Focus sur les infrastructures pétrolières et gazières de l’Iran, notamment celles ciblées par Israël
L'armée de l'air israélienne a frappé la plus grande réserve de gaz iranienne, à 160 km de la réserve qatarie ; à cause des sanctions et des contraintes techniques, l'Iran le consomme presque totalement

DOHA, Qatar – Samedi, Israël a bombardé des infrastructures du gisement gazier iranien de South Pars, dans ce qui est considéré comme la première attaque contre les installations pétrolières et gazières de l’Iran dans le cadre de ce que le gouvernement israélien a présenté comme une opération destinée à empêcher Téhéran de se doter de l’arme atomique.
L’Iran a partiellement suspendu la production sur le gisement de South Pars, partie iranienne de la plus grande réserve de gaz naturel au monde, qui se trouve sous le Golfe, et que le pays partage avec le Qatar, premier exportateur de gaz.
Samedi, Israël a bombardé un dépôt de carburant à Téhéran ainsi qu’une raffinerie de pétrole près de la capitale, a annoncé l’Iran, mais les autorités ont indiqué que la situation était sous contrôle.
Israël a fait savoir que le bombardement des infrastructures énergétiques était la riposte aux tirs de missiles iraniens sur des zones civiles de l’État juif.
En sa qualité de troisième producteur de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole, l’Iran extrait près de 3,3 millions de barils par jour de pétrole brut et 1,3 million de barils par jour de condensats et autres liquides, ce qui représente près de 4,5 % des approvisionnements mondiaux.
Le pays produit par ailleurs 962 millions de mètres cubes de gaz par jour, selon le Forum des pays exportateurs de gaz, soit 7 % de la production mondiale.
En raison des sanctions et des contraintes techniques, la quasi-totalité du gaz extrait par Téhéran du gisement de South Pars est destinée à un usage domestique.
Selon les chiffres du Forum des pays exportateurs de gaz, qui regroupe les pays exportateurs de gaz, la production totale de gaz naturel du pays s’est élevée à 266,25 milliards de mètres cubes en 2023, la consommation intérieure représentant 255,5 milliards de mètres cubes. Seulement environ 15,8 milliards de mètres cubes de gaz naturel ont été exportés, explique le Forum.

Les infrastructures iraniennes de production d’hydrocarbures se situent pour l’essentiel dans le sud-ouest du pays, dans la province du Khuzestan pour le pétrole et celle de Bushehr pour le gaz et les condensats issue du gisement géant de South Pars. Il exporte 90 % de son pétrole brut via l’île de Kharg.
Les bombardements de samedi ont touché quatre unités de la phase 14 de South Pars, situées à environ 200 kilomètres des infrastructures gazières du Qatar : nombre d’entre elles sont des entités multinationales composées de grandes entreprises énergétiques étrangères, dont les géants américains ExxonMobil et ConocoPhillips.
Cela fait une trentaine d’années que Doha amasse des fortunes – des centaines de milliards de dollars – en exportant du gaz naturel liquéfié vers les marchés mondiaux.
L’ensemble du gisement contient pas moins de 51 milliards de mètres cubes de gaz utilisable – assez pour subvenir aux besoins du monde pendant 13 ans ou pour produire l’électricité nécessaire aux États-Unis pendant plus de 35 ans.
Les sanctions de 2018 ont quasiment rendu impossibles les exportations
La production de pétrole iranien a atteint son apogée dans les années 1970, avec un record de 6 millions de barils/jour en 1974, selon les chiffres de l’OPEP, soit plus de 10 % de la production mondiale de l’époque.
C’est en 1979 que les États-Unis imposent les premières sanctions à Téhéran et depuis lors, le pays a été la cible de plusieurs vagues de sanctions, américaines comme de l’Union européenne.
Les États-Unis ont renforcé ces sanctions en 2018 une fois que Donald Trump, lors de son premier mandat de président des États-Unis, s’est retiré de l’accord nucléaire. Durant quelques mois, les exportations de pétrole de l’Iran ont été quasi-nulles.

Les exportations ont augmenté régulièrement sous l’administration du successeur de Trump, Joe Biden, les analystes affirmant que les sanctions étaient moins rigoureusement appliquées et que l’Iran parvenait à les contourner.
Grâce à la Chine, les exportations iraniennes sont revenues à leur plus haut niveau depuis plusieurs années
Ces derniers mois, les exportations de brut de l’Iran ont atteint un sommet de 1,8 million de barils/jour, le plus élevé depuis 2018, sous l’effet de la forte demande chinoise.
La Chine ne reconnaît pas les sanctions contre ses partenaires commerciaux. Les principaux acheteurs de pétrole iranien sont des raffineurs privés chinois, dont certains ont récemment été placés sur la liste des sanctions du Trésor américain. Cependant, il y a peu de preuves que cela ait eu un impact significatif sur les flux de l’Iran vers la Chine.
Pendant des années, l’Iran a échappé aux sanctions en effectuant des transferts de navire à navire et en cachant les positions satellites de ses navires.
L’Iran est exempté des restrictions de production de l’OPEP+.
Selon les analystes, l’Arabie saoudite et d’autres membres de l’OPEP pourraient compenser la baisse de l’offre iranienne en utilisant leur capacité de réserve pour pomper davantage.
Toutefois, un certain nombre de producteurs du groupe étant actuellement en train de relever leurs objectifs de production, leurs capacités inutilisées sont toujours plus sollicitées.
L’équipe du Times of Israel a contribué à cet article.
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