Le député Moshe Gafni opposé à un 2e mandat du chef de la Banque d’Israël
Ayant qualifié Amir Yaron de "mauvais" chef, l'Institution exhorte le président de la commission des Finances de la Knesset à tenir compte de l’économie dans son ensemble
Sharon Wrobel est journaliste spécialisée dans les technologies pour le Times of Israel.
Le député Moshe Gafni a fustigé lundi la décision du gouvernement de prolonger le mandat du gouverneur de la Banque d’Israël, Amir Yaron, pour un second mandat, la qualifiant de « mauvaise décision ».
Gafni, qui préside la commission des Finances de la Knesset, a critiqué sévèrement le mandat de Yaron qui « nuit aux faibles », est « caractérisé par des hausses continues des taux d’intérêt » et fait peser un fardeau « terrible » sur la population.
« Ce n’est pas un bon gouverneur ; c’est un mauvais gouverneur. Le gouvernement prend une mauvaise décision », a affirmé Gafni.
« Les bénéfices des banques montent en flèche, et d’où vient l’argent des banques ? Des jeunes couples qui contractent des prêts immobiliers. Et je ferai ce qu’il faut pour agir dans ce secteur. »
L’attaque de Gafni intervient après que le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le ministre des Finances Bezalel Smotrich se sont mis d’accord la semaine dernière pour prolonger le mandat de Yaron, qui se termine le 23 décembre, pour une nouvelle période de cinq ans, après des mois de spéculations.
Afin de réduire l’inflation croissante, la Banque d’Israël a régulièrement augmenté ses taux d’intérêt au cours des 19 derniers mois, passant d’un plancher record de 0,1 % en avril 2022 à 4,75 % en juillet de cette année, bien qu’elle ait depuis interrompu les augmentations, ce qui a fait grimper les coûts d’emprunt. La charge d’intérêt élevée avait déjà fait des ravages parmi les ménages et les détenteurs de prêts immobiliers avant même le déclenchement de la guerre. La Banque d’Israël devrait maintenir ses taux d’intérêt inchangés pendant un mois supplémentaire, dans une décision qui devrait être annoncée lundi après-midi.
En réaction à Gafni, la Banque d’Israël a publié une réponse mettant en garde le législateur.
« Les hausses de taux d’intérêt ont empêché l’économie israélienne de sombrer dans une inflation galopante qui affecte principalement les couches les plus faibles de la population », a déclaré la Banque centrale dans un communiqué. « Sans elles, l’inflation aurait frappé des racines profondes, et de nombreuses familles, ainsi que de nombreuses entreprises, auraient été encore plus endommagées au fil du temps. »
La Banque d’Israël a appelé Gafni, en tant que président de la commission des Finances, à prendre en compte « l’interêt de l’ensemble de l’économie, à se familiariser avec les fondements de l’économie et avec ce qui se passe à en dehors d’Israël ».
« Il découvrirait alors que les actions et les mesures prises par la Banque d’Israël et le gouverneur pour faire face à l’inflation, au coronavirus et à la guerre sont louées par tous les professionnels internationaux », a déclaré la Banque centrale.
D’éminents économistes, dont d’anciens hauts fonctionnaires de la Banque d’Israël et du ministère des Finances, ainsi que des acteurs des marchés financiers, qui considèrent Yaron comme une figure stabilisatrice, ont fait pression ces dernières semaines sur le gouvernement pour qu’il prolonge son mandat – d’autant plus que la période de guerre est compliquée.
« Il est tout aussi important que le dialogue entre la Knesset et le gouvernement, et les institutions publiques telles que la Banque d’Israël, soit professionnel et respectueux, et ne soit pas mené par un discours toxique et diviseur, ce qui est évidemment inapproprié en ce moment », a ajouté la Banque d’Israël.
Ce n’est pas la première fois que Gafni critique la politique monétaire de la Banque d’Israël. Au déclenchement de la guerre, Gafni a exhorté Yaron à réduire les taux d’intérêt afin d’alléger le fardeau des particuliers et des entreprises touchés par les combats avec le groupe terroriste palestinien du Hamas.
À la fin de l’année dernière, Gafni avait proposé un projet de loi privé visant à geler les taux des prêts immobiliers, les coûts d’emprunt ne cessant pas d’augmenter.