Friedman : pas d’évacuations d’implantations dans le plan de paix américain
Arracher des gens à leur maison est "inhumain" et une "source de désastre", a assuré l'ambassadeur américain en Israël à un média pro-implantations
Raphael Ahren est le correspondant diplomatique du Times of Israël

Le plan de paix très attendu de l’administration américaine n’appellera pas à l’évacuation d’un seul résident d’implantation, a assuré mercredi l’ambassadeur américain en Israël, David Friedman, s’attirant ainsi les foudres de Ramallah.
« Après avoir assisté à l’évacuation de Gaza [à l’été 2005], je ne pense pas qu’il soit réaliste de prévoir le départ forcé de qui que ce soit — Juif ou Arabe », a indiqué David Friedman au site internet pro-implantation Israel National News.
« Nous pensons que cela est source de catastrophe. Cela a failli déclencher une guerre civile dans des circonstances moins tendues à Gaza, comparé à la Judée-Samarie », a-t-il justifié, faisant référence au désengagement israélien dans la bande en 2005, qui avait donné lieu au déplacement de 8 000 résidents d’implantation lors d’une opération de plusieurs jours. « Nous ne pensons donc pas que des évacuations forcées soient possibles », a-t-il estimé.
Près de 350 000 Israéliens vivraient dans des implantations en Cisjordanie, et des centaines de milliers d’autres dans des quartiers de Jérusalem-Est, que les Palestiniens revendiquent pour leur futur État.
David Friedman a qualifié l’évacuation de résidents d’implantations de « processus inhumain », confirmant que le plan de paix ne le prévoirait pas.
Il a invoqué « l’effet secondaire » qu’a provoqué le désengagement de Gaza chez de nombreux Israéliens, « la plupart d’entre eux ne sont sûrement jamais allés à Gaza, mais ils se sont sentis viscéralement mal à l’aise avec l’idée d’évacuer des gens de chez eux. Je pense que c’est une mauvaise politique, et ce n’est pas quelque chose que nous défendrions », a-t-il assuré.
Lors de l’entretien, le diplomate a défendu le projet d’implantation, soulignant que la Maison-Blanche n’a « jamais été critique des implantations ».
Le haut responsable de l’Autorité palestinienne, Saeb Erekat, a déclaré que cette interview avec un média pro-implantations réaffirmait « les points communs idéologiques entre l’équipe de Trump et le mouvement d’implantations israélien. Ils souhaitent tous deux que les implantations israéliennes, reconnues comme des crimes de guerre par le droit international qui nient aux Palestiniens le droit à l’auto-détermination, restent à jamais en Palestine occupée ».
Dans un communiqué, Saeb Erekat a appelé la communauté internationale à « prendre des mesures immédiates pour préserver la perspective d’une paix juste et durable contre les tentatives systématiques de l’administration américaine et d’Israël de dénigrer le droit international et perpétuer le déni des droits inaliénables du peuple palestinien ».
Dans une interview publiée en juin par le New York Times, Friedman avait déclaré que l’annexion par Israël de certaines zones de la Cisjordanie serait légitime.
« Sous certaines circonstances, je pense qu’Israël a le droit de conserver une partie – mais probablement pas toute – la Cisjordanie », avait-il ainsi estimé.
S’entretenant avec Arutz Sheva près du mur Occidental, où il participait à la bénédiction traditionnelle de Souccot, David Friedman a fait savoir que Washington attendait « désespérément » qu’un nouveau gouvernement israélien soit formé, après quoi la Maison-Blanche publiera son plan de paix, tout en soulignant qu’il le serait quel que soit le Premier ministre désigné.
L’ambassadeur a également expliqué pourquoi l’administration américaine avait hésité à le divulguer avant la constitution de la coalition gouvernementale.
« En période d’élections, les gens ne pensent pas forcément au long terme », a-t-il indiqué. « Ils pensent à comment se positionner pour attirer les électeurs à court terme. Ce n’est pas le contexte idéal pour discuter de quelque chose d’aussi important, qui a des ramifications à très long terme. »