Gaza : un responsable du Fatah veut des mesures plus extrêmes contre le Hamas
Azzam al-Ahmad a dit que l'AP réfléchissait à couper les fonds pour l'eau et l'éducation dans l'enclave - ce qu'un responsable du Hamas a qualifié de "déclaration de guerre"
Le retrait par l’Autorité palestinienne de ses employés du poste-frontière de Rafah constitue la première d’un certain nombre de mesures prises pour mettre un terme au contrôle du Hamas dans la bande de Gaza, a déclaré Azzam al-Ahmad, un haut-responsable de l’Organisation de libération de la Palestine et du Fatah, lundi dans la soirée.
Dimanche, les employés de l’AP se sont retirés du point de passage frontalier de Rafah, qui sépare l’Egypte et Gaza, mettant en péril ses opérations habituelles.
Les autorités égyptiennes n’ont pas précisé si elles autoriseraient le maintien de l’ouverture régulière de ce seul poste-frontière entre l’Egypte et la bande sans présence des employés de l’AP. Mardi, elles n’ont autorisé que le passage des Palestiniens qui revenaient au sein de l’enclave côtière.
« Le retrait des employés au poste-frontière de Rafah n’est que le commencement », a commenté Ahmad, membre du comité central du Fatah, devant les caméras de Palestine TV, chaîne officielle de l’Autorité palestinienne. « Il y aura d’autres mesures… visant à éliminer l’autorité de la division et du statu-quo ».
Les responsables du Fatah se réfèrent fréquemment au Hamas sous le terme « d’autorité de la division et du statu-quo ».
Ahmad a noté que les mesures supplémentaires auxquelles réfléchissait l’AP comprenaient la coupure du versement des fonds alloués à Gaza.
« Les infrastructures… L’éducation, l’environnement, l’assainissement et l’eau. Tout est sur la table », a précisé Ahmad.
L’AP alloue 96 millions de dollars par mois à Gaza, selon le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas.
Abbas avait précédemment annoncé que l’AP envoyait 110 millions de dollars par mois à Gaza mais il a récemment réduit ses financements dans l’enclave pour exercer des pressions sur le Hamas et amener ce dernier à céder le contrôle du territoire. Depuis le mois d’avril 2017, l’AP n’a payé qu’une partie du salaire de ses employés au sein de l’enclave côtière.
L’argent versé par l’Autorité palestinienne permet de payer, entre autres, l’eau, l’électricité, l’éducation, les soins de santé et le salaire des fonctionnaires.
Ces derniers mois, Abbas a suggéré que l’AP pourrait cesser tous ses versements de fonds à Gaza si le Hamas ne lui en rendait pas le contrôle. A plusieurs occasions, il a déclaré que l’AP n’assumerait plus aucune responsabilité à Gaza si elle n’obtenait pas l’autorité dans tous les domaines.
Le Hamas, un groupe terroriste islamiste qui cherche à détruire Israël, a renversé l’AP – dominée par le Fatah – lors d’un coup d’Etat au sein de l’enclave côtière en 2007.
Tandis que le Hamas et le Fatah ont souscrit à un certain nombre d’accords de réconciliation visant à rassembler la Cisjordanie et Gaza sous l’autorité d’un seul gouvernement, ils ont échoué à les mettre en oeuvre.
Ahmad a comparé Gaza, lundi, à un « avion détourné », affirmant que le Hamas a pris en otage l’enclave palestinienne.
Sami Abu Zuhri, responsable du Hamas, a rejeté les propos d’Ahmad avec colère.
« Les déclarations d’Azzam al-Ahmad… sont une déclaration de guerre à l’encontre de la population de Gaza », a écrit Abu Zuhri sur Twitter. « Toutes les parties concernées doivent corriger la situation avant qu’elle ne soit plus contrôlable. Nous n’autoriserons pas ce gang à étouffer et à torturer Gaza ».