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Face aux actes de vandalisme, les restaurants juifs américains trouvent un soutien

L'antisémitisme, aux États-Unis et dans le monde, a explosé depuis le massacre perpétré, le 7 octobre, par le Hamas - et les restaurants soutenant Israël ou tenus par des Juifs n'ont pas été épargnés

Le restaurant Pita Grill, dans l'Upper East Side de Manhattan, a été attaqué à la fin du mois de novembre 2023. La police ne croit pas à un crime de haine. (Crédit : Twitter/X via JTA)
Le restaurant Pita Grill, dans l'Upper East Side de Manhattan, a été attaqué à la fin du mois de novembre 2023. La police ne croit pas à un crime de haine. (Crédit : Twitter/X via JTA)

JTA — Un samedi à la fin du mois de novembre, des voyous ont cassé la porte d’entrée du restaurant casher Pita Grill, situé dans l’Upper East Side, et ils ont volé des vélos électriques qui se trouvaient devant l’établissement.

La police a rapidement conclu qu’il ne s’agissait pas d’un crime de haine, mais d’un regrettable acte de délinquance ordinaire. Le restaurant était fermé pour Shabbat au moment des faits. Mais la rumeur d’une attaque antisémite contre cet établissement qui propose des mets moyen-orientaux s’est rapidement propagée. Des influenceurs juifs de premier plan ont partagé des vidéos de l’attaque sur les réseaux sociaux, demandant à leurs abonnés d’apporter leur soutien. Ils ont répondu en grand nombre à cet appel de solidarité.

« On ne peut jamais savoir ce que sont les motivations des gens et si leurs intentions, c’était : ‘Tiens, un restaurant casher, il y a même des vélos électriques, je vais en profiter en cassant, en volant parce que c’est vraiment une bonne cible’, » commente Elan Kornblum, créateur du groupe Great Kosher Restaurant Foodies sur Facebook, une page qui réunit 8 000 adonnés, auprès de la Jewish Telegraphic Agency.

« On est là, à se promener dans la rue, à penser que des gens nous veulent du mal et que s’il y a un crime, c’est forcément un crime antisémite », ajoute-t-il. « On est tous vraiment à cran ».

Le Pita Grill, qui n’a pas répondu aux demandes de réaction de la JTA, fait partie d’une série de restaurants casher qui, dans tout le pays, ont connu un véritable élan de solidarité suite à des actes de vandalisme ou d’intrusions depuis le massacre qui a été commis par le Hamas dans les communautés du sud d’Israël – et qui a entraîné une montée en flèche des incidents antisémites dans le monde.

Lors de l’assaut du Hamas – qui a déclenché la guerre qui oppose actuellement Israël et le groupe terroriste dans la bande de Gaza – 3 000 terroristes avaient franchi la frontière depuis l’enclave côtière et ils avaient tué 1 200 personnes dans le sud d’Israël – des civils en majorité. Certaines avaient été exécutées, d’autres brûlées vives ou violées. Les hommes armés avaient enlevé 240 personnes qui avaient été prises en otage.

La police a conclu que certains de ces incidents survenus dans les restaurants casher américains relevaient du crime de haine, et que d’autres non. D’autres cas font encore l’objet d’une enquête.

Certains de ces incidents sont clairement antisémites, par nature. Une série d’attaques a ainsi attiré l’attention au cours de ces deux derniers mois. Une croix gammée a été peinte à la bombe sur le 2nd Avenue Deli, un restaurant casher de l’Upper East Side, à Manhattan, à la fin du mois d’octobre. Le Canter’s Deli, à Los Angeles, a connu le même acte de vandalisme, ce qui a déclenché une enquête pour crime de haine au sein du Département de la police de Los Angeles. Au début du mois, des manifestants pro-palestiniens, à Philadelphie, ont accusé un restaurant de falafel de « génocide ».

D’autres attaques relèvent d’une zone grise, où la question de l’antisémitisme se pose à travers le regard subjectivement porté sur les faits. Le Caffe Aronne, situé également dans l’Upper East Side, a connu un bond en termes de fréquentation après des informations ayant laissé entendre que ses serveurs avaient démissionné en masse en raison de la guerre – même si ce qui s’est réellement passé semble être plus obscur.

Des clients prenant d’assaut le Caffe Aronne, dans l’Upper East Side, après des informations ayant laissé entendre que les serveurs avaient démissionné en raison des activités pro-israéliennes de l’établissement, le 7 novembre. (Crédit : Luke Tress via JTA)

Et un symbole qui comprenait une croix gammée a été tagué sur un restaurant proposant des pizzas casher à Skokie, dans l’Illinois. La police a ultérieurement estimé que ce n’était pas un crime de haine dans la mesure où le symbole appartenait à un gang, les Maniac Latin Disciples, fondé dans les années 1960 par un individu qui se faisait appeler Albert « Roi Hitler » Hernandez. L’établissement n’a pas répondu aux demandes de commentaire de la JTA.

Au Sushi Tokyo, un restaurant casher situé dans le quartier Chelsea de Manhattan, un vandale a lancé une chaise sur un serveur qui portait la kippa et il a brisé la fenêtre d’une salle aménagée pour les clients, à l’extérieur du restaurant. L’enquête est encore en cours mais une cliente dit avoir ressenti une peur palpable, là-bas.

« J’ai remarqué que tout le monde porte une casquette et cache sa kippa, quelque chose que les gens ne feraient pas en temps normal », dit Adie Horowitz, qui est allée dîner au Sushi Tokyo avec un ami suite à cet acte de vandalisme pour exprimer son soutien.

