Gantz: la guerre d’Israël contre le Hamas est existentielle et illimitée dans le temps
S'adressant à la presse à Tel Aviv, le ministre, membre du cabinet de guerre a dit que l'attaque terroriste brutale du 7 octobre menaçait les valeurs "sionistes et démocratiques" d'Israël
Carrie Keller-Lynn est la correspondante politique et juridique du Times of Israël.
Israël n’a pas fixé de limite de temps à son opération terrestre actuelle à Gaza visant à éradiquer le Hamas, a déclaré mercredi le ministre du cabinet de guerre, Benny Gantz.
« En ce qui concerne la durée de l’opération, elle n’est pas limitée », a affirmé Gantz lors d’une rencontre avec des journalistes à Tel Aviv.
L’ancien ministre de la Défense et général de haut rang a déclaré que le conflit, provoqué par l’assaut terroriste du Hamas du 7 octobre, qui a tué plus de 1 400 personnes dans ce qui fut l’attaque la plus meurtrière de l’histoire d’Israël, est existentiel, à la fois pour la sécurité d’Israël et pour ses valeurs « sionistes et démocratiques ».
« C’est une guerre pour notre existence et pour le sionisme, et, par conséquent, je ne peux donner d’estimation de la durée de chaque étape de la guerre et des combats qui se poursuivront par la suite. Nous ne pouvons pas reculer devant notre objectif stratégique », a déclaré Gantz.
Plus de 240 000 Israéliens ont été déplacés à l’intérieur du pays à la suite de l’attaque du Hamas. Les communautés frontalières du nord, ainsi que les villes frontalières de Gaza, sont désormais des zones militaires fermées ; les échanges de tirs avec le Hezbollah à la frontière libanaise sont les plus importants depuis la deuxième guerre du Liban, en 2006.
Gantz a ajouté que les habitants dévastés, en particulier ceux des communautés ravagées par les envahisseurs du Hamas dans le sud, ne reviendront pas reconstruire leurs villes détruites tant que la menace posée par le terrorisme « djihadiste » du groupe ne sera pas neutralisée. Si Israël ne parvient pas à assurer la sécurité à l’intérieur de ses propres frontières », a déclaré Gantz publiquement, « il aura échoué dans sa mission à l’égard de ses citoyens. »
« Israël ne peut pas accepter une telle menace directe à ses frontières », a déclaré Gantz sur le Hamas, qui, selon lui, a brisé les paradigmes sécuritaires et diplomatiques d’Israël au sujet de la bande de Gaza avec son attaque il y a un mois. « L’idée même que les peuples puissent vivre côte à côte au Moyen-Orient a été remise en question par le Hamas », a ajouté Gantz.
Gantz, à l’instar de ses collègues du cabinet de guerre, le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le ministre de la Défense Yoav Gallant, a déclaré à plusieurs reprises qu’Israël avait été contraint à la guerre par l’attaque barbare du Hamas, ainsi que par un changement de paradigme, à savoir renoncer à une coexistence économique pour privilégier un dispositif de séparation et de sécurité solide.
Ainsi, même si Israël a déclaré la guerre au Hamas le jour même, il n’a pas encore mis au point son plan de bataille complet.
En début de semaine, Netanyahu a suscité quelques réactions en déclarant qu’Israël maintiendrait le contrôle de la sécurité sur la bande de Gaza pour une durée indéterminée. Gantz a refusé d’en dire plus à ce sujet.
Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a déclaré lors d’un sommet du G7 mercredi que s’il était « nécessaire » qu’Israël maintienne des troupes à Gaza pendant une période transitoire après la fin de l’opération terrestre actuelle, ni Israël ni le Hamas ne gouverneront la bande de Gaza à long terme.
Un jour plus tôt, John Kirby, le porte-parole de la Maison Blanche chargé de la Sécurité nationale, avait déclaré à la presse que le Président américain Joe Biden « maintient sa position selon laquelle la réoccupation par les forces israéliennes n’est pas une bonne idée ».
Le ministre britannique des affaires étrangères, James Cleverly, s’est fait l’écho des Américains lors du sommet du G7 : « À court terme, il est inévitable qu’Israël, en raison de la présence de ses troupes à Gaza, assume la responsabilité de la sécurité…. Mais nous pensons que le résultat le plus souhaitable est, dès que possible, une évolution vers un leadership palestinien favorable à la paix ».
Des responsables américains ont exprimé leur inquiétude quant au fait qu’Israël n’a toujours pas élaboré de plan pour la période qui suivra l’opération en cours, au cas où il parviendrait à éradiquer le Hamas. Gantz a confirmé mercredi qu’Israël n’avait toujours pas élaboré de stratégie à long terme concernant la question de savoir qui devrait gouverner la bande de Gaza.
« Une fois que la zone de Gaza sera sécurisée, que le nord sera sécurisé et que la région de Judée et Samarie [la Cisjordanie] sera apaisée, nous nous assiérons et discuterons d’un arrangement alternatif pour la bande de Gaza », a déclaré Gantz.
« Je ne sais pas à quoi cela ressemblera. Mais je sais ce qu’il ne pourra pas inclure : une présence active du Hamas avec des capacités administratives et militaires. Ils ne pourront pas être présents dans la bande de Gaza. Nous sommes prêts à mettre en place tout mécanisme que nous jugerons approprié, mais le Hamas n’en fera pas partie. Ainsi, en termes de stratégie future, pour le sud du pays, nous devons remplacer le régime du Hamas et assurer notre supériorité en matière de sécurité », a-t-il poursuivi.
À la frontière nord d’Israël, Gantz a réaffirmé qu’Israël était déterminé à éviter une guerre sur deux fronts, mais que les forces sont toutefois prêtes à étendre les hostilités avec le groupe terroriste du Hezbollah, soutenu par l’Iran, si cela s’avérait nécessaire.
Il a également déclaré que le Liban, qui accueille le Hezbollah et a intégré l’organisation terroriste dans sa politique générale, devrait « assumer […] la responsabilité » des actions du groupe.
« En pratique, le Liban doit assumer sa responsabilité en tant qu’État, et nous devons l’exiger », a poursuivi Gantz.
Mardi, Gantz a tenu des propos particulièrement fermes sur la poursuite des échanges de tirs avec le Hezbollah, affirmant qu’Israël était confronté à une « guerre sur plusieurs fronts ». Le membre du cabinet de guerre a déclaré que la politique israélienne de riposte aux provocations depuis le territoire libanais est maintenue, et que l’armée israélienne continuera à frapper de manière préventive les menaces imminentes, telles que les roquettes préparées pour le lancement.
« Je pense que cela fait également partie des considérations de [Hassan] Nasrallah, le chef du Hezbollah. Bien que le Hezbollah soit un mandataire de l’Iran, c’est une organisation libanaise. S’il décide de protéger Gaza aux dépens de Beyrouth, qu’il en soit ainsi », a ajouté Gantz. « Je lui conseille vivement, toutefois, de bien calculer les enjeux ».