Gallant ne fait pas de distinguo entre les soldats combattants féminins et masculins
Le ministre de la Défense a affirmé que les femmes participent à la défense du pays à tous les niveaux, en réponse aux voix conservatrices qui ont dénoncé le service mixte
Le ministre de la Défense, Yoav Gallant, a réagi mercredi aux critiques qui ont refait surface ces derniers jours au sujet des soldates et des unités militaires mixtes.
La controverse a éclaté après qu’un policier égyptien a tué trois soldats des bataillons mixtes d’infanterie légère Bardelas et Caracal à la frontière au cours du week-end dernier. Les deux premières victimes étaient un soldat et une soldate qui avaient monté la garde ensemble dans la nuit de vendredi à un poste de l’armée israélienne.
Plusieurs personnalités médiatiques et politiques de droite ont dénoncé cette mixité, notamment en faisant allusion à des irrégularités de la part des soldats. Ces commentaires ont suscité l’indignation des familles, des politiciens de l’opposition et d’une grande partie de l’opinion publique.
« Les soldats féminins et masculins de Tsahal sont les mêmes. Selon moi, il n’y a pas de différence entre les hommes et les femmes », a déclaré Gallant, s’exprimant en séance plénière de la Knesset, bien qu’il ait noté quelques exceptions dans certaines unités.
« Nous avons des femmes pilotes, des femmes marins, des femmes commandants, des femmes combattantes », a-t-il déclaré. « Nous avons des formations entières au sein de Tsahal dans lesquelles les femmes jouent un rôle central dans la défense des frontières. Les commandantes prennent des décisions quotidiennes pour déjouer les terroristes. »
« Je suis très fier des combattantes de Tsahal et de ce qu’elles font », a ajouté Gallant, précisant que sa fille était une combattante de Tsahal dans le bataillon Caracal.
Dimanche, le correspondant militaire de la Quatorzième chaîne – une chaîne de télévision qui a adopté une position de droite non dissimulée – Hallel Bitton Rosen, a déclaré à l’antenne que « mettre un soldat et une soldate seuls pendant 12 heures la nuit… est problématique ».
בערוץ המורשת שומרים על כבוד הלוחם והלוחמת שנהרגו. לכו תדעו מה היה שם לפני. pic.twitter.com/QbpRSBYxY0
— Yosef Yisrael (@yosefyisrael25) June 4, 2023
« C’est un manque de professionnalisme et une honte pour les valeurs de l’armée, et c’est motivé par les agendas fous de la gauche », a ajouté le modérateur de la table ronde, Boaz Golan.
Plus tard dans la soirée, l’éditorialiste de la chaîne, Yinon Magal, a fait une remarque similaire. « J’entends parler d’une atmosphère de fête, notamment dans ces bataillons, à propos de toute la question de la mixité. »
Bitton Rosen a nié avoir insinué un comportement inapproprié et a accusé ses détracteurs de diffamation. Il a déclaré que ses plaintes concernaient uniquement les longues gardes de nuit, même si ses collègues et les députés de la coalition ont manifestement compris sa remarque de la même manière que ses détracteurs. « Il est irresponsable de faire une chose pareille », a-t-il ajouté au cours de l’émission. « Disons qu’il s’agit de deux hommes ou de deux femmes – 12 heures, seuls, à la frontière, sans contact ? »
La deuxième autorité de régulation de la télévision et de la radio a ouvert une enquête préliminaire à l’encontre de la Quatorzième chaîne après avoir reçu plus de 2 000 plaintes du public lundi après-midi. L’enquête pourrait aboutir à une amende pour la chaîne.
Plusieurs membres de la coalition de droite ont exprimé leur soutien aux accusations portées par certains membres du personnel de la chaîne.
Au cours de l’émission de dimanche, la Quatorzième chaîne a reçu le député Zvi Sukkot (HaTzionout HaDatit) qui a déclaré qu’il était d’accord avec « chaque mot » de Bitton Rosen et qu’il était « inacceptable que, sous notre surveillance, ces programmes de gauche persistent au sein de l’armée ». Il a ajouté que « ces choses doivent changer » – une référence apparente aux bataillons mixtes en général ou à l’affectation de soldats masculins et féminins ensemble lors des tours de garde.
« Cette situation, où un homme et une femme sont ensemble dans un même lieu, doit être examinée d’un point de vue opérationnel et social », a déclaré au site d’information Ynet mardi, le député Ariel Kallner, du Likud, le parti du Premier ministre Benjamin Netanyahu.
Il a toutefois noté que « d’après l’enquête initiale de Tsahal, il semble qu’il n’y ait pas de lien » entre la question de la mixité et la mort des deux soldats.
Le député Danny Danon (Likud) a déclaré à Ynet qu’il ne voyait « aucun problème à une garde assurée conjointement par un soldat et par une soldate ».
Lundi, la sœur de la sergente Lia Ben Nun, 19 ans — la soldate qui a perdu la vie aux côtés de son camarade Ori Yitzhak Iluz, un sergent âgé de 20 ans – a condamné la chaîne lors de déclarations faites devant les journalistes pendant la shiva, la période de deuil traditionnelle observée par la famille.
Ofir Ben Nun a indiqué que son grand-père avait été particulièrement blessé par ces propos. « Grand-père a dit que quelqu’un, sur la Quatorzième chaîne, avait déclaré : ‘Comment ont-ils pu mettre un homme et une femme dans le même poste de garde ? Il a dû se passer quelque chose, c’est sûr. La personne qui a prononcé ces mots devrait avoir honte’. »
Elle a ajouté que malgré tout, la famille restait concentrée sur sa douleur. « Ce n’est tout simplement pas le plus important en ce moment. Elle n’est plus là. Le reste n’est pas intéressant. Le résultat final est le même. »
La cheffe du parti Avoda, Merav Michaeli, a consacré une grande partie de son discours au début de la réunion de faction de son parti lundi à cette question, déclarant que « les médias de la coalition voient un jeune homme et une jeune femme seuls, la nuit, en train de monter la garde, et ils ne pensent qu’au sexe. Pas la responsabilité, pas le service, pas le courage, pas la camaraderie. Juste le sexe ».
« L’immonde machine à poison de la coalition n’éprouve aucune honte à les insulter, à insulter leur mémoire », a déclaré Michaeli, faisant référence à la Quatorzième chaîne, très étroitement liée au Premier ministre Benjamin Netanyahu et à son gouvernement de droite, d’extrême-droite et religieux. « Honte à cette chaîne et honte au pays », a-t-elle ajouté.