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« Il a tort » : Netanyahu rejette les critiques de Biden et se dit soutenu par les Israéliens

Après que le président américain a estimé qu'il faisait "plus de mal que de bien" à Israël, Netanyahu a indiqué que le public ne voulait pas de l'Autorité israélienne à Gaza et il a juré d'élargir la campagne à Rafah

Lazar Berman est le correspondant diplomatique du Times of Israël

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu à Tel Aviv, le 29 février 2024. (Crédit : Nimrod Klikman/POOL)
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu à Tel Aviv, le 29 février 2024. (Crédit : Nimrod Klikman/POOL)

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a répondu ouvertement et directement aux critiques cinglantes émises à son encontre par le président américain Joe Biden, samedi. Il a affirmé que Biden avait « tort » lorsqu’il l’accusait de faire « plus de mal que de bien » à l’État juif par la manière dont il a pris en charge la guerre contre le Hamas à Gaza.

Répondant aux propos tenus par le président américain sur MSNBC, Netanyahu a expliqué à Politico que « je ne sais pas exactement ce qu’a voulu dire le président – mais s’il veut dire que je mène des politiques privées qui vont à l’encontre du désir de la majorité des Israéliens, et que cela porte atteinte aux intérêts d’Israël, alors il a tort – et à ces deux niveaux ».

« Ce ne sont pas des politiques personnelles seulement », a continué Netanyahu. « Ce sont des politiques qui sont soutenues par une écrasante majorité des Israéliens ».

Des paroles qui semblent être un rejet direct du message qu’a tenté de transmettre la Maison Blanche qui, par les paroles prononcées par le président, a apparemment souhaité faire part de son mécontentement à l’égard de Netanyahu tout en réaffirmant son fort soutien à l’État juif – prenant soin de mettre l’accent sur les différences entre la population israélienne et son Premier ministre.

Une idée qui a été soulignée par la vice-présidente Kamala Harris, qui a indiqué samedi qu’il était déterminant de ne pas confondre le gouvernement et le peuple en Israël.

Netanyahu a aussi laissé entendre qu’il bénéficiait du soutien discret des pays arabes, qui considèrent le groupe terroriste, soutenu par l’Iran, comme une menace. Il n’a cité aucun de ces pays.

« Ils comprennent et ils approuvent même discrètement », a-t-il affirmé. « Ils comprennent que le Hamas fait partie de l’axe terroriste iranien ».

Un communiqué émis par le Bureau de Netanyahu, lors de la diffusion de l’interview filmée, dimanche, établissait clairement dans son titre que la vidéo était une réponse directe faite par Netanyahu à Biden. Par ailleurs, des déclarations faites par Netanyahu qui ont été ultérieurement reprises par Politico étaient absentes la séquence initiale partagée par le Bureau. Parmi ces déclarations, livrées apparemment en exclusivité à Politico, le Premier ministre jure notamment de ne pas écouter les mises en garde émises à l’international face à une invasion de Rafah, une ville du sud de Gaza.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu s’entretient avec Politico, le 10 mars 2024. (Capture d’écran ; utilisée conformément à l’article 27a de la loi sur les droits d’auteur)

Un responsable israélien a indiqué, dimanche après-midi, au Times of Israel que la décision prise par Netanyahu d’accorder un entretien à Politico fait suite au discours sur l’état de l’Union qui a été prononcé par Biden, jeudi. A cette occasion, le président avait averti que l’aide humanitaire à Gaza « ne saurait être une considération secondaire ou une monnaie d’échange », il avait déploré le fait que « plus de 30 000 Palestiniens » tués à Gaza n’étaient pas des membres du Hamas et il avait souligné que « la seule solution réelle » au conflit israélo-palestinien était « une solution à deux États ».

Netanyahu a déclaré à Politico que les Israéliens « disent que la dernière chose à faire, c’est d’installer l’Autorité palestinienne à Gaza », ajoutant que les citoyens, au sein de l’État juif, soutiennent son positionnement qui est que « nous devons rejeter de manière retentissante la tentative de nous faire avaler de force un état palestinien ».

« La majorité des Israéliens comprennent que si nous ne faisons pas cela, la seule chose que nous allons gagner, c’est une répétition du massacre du 7 octobre – ce qui est mauvais pour Israël, mauvais pour les Palestiniens et mauvais pour l’avenir de la paix au Moyen-Orient », a continué Netanyahu.

Le responsable israélien a précisé que le Bureau de Netanyahu pense que Biden et ses aides lisent Politico, et que ce média en particulier a donc semblé être un moyen approprié de répondre aux propos tenus par le président américain.

Le président américain Joe Biden interviewé par MSNBC, le 9 mars 2024. (Crédit : Capture d’écran MSNBC)

Dans son interview cinglante rendue publique samedi par MSNBC, Biden a souligné les vives inquiétudes des États-Unis concernant les morts de civils à Gaza. Il a affirmé que le Premier ministre Benjamin Netanyahu faisait plus de mal que de bien à Israël et à ses intérêts et il a qualifié de « ligne rouge » l’incursion prévue par l’armée israélienne dans Rafah, dans le sud de la bande de Gaza. Il a également ajouté que les États-Unis ne cesseraient pas de fournir des armes et notamment concernant le réapprovisionnement du système de défense antiaérienne du Dôme de fer « qui protège » les Israéliens – mais sans promettre de maintenir les livraisons en armements offensifs.

Netanyahu a aussi rejeté ces paroles sur Rafah, disant à Politico que « nous irons là-bas ».

« Nous n’allons pas partir. Vous savez, j’ai une ligne rouge. Vous savez ce qu’est cette ligne rouge : c’est que le 7 octobre ne puisse jamais se reproduire. Qu’il ne puisse jamais se reproduire », a-t-il répété. Il a ajouté qu’il ne croyait pas que les négociations portant sur une trêve et sur une libération des otages détenus à Gaza seraient fructueuses mais il a prédit que les combats s’achèveraient dans deux mois, a ajouté le site d’information.

