Gallant s’en prend publiquement à Netanyahu après un rapport cinglant sur le drame de Meron
« La prise de responsabilité est la source de l'autorité », a déclaré le ministre, en invitant, avec Halevi, les Haredim à rejoindre Tsahal pour la renforcer et accroître la cohésion sociale
Le ministre de la Défense, Yoav Gallant, a semblé s’en prendre jeudi au Premier ministre Benjamin Netanyahu lors d’un discours abordant les mérites d’une direction solide et du sens des responsabilités.
« La capacité à diriger consiste en trois choses : l’engagement envers sa mission, l’exemplarité et la certitude bien ancrée que la prise de responsabilité est la source de l’autorité », a déclaré Gallant lors d’une cérémonie de remise des diplômes aux cadets de l’école des officiers de Tsahal dans le sud d’Israël, plus connue sous le nom de Bahad 1.
Netanyahu, qui refuse d’endosser la responsabilité directe des failles des autorités qui ont conduit au massacre du 7 octobre, a tendance à se retourner contre les médias israéliens face au mécontentement né de la gestion de la guerre contre le Hamas par le cabinet de guerre.
Mercredi, une commission d’enquête de l’État a conclu à la responsabilité personnelle de Netanyahu dans la catastrophe du mont Meron, en avril 2021, au cours de laquelle 45 personnes sont mortes dans un mouvement de foule sur la tombe d’un sage du IIe siècle, au sommet d’une colline dans le nord d’Israël, et ce en dépit des mises en garde répétées sur les failles de sécurité. Aucune sanction contre Netanyahu n’a pour autant été prononcée.
Le parti au pouvoir, le Likud, a rapidement tourné en dérision la mission de cette commission d’enquête, créée par ses rivaux politiques, les ex-Premiers ministres Naftali Bennett et Yair Lapid et présentée comme une « arme politique » contre le Premier ministre.
Lors de son discours de jeudi, Gallant a également parlé de la guerre « difficile » qu’Israël mène sur de nombreux fronts, au nord et au sud comme en des endroits plus « lointains » et « secrets ».
Le Hamas, a-t-il dit, n’a que deux options : « La reddition ou la mort. Il n’y a pas de troisième option. »
« Nous sommes en train d’atteindre nos objectifs de guerre, à savoir le démantèlement des capacités guerrières et politiques du Hamas, et le retour de tous les otages », a-t-il assuré.
« Il s’agit d’un combat pour notre pays et pour nos valeurs, en tant que nation, et pour notre droit d’exister, en tant que société juive et démocratique dans notre pays, notre patrie, l’État d’Israël », a ajouté Gallant.
Il a déclaré qu’Israël avait le devoir moral de continuer à se battre « jusqu’à ce que nous ayons vaincu le Hamas dans toute la bande de Gaza et que nous ayons libéré nos otages ».
Le ministre de la Défense s’est exprimé après Netanyahu, qui a dit qu’Israël livrait « une guerre existentielle » qu’il « [devait] gagner ». Le Premier ministre n’a fait aucune allusion au rapport Meron, qu’il n’a pas encore commenté publiquement.
Netanyahu a dit qu’Israël « frappera [ses] ennemis jusqu’à la victoire totale », expression maintes fois utilisée ces derniers mois lors de la guerre contre le Hamas, qui a commencé le 7 octobre lorsque des milliers de terroristes de Gaza ont envahi le sud d’Israël, tué près de 1 200 personnes et fait 253 otages.
Il a promis d’éliminer le « régime meurtrier du Hamas, d’éliminer les terroristes, de détruire les tunnels » et de poursuivre les auteurs de l’attaque du 7 octobre tout en faisant son possible pour « retrouver les otages ».
Les avancées de l’armée israélienne en vue d’atteindre ses objectifs de guerre tout en minimisant les pertes civiles à Gaza sont remarquables, a déclaré Netanyahu, reprochant de nouveau au Hamas d’utiliser les « civils de Gaza comme boucliers humains » et d’emprunter « des tunnels souterrains s’étendant sur plusieurs kilomètres ».
