Gaza : Fin des émeutes après un accord négocié par l’Egypte et la réouverture d’Erez
Selon un groupe affilié au Hamas, les manifestations pourraient reprendre ce vendredi ; Israël envisage l’octroi de plus de permis de travail si le calme est maintenu
Le Hamas, le groupe terroriste au pouvoir à Gaza, aurait informé jeudi soir l’Égypte qu’il veillerait à la fin des émeutes le long de la frontière, dans le cadre d’un accord en vertu duquel Israël a autorisé la réouverture d’un important poste-frontière de la bande de Gaza jeudi.
Les tensions à la frontière entre Israël et la bande de Gaza sont montées en flèche au cours des deux dernières semaines, avec des émeutes quotidiennes organisées par de jeunes Palestiniens le long de la barrière frontalière. Les émeutiers palestiniens ont lancé des explosifs et des ballons incendiaires en direction du sud d’Israël, qui ont déclenché plusieurs incendies. Israël a répondu par des tirs à balles réelles et, en début de semaine, l’armée a bombardé plusieurs positions du Hamas dans la bande de Gaza depuis le sol et les airs.
Malgré les troubles, le COGAT, l’organe du ministère de la Défense israélien supervisant les activités civiles dans les Territoires palestiniens, a annoncé mercredi en fin de journée qu’il rouvrirait le poste-frontière d’Erez, dans le nord de Gaza, pour les travailleurs palestiniens employés en Israël, et que des mesures de conciliation pourraient être adoptées à condition que le calme soit maintenu. Au début de la journée de jeudi, les travailleurs se sont pressés au point de passage en attendant son ouverture, quelques-uns attendant de pouvoir traverser en se reposant sur des carrés d’herbe.
Ces mesures ont été prises à la suite de négociations entre l’Égypte et le Hamas, a indiqué la chaîne publique israélienne Kan. Le Hamas s’est abstenu de garantir sans équivoque que les émeutes cesseraient, selon certaines sources.
La branche du Hamas qui organise les rassemblements, un groupe appelé « Jeunesse révolutionnaire », a néanmoins annoncé sur sa chaîne Telegram qu’aucun rassemblement ne serait organisé jeudi, soit la première pause en deux semaines. Le groupe a également fait savoir à tous ceux qui avaient l’intention de se rendre à la frontière le feraient à leurs risques et périls, tout en précisant que les manifestations pourraient reprendre vendredi.
Malgré l’apparente pause dans les hostilités, plusieurs articles ont rapporté que des ballons incendiaires flottaient en Israël jeudi. Le Fonds national juif (KKL) a signalé un incendie dans la forêt de Beeri, près de la frontière de Gaza, mais s’est abstenu d’accuser directement les Gazaouis d’avoir lancé les ballons incendiaires.
Israël envisage, si le calme se maintient, d’augmenter le nombre de travailleurs palestiniens autorisés à travailler en Israël de 17 500 actuellement à 20 000. D’autres mesures sont également envisagées.
Les responsables de la sécurité qui se sont adressés à Kan ont souligné que la réouverture du poste frontière de Gaza faisait partie de la politique israélienne visant à éviter toute punition collective pour les actions des terroristes de Gaza qui font du tort aux habitants de Gaza qui gagnent leur vie en travaillant en Israël.
Le poste-frontière d’Erez est le seul passage piétonnier par lequel les Palestiniens de Gaza qui travaillent en Israël peuvent quitter l’enclave côtière pour se rendre en Israël. Les emplois en Israël sont très demandés et les salaires sont jusqu’à dix fois plus élevés que pour des emplois similaires dans la bande de Gaza.
Tsahal a annoncé jeudi qu’il fermerait les points de passage avec Gaza et la Cisjordanie pour le début des fêtes de Souccot, de la nuit de jeudi à vendredi jusqu’à samedi.
Les transports humanitaires et médicaux, ainsi que quelques autres cas exceptionnels, seront autorisés à franchir les points de passage pendant la période de fermeture, a précisé Tsahal.
Le Hamas, le groupe terroriste qui a férocement pris le contrôle de Gaza en 2007 à son rival du Fatah, a indiqué que les jeunes Palestiniens avaient lancé ces émeutes en réponse aux violences croissantes en Cisjordanie et aux provocations présumées qui auraient eu lieu à Jérusalem.
Les troubles ont éclaté au début du mois, peu après l’annonce, par le ministère des Finances du Hamas, de la réduction des salaires des fonctionnaires de plus de la moitié – attisant encore davantage une crise financière qui sévit depuis 16 ans au sein de l’enclave, placée sous blocus israélien et égyptien.
Ces éclats soudains de violence aux abords de la clôture de sécurité ont fait craindre une escalade plus large entre Israël et le Hamas – qui se sont déjà opposés dans quatre guerres et dans de nombreuses batailles de moindre envergure depuis que le groupe terroriste a pris le contrôle du territoire.
Israël a réagi aux émeutes en bombardant des postes vides du Hamas et en tirant sur les manifestants près de la barrière frontalière. Mercredi également, le ministre de la Défense Yoav Gallant a indiqué qu’Israël se préparait à renforcer ses actions contre Gaza suite aux émeutes à la frontière.
Les experts estiment toutefois que ce mouvement de protestation violent – qui continue avec l’approbation tacite du Hamas depuis presque deux semaines maintenant – a en réalité plus à voir avec les efforts livrés par le Hamas pour administrer le territoire et mettre un terme à la crise économique qui s’aggrave qu’avec l’idée d’entraîner un nouveau conflit avec Israël.
« C’est une tactique pour attirer l’attention sur leur détresse », a déclaré Ibrahim Dalalsha, directeur du Centre Horizon, un groupe de recherche palestinien basé en Cisjordanie, à propos du Hamas. « Ce n’est pas une escalade mais un ‘échauffement’ qui vise à exercer des pressions sur les parties qui pourront donner de l’argent au gouvernement du Hamas. »
Selon des arrangements qui avaient été pris dans le cadre d’accords de cessez-le-feu avec Israël, le Qatar, riche en gaz, paie les salaires des fonctionnaires dans la bande de Gaza, offrant des liquidités aux familles les plus défavorisées et d’autres types d’aides humanitaires.
Le ministère des Affaires étrangères du Qatar a fait savoir samedi qu’il avait commencé à distribuer des transferts de 100 dollars à environ 100 000 familles nécessiteuses de l’enclave côtière. Le versement des salaires des fonctionnaires est aléatoire depuis le mois de mai dernier.
Le représentant du Qatar à Gaza, Mohammed al-Emadi, a déclaré que l’émirat avait « réussi à désamorcer la situation dans la bande de Gaza par la médiation d’un accord » visant à rouvrir le point de passage pour les travailleurs.
« La situation dans la bande de Gaza est désastreuse et un nouveau conflit ne fera qu’exacerber la crise humanitaire », a-t-il déclaré.
Un responsable de Gaza au fait des négociations, qui s’est exprimé sous le couvert de l’anonymat car il n’était pas autorisé à informer les médias, a affirmé qu’Israël avait promis au Hamas un certain nombre de concessions. Ces mesures incluent l’augmentation du nombre de permis de travail qu’Israël délivre aux ouvriers de Gaza, l’extension de la zone de pêche au large de la côte de Gaza et l’autorisation pour l’enclave d’exporter plus de marchandises et d’importer plus d’équipements, a-t-il dit.
L’équipe du Times of Israël a contribué à cet article.