« Peut-être six semaines, peut-être quatre », a-t-il continué.

Des Palestiniens dans les décombres d’immeubles touchés par une frappe israélienne à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 10 mars 2024. (Crédit :Mohammed Abed/AFP)

De multiples informations, ces dernières semaines, ont laissé entendre que Biden était exaspéré par Netanyahu. Il aurait notamment qualifié le Premier ministre de « connard » en privé à plusieurs occasions.

Biden a dit à ses conseillers être frustré par sa propre « incapacité à persuader Israël de changer sa tactique militaire à Gaza », selon NBC News.

Il a ouvertement dénoncé la coalition de la droite dure de Netanyahu et il a exprimé de manière de plus en plus ouverte son mécontentement face à l’absence de volonté, de la part du gouvernement de Netanyahu, d’ouvrir un plus grand nombre de postes-frontières, ce qui permettrait un meilleur acheminement des aides humanitaires à Gaza. Dans son discours de l’état de l’Union, il a annoncé son projet de construction d’un port temporaire, sur la côte, pour faciliter la délivrance directe de l’assistance humanitaire.

Selon Politico, Netanyahu a affirmé que cette initiative de transport maritime des aides humanitaires à Gaza était son idée et il a nié la faim qui toucherait la population de Gaza, ce dont témoignent par ailleurs les organisations locales et internationales.

Sur cette image obtenue par le Commandement central américain (CENTCOM), le personnel militaire chargeant de l’aide humanitaire dans des avions C-130 de l’armée de l’air américaine dans un lieu non divulgué, dans le cadre d’une opération conjointe américano-jordanienne, le 5 mars 2024. (Crédit : CENTCOM/AFP)

Les critiques émises par Biden dans son interview sur MSNBC ont aussi reflété sa frustration de plus en plus grande suite à un incident survenu le 29 février, où des dizaines de Palestiniens étaient morts alors qu’ils tentaient d’accéder aux aides humanitaires, à Gaza City, où l’anarchie règne.

Il est aussi exaspéré par le rejet, par Netanyahu, d’accords que le président considère comme des victoires pour l’État juif, comme la normalisation des liens avec l’Arabie saoudite en échange d’initiatives prises en faveur de l’établissement d’un état palestinien.

Le Washington Post avait fait savoir, au mois de février, que les Américains et plusieurs de leurs partenaires arabes étaient en train de préparer un plan de paix entre Israël et les Palestiniens qui était assorti « d’un calendrier strict » pour la fondation d’un état palestinien.

Des soldats interviennent dans le complexe résidentiel de Hamad, à Khan Younès, à Gaza, sur une photo autorisée à publication le 10 mars 2024. (Crédit : Armée israélienne)

Ce plan, tel qu’il est prévu, commencerait par une trêve prolongée garantie par un accord de libération des otages – une trêve suivie par l’aide apportée dans la reconstruction de Gaza par les pays arabes parties prenantes. Il envisage ensuite le retour d’une Autorité palestinienne (AP) restructurée pour gouverner l’enclave ; la normalisation des liens entre l’Arabie saoudite et Israël, la création d’une voie vers un État palestinien et le renforcement d’un alignement régional plus large contre l’Iran.

Le gouvernement de Netanyahu insiste, pour sa part, sur le fait que les combats ne pourront pas prendre fin avant que le Hamas ne soit complètement détruit, ce qui nécessite une opération militaire à Rafah. Il refuse également toute présence de l’Autorité palestinienne dans le système de gouvernance à Gaza, après la guerre, notant que Ramallah n’a pas condamné le massacre commis par le groupe terroriste du Hamas sur le sol israélien, le 7 octobre. Les hommes armés avaient tué environ 1200 personnes et ils avaient enlevé 253 personnes, prises en otage au sein de l’enclave côtière.

Les principaux collaborateurs de Biden ont averti en début de semaine le ministre de la guerre en visite, Benny Gantz, que Jérusalem pourrait bien finir par occuper indéfiniment la bande de Gaza sans aucune aide de la communauté internationale si elle ne commence pas à proposer une alternative viable au groupe terroriste palestinien du Hamas.

Malgré les fissures qui sont de plus en plus visibles, l’administration Biden continue à insister sur le droit à l’auto-défense d’Israël contre le Hamas et elle s’est abstenue de soutenir ouvertement un cessez-le-feu permanent avant le renversement du groupe terroriste et la remise en liberté de tous les otages.

Le président Joe Biden serre des mains après avoir prononcé son discours de l’état de l’Union au sein d’une session conjointe du Congrès, au Capitole, à Washington, le 7 mars 2024. (Crédit : Shawn Thew/Pool via AP)

L’interview avec Biden a été diffusée quelques heures après un entretien accordé par la vice-présidente Kamala Harris à CBS, où elle prenait soin d’établir la distinction entre les Israéliens et leur gouvernement, disant qu’il ne fallait pas confondre les deux.

Les Israéliens méritent la sécurité et les États-Unis continueront à « défendre la sécurité d’Israël et de son peuple », avait déclaré Harris à la chaîne CBS lorsqu’on lui a demandé si Jérusalem risquait de perdre le soutien de Washington pour sa gestion de la guerre à Gaza, déclenchée par l’attaque terroriste du Hamas en Israël le 7 octobre.

« Il est important pour nous de faire la distinction, ou du moins de ne pas confondre le gouvernement israélien et le peuple israélien. Le peuple israélien a droit à la sécurité, tout comme les Palestiniens. Dans la même mesure », avait ajouté la vice-présidente.

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