GB: une campagne de propagande attisait la haine d’Israël pour avoir l’air authentique
Des documents déclassifiés montrent que Londres a cherché à diviser Moscou et ses alliés arabes avec de faux documents accusant les camps de la défaite du Caire contre Israël en 1967
Selon des documents récemment déclassifiés, le gouvernement britannique a mené une campagne de propagande secrète visant à déstabiliser ses ennemis au temps de la Guerre froide en incitant à la violence, soutenant les tensions raciales et encourageant la haine envers Israël.
Les documents, évoqués par The Guardian, mettent en évidence l’existence d’une campagne de « propagande occulte » menée du milieu des années 1950 à la fin des années 70 à destination des pays africains, du Moyen-Orient et de certaines parties de l’Asie, sur la base de fausses informations destinés à répandre un sentiment anticommuniste.
Le terme de « propagande occulte » évoque la création de faux reportages destinés à apparaitre de la main de ceux qu’ils cherchent à discréditer – en l’espèce, les ennemis de l’alliance occidentale pendant la guerre froide.
Selon les documents, cette vaste campagne aurait cherché à monter les musulmans contre Moscou, utilisant la propagande anti-israélienne afin de « faire plus vrai ».
La campagne était dirigée par l’Information Research Department (IRD) du Royaume-Uni, créé après la Seconde Guerre mondiale en réaction à la propagande soviétique visant la Grande-Bretagne, en coordination avec les opérations de propagande de guerre de la CIA.
Rory Cormac, expert de l’histoire de la subversion et du renseignement, a déclaré au Guardian que les documents déclassifiés étaient « les plus importants des deux dernières décennies ».
« Il est très clair maintenant que le Royaume-Uni a mené davantage de propagandes occultes que les historiens ne le supposent et que ces actions étaient plus systémiques, ambitieuses et agressives. Malgré les dénégations officielles, [cela] allait bien au-delà de la simple exposition de la désinformation soviétique », fait valoir Cormac.
Cormac est tombé sur les documents déclassifiés lors de la recherche d’informations pour un livre. Son étude des documents donne l’aperçu le plus complet à ce jour des opérations de désinformation de l’IRD, selon The Guardian.
« Le Royaume-Uni n’a pas simplement inventé des informations, comme les Soviétiques l’ont fait de manière systématique. Ils avaient certainement l’intention de tromper le public afin de faire passer un message », explique-t-il.
Cormac indique qu’une des principales tactiques employées par l’IRD était la falsification de déclarations qui semblaient avoir été écrites par des agences soviétiques, comme Novosti, l’agence de presse publique soviétique.
Selon le rapport, l’IRD aurait falsifié 11 déclarations de ce type entre 1965 et 1972, et notamment une à l’issue de la victoire d’Israël dans la guerre des Six Jours en 1967, soulignant la colère de Moscou face à la défaite de l’Égypte en dépit des armes et ressources fournies par les Soviétiques.
À une autre occasion, l’IRD a tenté de semer la division entre Moscou et ses alliés arabes au Moyen-Orient en créant de toute pièce des publications prétendument musulmanes accusant la Russie soviétique de la défaite.
« Pourquoi la nation arabe est-elle en ce moment affligée par tant de chagrin et de désastre ? Pour quelle raison les valeureux soldats ont-ils été vaincus dans le djihad par les méchants sionistes païens ?… La réponse est [facile] à trouver… nous partons rapidement du bon chemin, nous suivons la voie choisie pour nous par les communistes-athées pour qui la religion est une forme de maladie sociale », peut-on lire dans un communiqué publié par l’IRD et signé d’une organisation islamiste radicale fictive appelée la Ligue des croyants.
D’autres documents falsifiés accusent Moscou d’un manque de soutien aux groupes nationalistes armés palestiniens, par opposition au soutien plus franc de la Chine, pour diviser les deux puissances communistes.
L’IRD a été fermé en 1977, mais selon le rapport, le gouvernement britannique a mené des opérations de désinformation similaires pendant encore une dizaine d’années.
« Les [nouveaux documents] sont particulièrement importants, en tant que précurseurs de procédés visant à mettre le renseignement dans le domaine public », conclut Cormac.