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Gantz à Netanyahu : Laissez les localités du sud gérer la cérémonie du 7 octobre

Cet appel a été lancé après que Forum des familles des otages et disparus et bon nombre de kibboutzim ont annoncé qu'ils boycotteraient la cérémonie d'État confiée à Miri Regev

Le député Benny Gantz lors d'un rassemblement appelant à la libération des otages à Gaza sur la "Place des Otages", à Tel Aviv, le 17 août 2024. (Crédit : Avshalom Sassoni/Flash90)
Le député Benny Gantz lors d'un rassemblement appelant à la libération des otages à Gaza sur la "Place des Otages", à Tel Aviv, le 17 août 2024. (Crédit : Avshalom Sassoni/Flash90)

Le chef du parti HaMahane HaMamlahti, Benny Gantz, a appelé mercredi le Premier ministre Benjamin Netanyahu à transférer la responsabilité de la cérémonie commémorative d’État pour le pogrom du 7 octobre de la ministre des Transports Miri Regev aux communautés ravagées par l’assaut et au ministre de la Culture.

Cette demande est survenue après que des proches des victimes du 7 octobre, aux côtés de d’autres résidents de la zone frontalière de Gaza, ont fait savoir lundi qu’ils ne se rendraient pas à une cérémonie organisée par le gouvernement pour marquer le premier anniversaire du pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas.

Ils avaient indiqué qu’ils organiseraient leur propre commémoration dans un contexte de vive colère nourrie à l’encontre des autorités, qui ont été dans l’incapacité de ramener tous otages détenus dans la bande de Gaza, dont 106 sont retenus dans les geôles du Hamas depuis plus de dix mois.

L’événement organisé par Regev inquiète les familles, qui craignent que cette commémoration soit susceptible de servir d’outil de propagande dans le but d’amnistier le gouvernement et d’effacer les responsabilités qui sont les siennes dans le massacre.

La ministre des Transports Miri Regev lors d’une conférence de presse en amont de la 76e Journée de l’Indépendance, sur le mont Herzl de Jérusalem, le 8 mai 2024. (Crédit : Chaïm Goldberg/Flash90)

« La façon de marquer l’anniversaire du massacre du 7 octobre ne peut être déterminée ni par moi, ni par vous, ni par la ministre Regev. La nature de cette journée devrait être déterminée par ceux qui ont vécu le brasier : les habitants des villes du Néguev occidental, les otages et leurs familles, les familles des soldats tombés au combat et les blessés », a déclaré Gantz dans un communiqué.

Le Forum des familles des otages et disparus a annoncé qu’il ne coopérerait pas avec la cérémonie annoncée par le gouvernement, déclarant que « l’échec retentissant » du gouvernement à restituer les otages enlevés le 7 octobre « ne lui permettra pas de continuer à essayer de boucler la boucle », mais a précisé qu’il se joindra aux communautés de la frontière de Gaza pour une cérémonie alternative.

« Le Forum des familles des otages et disparus se joindra aux communautés et villes frontalières de Gaza et du sud pour marquer l’anniversaire du massacre, pour exiger le rétablissement de la sécurité, le retour des personnes enlevées, la restauration des communautés et l’enquête sur les échecs qui ont conduit à la terrible catastrophe du 7 octobre 2023 », peut-on lire dans le communiqué du forum.

Le kibboutz Nir Oz s’est joint à plusieurs communautés de la frontière de Gaza ravagées par le Hamas le 7 octobre en annonçant qu’il ne coopérerait pas non plus avec les plans du gouvernement pour la cérémonie mémorielle d’État.

Un groupe d’Israéliens visitant une maison incendiée par les terroristes du Hamas pendant le pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien, au kibboutz Nir Oz, le 21 juin 2024. (Crédit : Ohad Zwigenberg/AP)

« Alors que nous enterrons nos morts qui ont été assassinés en captivité par le Hamas, il n’est pas surprenant que le gouvernement israélien et son chef n’aient pas demandé aux membres du kibboutz de participer à la cérémonie », a déclaré la communauté.

« Le cadre de la cérémonie rappelle le plus grand échec qu’ait connu l’État d’Israël », a noté le communiqué.

« Celui qui a complètement détruit notre confiance ne peut pas masquer cela par des cérémonies et nous utiliser comme des figurants », a ajouté le kibboutz.

Après Nir Oz, le kibboutz Yad Mordechaï a annoncé qu’il ne participerait pas non plus à la cérémonie officielle du 7 octobre 2024.

« Nous n’avons pas l’intention de prendre part à cette production politique. Le kibboutz examinera chaque invitation si et quand elle arrivera, mais il n’a pas l’intention d’organiser des cérémonies de nature politique », a-t-il indiqué dans un communiqué.

En plus de l’échec du gouvernement à sauver les otages, les résidents du sud du pays et leurs alliés dénoncent depuis plus de dix mois ce qu’ils considèrent comme un « abandon » de la part du gouvernement. Un grand nombre ont reconnu être furieux face au refus de Netanyahu et d’autres responsables de premier plan de reconnaître leurs fautes – et leur refus d’autoriser l’ouverture d’une enquête portant sur les éventuelles erreurs qui ont permis, à terme, à des milliers de terroristes armés du Hamas de perpétrer un pogrom dans le sud d’Israël, semant la désolation dans la région, avant que l’armée et les forces de sécurité israéliennes ne parviennent à mettre en œuvre une riposte efficace.

Près de 1 200 personnes ont été tuées le 7 octobre, des civils en majorité. Les terroristes ont kidnappé 251 personnes, prises en otage à Gaza. Il resterait 106 otages dans les geôles du groupe terroriste palestinien, dont au moins 39 ne seraient plus en vie.

