Gantz : l’armée ne fait pas de distinction, comme les Nazis
Le chef d'état-major a soutenu que l'armée ne se souciait pas de savoir qui était religieux et qui était laïc
Marissa Newman est la correspondante politique du Times of Israël
De la même façon que les Nazis ne faisaient pas de différence entre Juifs pratiquants et Juifs non-pratiquants, la conscription militaire est indépendante de toute affiliation religieuse, aurait déclaré dimanche le chef d’état-major Benny Gantz aux soldats ultra-orthodoxes du bataillon Nahal Haredi.
« À Auschwitz, ils ne faisaient pas de différence ; nous allions tous au four crématoire, que l’on porte ou non la kippah, et ils ne faisaient pas de distinction entre ceux qui portaient la barbe et ceux qui ne la portaient pas », aurait dit Gantz selon le quotidien Maariv.
Devant des dizaines de soldats ultra-orthodoxes, dans l’implantation de Mevo Dotan en Cisjodanie, et tandis que des centaines de milliers de haredim manifestaient contre la conscription à Jérusalem, Gantz a souligné que l’armée n’empiétait pas sur la liberté de religion.
« Il est possible de servir dans l’armée et de rester croyant et haredi. Toutes les conditions sont réunies pour que ceux qui s’engagent comme sionistes religieux quittent l’armée comme sionistes religieux, que ceux qui s’engagent comme haredim partent comme haredim, et que ceux qui s’engagent comme laïcs partent comme laïcs », a-t-il déclaré.
Gantz a refusé de donner son opinion sur le rassemblement à Jérusalem, mais il a mis l’accent à plusieurs reprises sur le fait que tout le monde devait servir dans l’armée, indépendamment des affiliations politiques ou religieuses.
Des centaines de milliers d’ultra-orthodoxes sont descendus dans les rues de la capitale dimanche pour protester contre le projet de loi sur la conscription universelle. Si des dizaines de soldats de Nahal Haredi ont scrupuleusement écouté le discours du chef d’état-major, un certain nombre d’entre eux ont témoigné leur solidarité avec les manifestants.
« Nous, soldats et combattants du Bataillon Netzach Yehuda – Nahal Haredi faisons front commun avec la communauté haredi dans son combat », ont publié sur Facebook plusieurs soldats, selon le site Internet ultra-orthodoxe Kikar HaShabat.
Les soldats ont écrit que leur soutien ne venait pas du fait qu’ils étaient « pour ou contre l’égalité face au fardeau, mais à cause de la haine. Car, avec le soutien des médias, une partie de la population pense qu’il est légitime de haïr, de persécuter et de calomnier à tout rompre. Et ce sont nos frères, la chair de notre chair. »
Plusieurs hommes politiques de premier plan ont estimé que le rassemblement de masse était la preuve que la loi sur la conscription était nécessaire.
« Ceux qui ont vu le nombre de gens présents ont compris que l’État d’Israël ne pouvait pas tous les porter sur son dos », a affirmé le ministre des Finances Yair Lapid sur la dixième chaîne.
« Ils ont le droit de manifester, nous sommes en démocratie », a-t-il poursuivi. « Mais il y a un lien entre les droits et les devoirs. Je ne suis pas contre eux, mais ils doivent faire partie d’Israël, et il ne s’agit pas d’une attaque contre le monde de la Torah. »
Le député Yaakov Peri, membre du parti Yesh Atid de Lapid et membre du comité Shaked qui a élaboré le projet de loi, a déclaré que le rassemblement était un signé annonciateur d’une « révolution culturelle » au sein de la société ultra-orthodoxe.
« La marche montre un changement dans la prise de conscience du public haredi. C’est une révolution culturelle qui n’est pas simple, c’est pourquoi la loi est équilibrée et fixe des objectifs clairs en matières de recrutement. Maintenant, c’est à eux de voir », a-t-il affirmé.