Etgar Keret, maître de la micro-fiction, lauréat du prix Sapir
Le célèbre auteur de micro-fictions absurdes a remporté la plus haute distinction littéraire israélienne pour Faux pas au bord de la Galaxie
Jessica Steinberg est responsable notre rubrique « Culture & Art de vivre »

L’auteur israélien Etgar Keret a reçu le prix Sapir – le plus important prix littéraire israélien – pour son dernier recueil de nouvelles, Faux pas au bord de la Galaxie (qui n’a pas été encore traduit en français).
Keret s’est dit « très surpris », selon un communiqué de l’université Ben-Gurion du Negev, où Keret enseigne au sein du département de littérature hébraïque.
« C’est le plus grand bonheur au monde, mais c’est comme pour l’amour et les cadeaux, ce n’est pas quelque chose que l’on s’efforce d’obtenir. Ça arrive, c’est tout », a commenté Keret.
Le prix Sapir de littérature est le prix littéraire annuel le plus prestigieux en Israël. Financé par le Mifal HaPayis, la loterie nationale israélienne, il porte le nom de feu Pinhas Sapir, ancien ministre des Finances israélien.
Il a été établi en l’an 2000 et reprend les principes du prestigieux prix britannique Man Booker – avec une dotation de 150 000 shekels pour son lauréat et 25 000 shekels pour les auteurs arrivés en finale. Le lauréat remporte également la traduction de son travail en arabe et dans l’autre langue de son choix.
Keret, 51 ans, est acclamé par la critique en Israël et à l’étranger pour ses micro-fictions absurdes, la plupart longues d’une page ou deux.
Plusieurs de ses livres ont été traduits en anglais et en d’autres langues, et un certain nombre de ses histoires ont été adaptées au cinéma. Au mois de novembre, un documentaire à son sujet, « Based on a true story », a remporté un Emmy international (un prix décerné par la critique).
En 2003, un autre recueil de nouvelles de Keret, Anihu, n’avait pu prétendre au prix Sapir, les règles du concours exigeant un minimum de 60 000 mots. Cette règle a depuis été abolie.
D’autres auteurs, comme Amos Oz, récemment décédé, Aharon Appelfeld, A.B. Yehoshua et Meir Shalev ont refusé d’y soumettre leurs livres, estimant que le prix n’était décerné qu’à des best-sellers.
Faux pas au bord de la Galaxie, qui a été publié par Kinneret Zmora-Bitan Dvir, présente 24 histoires courtes écrites dans le langage devenu la signature de Keret et s’interrogeant souvent sur la société israélienne – que ce soit en ce qui concerne la commémoration de la Shoah, l’euthanasie ou la solitude.
Le président Reuven Rivlin a félicité Keret pour cette distinction.
« Vous nous faites la démonstration qu’une littérature innovante peut être incarnée par les mots de tous les jours et combien si peu de mots et tant de cœur peuvent cohabiter ensemble avec bonheur », a-t-il écrit sur Twitter.
Keret a déclaré que les prix littéraires israéliens étaient beaucoup plus importants pour lui que les prix reçus à l’étranger.
« C’est la langue dans laquelle j’écris, c’est là où je vis et c’est le plus important », a-t-il commenté.