En réponse à ce pogrom, le plus meurtrier de l’histoire du pays et le pire mené contre des Juifs depuis la Shoah, Israël a juré d’anéantir le Hamas et de mettre fin à son règne de seize ans, et a lancé une opération aérienne suivie d’une incursion terrestre dans la bande de Gaza, qui a commencé le 27 octobre.

Des otages libérés et des survivants s’adressant à des journalistes devant les restes calcinés de la maison de Raaya et Hila Rotem dans le kibboutz Beeri, le 1er janvier 2024. (Crédit : Canaan Lidor/Times of Israel)

Au lieu de coopérer avec Regev – dont l’évènement consisterait en une émission spéciale diffusée à la télévision, agrémentée de discours et d’interventions préenregistrés – les communautés frontalières de Gaza ont indiqué que leur propre commémoration sera « intime, sensible », a dit à Haaretz Omri Shifroni, un habitant du kibboutz Beeri qui a perdu des proches le 7 octobre.

Dans un communiqué, le kibboutz Beeri – dont 101 résidents ont été tués le 7 octobre – a également annoncé son opposition au projet de cérémonie du gouvernement, déclarant qu’il préférerait que le gouvernement « investisse toute son énergie dans la promotion d’un accord pour le retour des otages et la fin de leur abandon ».

Au lieu d’une cérémonie, le gouvernement devrait établir une commission d’enquête nationale « qui nous fournira des réponses et tirera des conclusions qui permettront de commencer à guérir », a déclaré le kibboutz, ajoutant qu’il préférerait que le gouvernement « s’occupe des vies qui peuvent encore être sauvées ». Beeri organisera ainsi une cérémonie commémorative privée le 7 octobre, pour les membres qu’il a perdus, a-t-il fait savoir.

De plus, plusieurs médias israéliens ont rapporté que le kibboutz Kfar Aza s’est dit être « déçu » par les plans du gouvernement alors que 106 otages sont toujours en captivité à Gaza, dont cinq habitants du kibboutz.

Une vue aérienne du quartier, autrefois animé du kibboutz Kfar Aza, conçu pour ses jeunes résidents. (Crédit : Capture d’écran/Douzième chaîne ; utilisée conformément à l’article 27a de la loi sur le droit d’auteur)

Kfar Aza demande aussi au gouvernement de focaliser ses efforts sur la libération des otages et, en ce qui concerne les commémorations, de « mettre les drapeaux en berne et de se lever au moment des sirènes commémoratives, au lieu d’organiser un événement grandiose ».

Le kibboutz marquera le 7 octobre par un événement privé, réservé à la communauté, « dans l’espoir que d’ici là, nous aurons la chance d’embrasser nos amis qui seront de retour de captivité ».

Le kibboutz Nirim, qui a été dévasté lors du massacre, a lui aussi fait savoir au gouvernement, dans un courrier, lundi, qu’il refusait de coopérer dans le cadre de la cérémonie. « Au lieu d’un service de commémoration d’État, nous appelons de nos vœux une commission d’enquête d’État », a écrit Nirim. « En près d’un an, pas un seul officiel du gouvernement n’est venu à Nirim pour assumer ses responsabilités, pour reconnaître ses erreurs et pour nous demander ce dont nous aurions besoin. »

Rejoignant tous ceux qui s’opposent à la cérémonie organisée par l’État à l’occasion du premier anniversaire du 7 octobre, le chef de l’opposition Yaïr Lapid avait annoncé, lundi, qu’il n’y assisterait pas. Il avait ajouté qu’il irait plutôt passer du temps avec les familles des victimes à Sderot, à Beeri et à Nir Oz.

Maya Palty (à gauche) réconfortant Efrat Machikawa – elles ont toutes deux un proche otage à Gaza, kidnappé au kibboutz Nir Oz, le 7 octobre – à la frontière de Gaza, au kibboutz Nirim, dans le sud d’Israël, le 11 janvier 2024. (Crédit : Maya Alleruzzo/AP)

« La seule cérémonie que le gouvernement de Netanyahu et ses extrémistes peuvent et doivent organiser, c’est une cérémonie de démission collective accompagnée de l’annonce de la formation d’une commission d’enquête d’État », avait-il continué.

La Douzième chaîne a fait savoir qu’une lettre demandant à Netanyahu d’annuler la commémoration avait été signée par des dizaines de familles de victimes.

« Nous ne permettrons pas à ceux qui ont été à l’origine du massacre le plus brutal de toute l’histoire de la nation d’organiser un événement de propagande au détriment de la vie de nos êtres chers », est-il écrit dans la lettre, selon la chaîne.

« Cet événement cherche à façonner un service de commémoration national à un moment où certains de nos proches sont encore vivants, attendant désespérément le salut et à un moment où les corps sans vie de nos êtres chers gisent encore dans les tunnels du Hamas », ont précisé les auteurs de la missive.

D’autres encore se sont insurgés contre la perspective de commémorer des personnes qui sont encore vivantes.

Le gouvernement avait décidé, dimanche, de confier à Regev les rênes de cette cérémonie d’État du 7 octobre qui aura lieu – c’est inhabituel – à sa date-anniversaire selon le calendrier grégorien, au détriment du calendrier hébraïque.

Le choix de Regev a immédiatement entraîné de vives critiques en raison du travail qui avait été réalisé par la ministre à l’occasion de la cérémonie d’État de Yom HaAtsmaout. Certains avaient déclaré qu’elle avait utilisé cet événement national de premier plan pour rassembler les soutiens à Netanyahu et en conséquence, cette année, les familles ont organisé leur propre cérémonie de Yom HaAtsmaout.

Ni Regev, ni Netanyahu n’ont réagi aux critiques.

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