L’armée israélienne « continuera d’agir contre le Hamas dans tous les recoins de Gaza, y compris à Rafah, ultime bastion du Hamas », a promis le Premier ministre, sous les applaudissements.
« Ceux qui nous disent de ne pas intervenir à Rafah nous demandent de perdre la guerre, ce qui est hors de question », a-t-il ajouté.
« Nos ennemis se sont eux-mêmes attirés [les destructions]. Ceux qui parlaient de toiles d’araignées voient aujourd’hui des lions », a déclaré Netanyahu, dans une allusion au chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, qui avait qualifié Israël de « toile d’araignée fragile » suite au massacre du Hamas le 7 octobre.
Netanyahu a évoqué les pressions internationales sans cesse plus fortes auxquelles Israël fait face pour mettre fin à la guerre, en affirmant qu’Israël résisterait à ces pressions pour faire triompher son objectif, qui est « la victoire totale dans cette guerre ».
« Il y a une pression internationale, et elle s’accroît. Particulièrement lorsque la pression internationale augmente, il nous faut serrer les rangs. Il faut nous unir contre les tentatives de stopper cette guerre », a-t-il expliqué.
Les dirigeants occidentaux devraient comprendre que « lorsque nous vaincrons les meurtriers du 7 octobre, nous empêcherons un autre 11 septembre », a-t-il déclaré. « Raison pour laquelle il faut soutenir Israël et l’armée israélienne », a-t-il ajouté.
« Tous ensemble, les yeux dans les yeux, nous rendrons hommage à ceux qui sont morts au champ d’honneur et nous veillerons… à la victoire », a déclaré Netanyahu.
Gallant et Halevi demandent aux ultra-orthodoxes de s’engager dans l’armée israélienne
Suite aux propos du Premier ministre, Gallant et le chef d’État-major de Tsahal, le lieutenant-général Herzi Halevi, le troisième à prendre la parole ce jeudi, ont abordé la question de la conscription des Haredim, affirmant que tous les membres de la société israélienne devaient participer à l’effort militaire.
« La guerre et les défis qui nous sont lancés… nous obligent à partager la charge du service militaire », a déclaré M. Gallant. « Tout le monde doit porter le fardeau, toutes les communautés du pays. »
Halevi a explicitement appelé à un changement du projet de politique de Tsahal. « À l’heure actuelle », a-t-il dit, « il ne suffit plus de faire l’éloge de la diversité au sein de Tsahal ; Au contraire, il en faut bien davantage et que des soldats de toute la société s’y ajoutent. »
« C’est l’urgence du moment, non seulement parce que l’armée israélienne a besoin de remplir les rangs et de pouvoir compter sur davantage de soldats, mais surtout pour renforcer la cohésion sociale, source de notre résilience et de notre force et composante importante de ce qui combat les fragilités israéliennes », a ajouté Halevi.
Le ministre de Kakhol lavan – par ailleurs ex-chef d’État-major de Tsahal, Gadi Eisenkot – a également abordé le projet ultra-orthodoxe lors d’une conférence donnée pour la 17e conférence internationale de l’Institut d’études sur la sécurité nationale de l’Université de Tel Aviv, mercredi.
« Il serait bon que les dirigeants de la communauté ultra-orthodoxe prennent la mesure de l’importance du moment », a déclaré Eisenkot, qui a perdu un fils et un neveu lors des combats contre le Hamas à Gaza en décembre. « C’est une occasion historique. »
Les ultra-orthodoxes bénéficient depuis longtemps d’exemptions du service militaire, qui leur permettent de protester ou de refuser les ordres de conscription et de tenter de faire inscrire le principe de cette exemption dans la loi.
Nombreux sont ceux qui, dans le monde haredi, considèrent le service militaire et l’intégration dans le monde laïc comme une menace pour leur identité religieuse et la continuité de traditions communautaires insulaires.
Les étudiants ultra-orthodoxes perçoivent des allocations de la part de l’État pour étudier dans les yeshivot, ce qui leur permet de bénéficier d’un report annuel du service militaire jusqu’à ce qu’ils atteignent l’âge de l’exemption.