiliser l’origine, les tendances, l’appartenance ou la religion d’un adversaire pour en faire une critique politique. »
Des élections générales auront lieu en Espagne le mois prochain. Le parti populaire devance les socialistes avec une marge considérable dans presque tous les principaux sondages d’opinion.
La section andalouse du parti socialiste ouvrier espagnol a condamné les propos de Rubiales, les qualifiant « d’inacceptables » et de « répréhensibles ».
Elles représentent son opinion et non celle du parti, a déclaré un porte-parole du parti à El Mundo.