Rachel Sass, analyste au sein du Centre sur l’extrémisme de l’ADL, explique que l’expérience personnelle que peuvent avoir les Juifs de l’antisémitisme ne correspond pas toujours aux conclusions déterminées par les forces de l’ordre. Même si un incident n’est pas un crime de haine, dit-elle, il peut toutefois être perçu en tant que tel.

« Nous tentons de voir, d’entendre les sentiments de notre groupe – nous considérons que ce groupe, ce sont toutes les communautés juives des États-Unis – et de les représenter au mieux », s’exclame-t-elle. « Nous nous efforçons de réellement entendre, de refléter et de valider les sentiments de ces gens et ce, même si, dans certains cas, ils tirent d’autres conclusions que celles qu’ont pu tirer la police ».

Dans certains cas, les restaurateurs ont indiqué que les enquêteurs avaient rapidement rejeté les éléments laissant penser à un crime antisémite. Début novembre, le Taste of Tel Aviv, un restaurant de Houston, a subi ce que la police a estimé être un cambriolage qui ne ressemblait nullement, selon elle, à un crime de haine.

« Sur la base de l’enquête préliminaire et du réexamen des éléments de preuve, il apparaît que cet incident n’a pas été motivé par la haine », a fait savoir, le 7 novembre, la police de Houston dans une déclaration. « Il s’agirait de l’ouvrage d’un loup solitaire qui a cambriolé le restaurant et qui a essayé de prendre tout ce qui pouvait avoir de la valeur avant de fuir ».

Pourtant, pour les propriétaires du Taste of Tel Aviv, il est indubitable que la haine était bien en jeu. Dans les semaines qui ont précédé l’intrusion, le restaurant avait accroché un grand drapeau israélien et sa gérante, Pamela Baylis, a raconté à la presse locale qu’elle avait aussi été victime d’une alerte à la bombe.

Baylis, qui n’est pas juive et qui est copropriétaire du restaurant avec Gabi Algrably, membre de la communauté, dit à la JTA qu’elle ne pense pas que l’incident ait été un simple cambriolage. Elle dit que l’intrus a détruit des livres de prière, qu’il a volé des kippas, des phylactères et des céramiques fabriquées par les enfants de la ville où figuraient des étoiles de David. Il a aussi uriné dans l’établissement, précise-t-elle.

« L’homme a jeté 578 dollars par terre. Il n’a pas emmené d’argent avec lui. Il a laissé derrière lui toutes les liquidités. Tout ce qu’il a fait, c’est détruire les objets religieux », s’emporte-t-elle. « Il a pris tous les objets que les hommes passent autour de leurs bras et qu’ils se mettent sur la tête ».

Les investigations pour cambriolage sont encore en cours et la Fédération juive locale a indiqué à la JTA qu’elle était en contact avec la police de Houston, lui demandant d’examiner toutes les options – notamment celle d’un éventuel crime de haine. Contactée, la police de Houston n’a pas donné suite à notre demande d’informations supplémentaires sur l’enquête.

« Nous n’avons aucune critique à formuler à l’encontre de la police de Houston ; nous voulons seulement nous assurer qu’elle fait tout ce qui est possible pour enquêter sur les incidents qui sont susceptibles de relever d’un crime de haine », a dit un porte-parole de la Fédération.

Taste of Tel Aviv a aussi connu une série d’avis négatifs sur sa page Facebook – un phénomène connu par plusieurs établissements juifs ou israéliens, depuis le 7 octobre. Sur Google Maps, les trois restaurants Falafel Yoni situés de l’autre côté de la frontière, à Montréal, ont une note moyenne avoisinant les cinq étoiles. Mais, il y a environ cinq semaines, ils ont essuyé un afflux d’avis à une étoile – environ une vingtaine en un ou deux jours, raconte le copropriétaire de l’enseigne, Yoni Amir.

Au moins une de ces critiques – elles ont été supprimées par Google après avoir été signalées – faisait état de plats « sans saveur » tout en accusant le restaurant de vouloir faire passer des plats palestiniens pour des plats israéliens. « Est-ce vous savez que c’est un plat palestinien, ou est-ce que vous allez vous l’approprier comme vous vous appropriez tout le reste ? », disait l’internaute dans son avis.

Le restaurant de falafel — ainsi qu’une pizzeria appartenant à Amir – a aussi été placé sur de multiples listes d’adresses à boycotter qui ont été publiées en ligne, aux côtés d’autres restaurants appartenant à des Juifs ou à des Israéliens dans le secteur (une liste similaire de « restaurants sionistes » à New York City avait été également compilée sur Google Maps avant d’être supprimée de l’application). Des voyous ont aussi mis des autocollants et des affiches sur la vitrine de Falafel Yoni, accusant de génocide ses propriétaires.

Des soutiens israéliens au Golden Dolphin Diner d’Huntington, à New York, après un appel au boycott. (Crédit : Facebook)

« La seule raison pour laquelle mes restaurants sont pris pour cible, c’est parce que A, je suis né en Israël et parce que B, je suis Juif », déplore Amir auprès de la JTA. « Il n’y a aucune autre raison – rien d’autre, que ce soit un positionnement politique ou quelque chose comme ça – qui distingue mon restaurant du restaurant voisin qui, pour sa part, n’a pas été visé par les colleurs d’affiche ».

Sass déclare que lorsqu’elle observe les différentes attaques commises contre les restaurants, elle tente « de se baser sur les faits » dans ses évaluations. Mais elle ajoute que déterminer quelles actions sont clairement antisémites et quelles actions ne le sont pas peut être difficile compte-tenu des émotions et des sensibilités qui sont en jeu.

« L’expérience de l’antisémitisme peut être quelque chose de très subjectif », dit-elle. « C’est important que les gens ressentent une validation de la part d’autrui quand ils font l’expérience de ce type de préjudice ».

L’équipe du Times of Israel a contribué à cet article.

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