France: une tapisserie du XVIIe siècle acquise par Göring désormais exposée à Blois
Le dirigeant nazi avait fait l’acquisition de la tenture auprès d'une antiquaire française connue pour ses échanges commerciaux avec les officiers allemands pendant l'Occupation

Une tapisserie du XVIIe siècle, achetée par Hermann Göring pendant l’Occupation et restée ensuite en Allemagne, a rejoint mardi le Château royal de Blois, dans le centre de la France, pièce finale d’une tenture consacrée à la vie de Pompée.
Remise par l’Allemagne à la France en octobre 2021 après une enquête du ministère de la Culture, « Le cortège triomphal de Pompée » a fait un détour de quelques mois au Louvre à Paris, avant d’être accrochée à Blois. Elle y rejoint cinq autres œuvres d’une tenture à la gloire de l’homme politique romain.
La pièce de laine et de soie, qui fut tissée à Bruges (Belgique) entre 1640 et 1650, mesure 3,50 m de haut sur 4,60 m de large.
« Elle est encore plus belle que je ne le pensais. C’est émouvant. On clôt la série. En plus, c’était le point d’orgue, la plus belle pièce, puisque c’est le retour triomphal » d’Orient, a souligné Morgane Lecareux, conservatrice au Château royal de Blois.
« Les couleurs sont excessivement bien conservées. Le dessin est d’une finesse incroyable, particulièrement les visages », a-t-elle observé.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, Göring avait fait l’acquisition de la tenture complète auprès de Renée Gérard, une antiquaire française connue pour ses échanges commerciaux avec les officiers allemands pendant l’Occupation « et condamnée pour collaboration à la Libération », selon Anne Labourdette, conservatrice au musée du Louvre.

Le dignitaire nazi la destinait à son palais personnel. C’est finalement l’armée américaine qui mettra la main dessus en avril 1945, à Berchtesgaden (Allemagne), l’un des lieux de villégiature d’Hitler.
En 1949, cinq des six tapisseries ont été renvoyées en France, avant d’être exposées à Blois à partir de 1975.
Le triomphe de Pompée, « sans doute en raison d’un faux témoignage d’un proche de Göring » selon Mme Labourdette, n’avait jamais été restituée.
« Nettoyée, dépoussiérée et consolidée » par l’Allemagne, le chef d’oeuvre a ensuite été accroché au ministère allemand des Affaires étrangères, à Bonn puis à Berlin, avant que le ministère français de la Culture ne retrouve sa trace.