Fin de la Liste arabe unie : un nouveau défi pour l’avenir de la politique arabe
Dans une série d'articles et de vidéos avant le 9 avril, l'Institut israélien pour la démocratie se penche sur ce qui se trame derrière le prochain scrutin ; voici le 5e thème

La société arabe en Israël n’est pas une communauté politique ou idéologique homogène, mais plutôt une mosaïque composée de quatre courants principaux : arabe-israélien (sioniste), arabo-juif non sioniste (communiste), islamique et nationaliste. Le courant arabe-israélien est représenté dans les partis politiques juifs-sionistes (à droite et à gauche), et les trois autres courants étaient représentés à la Knesset sortante par la Liste arabe unie.
Les trois courants qui composent la Liste arabe unie soulignent chacun l’identité palestinienne de la communauté arabe, mais diffèrent dans certains aspects de leur vision du monde. Alors que le courant nationaliste met l’accent sur la composante nationaliste palestinienne de l’identité de la minorité arabe, le courant islamique met l’accent sur la composante religieuse, et le courant arabo-juif croit en l’union des forces arabes et juives dans un activisme social.
Les citoyens arabes participent aux élections à la Knesset depuis la création d’Israël. Dans l’ensemble, leurs habitudes de vote peuvent être divisées en trois grandes périodes de temps.
Premièrement, de 1949 à 1973 (de la 1ère à la 8e Knesset), le taux de participation moyen des électeurs arabes était supérieur à la moyenne nationale (86 % contre 81 %), principalement en raison de l’administration militaire qui a été imposée aux localités arabes entre 1948 et 1966 et a encouragé un vote arabe massif pour les partis sionistes aux élections à la Knesset.
Au cours de la deuxième période, de 1977 à 1992 (9e à 13e Knesset), la controverse sur les avantages de la participation aux élections nationales s’est intensifiée à mesure que le niveau de conscience politique des citoyens arabes s’est accrue. Au cours de cette période, le taux de participation moyen aux élections dans le secteur arabe a diminué, s’élevant à 72 %.
La troisième période, de 1996 à 2013 (14e à 19e Knesset), a été caractérisée par une aliénation croissante entre Israël et ses citoyens arabes, en partie à la suite du déclenchement de la Seconde Intifada en Cisjordanie et dans la bande de Gaza en septembre 2000. La participation électorale moyenne dans le secteur arabe lors des campagnes électorales organisées après le déclenchement de la Seconde Intifada n’a été que de 57 %.
Les élections de 2015 (20e Knesset) ont marqué un tournant dans l’engagement politique arabe. Les quatre principaux partis représentant la communauté arabe se sont unis en un seul bloc – la Liste arabe unie. En conséquence, la Knesset est redevenue une arène politique pertinente pour la plupart des citoyens arabes et, en 2015, le taux de participation moyen dans le secteur arabe a atteint 64 %, mais sans changement dans les habitudes de vote. La majorité (82 %) des citoyens arabes ont voté pour la Liste arabe unie.
La Liste arabe unie a connu un succès sans précédent, remportant 13 sièges à la Knesset, le plus grand nombre de sièges que les principaux partis représentant les citoyens arabes aient jamais remporté au total. La Liste arabe unie est devenue la troisième plus grande faction de la Knesset et a prouvé que « le tout est plus grand que la somme des parties ».
Cependant, cette alliance politique n’a pas toujours été sans heurts. Elle a notamment été confrontée à une grave crise sur la question de la rotation de ses membres, ce qui a provoqué de graves troubles internes pendant près d’un an. Trois mois avant le jour des élections de 2019, le député Ahmad Tibi a annoncé que son parti, Taal (Mouvement arabe pour le changement), allait se retirer de la Liste arabe unie.
Le retrait de Taal de la Liste arabe unie a plongé la politique locale de la communauté arabe israélienne dans une crise. Finalement, la Liste arabe unie s’est désintégrée et ses quatre composantes se sont regroupées en deux petites listes bipartisanes qui se disputeront le vote arabe le jour du scrutin : la Liste arabe unifiée, représentant le Mouvement islamique, a créé une liste avec Balad, tandis que Hadash a uni ses forces avec Taal.
L’avenir de la politique arabe en Israël dépendra de deux facteurs : ces deux listes concurrentes seront-elles en mesure de préserver un discours démocratique et constructif dans leur campagne électorale et de convaincre les citoyens arabes de voter et de renouveler leur confiance aux dirigeants politiques arabes.