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GB: Une membre juive menace le Labour de poursuites pour définir l’antisémitisme

Le Mouvement travailliste juif affirme que les membres du parti ont été induits en erreur en croyant qu'il soutenait un document controversé et édulcoré, et demande son annulation

Luciana Berger, députée juive, qui dirige le Mouvement travailliste juif (Capture d'écran YouTube).
Luciana Berger, députée juive, qui dirige le Mouvement travailliste juif (Capture d'écran YouTube).

Une membre juive du Parti travailliste britannique (Labour) a sévèrement critiqué la récente adoption par le parti d’une définition de l’antisémitisme plus douce que celle utilisée par le gouvernement, a rapporté le Guardian mercredi, et a menacé de poursuites judiciaires à moins que la résolution ne soit annulée.

Le Mouvement travailliste juif (MTJ) a accusé Jennie Formby, présidente du Comité exécutif national (CEN), d’avoir induit en erreur les membres du parti sur la position du Mouvement sur la question.

« Si nous comprenons bien, le CEN a été informé par le secrétaire général que le Mouvement travailliste juif avait approuvé les trois documents sur la lutte contre l’antisémitisme qui ont été présentés hier. Vous avez été induit en erreur », ont déclaré dans un communiqué Ivor Caplin et Luciana Berger, présidents du MTJ.

« Les documents ont été brièvement montrés à deux représentants du MTJ au cours d’une courte réunion informelle ; il n’a pas été possible d’avoir une vue d’ensemble des documents ou de les lire dans leur intégralité ».

Ivor Caplin, un dirigeant du Mouvement travailliste juif (Capture d’écran YouTube)

La définition du Labour (Parti travailliste britannique) est basée sur celle adoptée en 2016 par l’International Holocaust Remembrance Alliance, ou IHRA, et depuis lors par plusieurs pays, dont le Royaume-Uni, l’Allemagne et cinq autres pays de l’Union européenne, ainsi que l’UE dans son ensemble.

Mais le Parti travailliste omet au moins quatre actions définies comme antisémites dans le document original, dont le fait d’accuser les Juifs d’“être plus loyaux envers Israël” qu’envers leur propre pays ; prétendre que l’existence d’Israël est une « entreprise raciste » ; appliquer un « deux poids deux mesures » à Israël ; et comparer la « politique israélienne actuelle » à celle des nazis.

La définition comporte surtout des exemples de comportements antisémites qui ne concernent pas Israël, comme appeler à nuire aux Juifs ou nier la Shoah ou le droit du peuple juif à l’auto-détermination.

Le MTJ a déclaré qu’il « demande formellement que le CEN retire d’urgence et publiquement la décision d’approuver ces documents ».

Une source du Parti travailliste a prétendu que les changements à la définition de l’IHRA ont été apportés parce que certains exemples étaient « trop vagues pour être appliqués par un parti politique, de sorte qu’ils ont été adaptés, élargis et contextualisés ».

Selon cette source, le Parti travailliste doit permettre « la critique légitime des actions ou des politiques du gouvernement israélien, mais le code indique clairement que tout langage ou comportement antisémite ne sera pas toléré et sera traité comme une violation des règles du parti ».

Entre-temps, le Centre Simon Wiesenthal a également dénoncé mercredi le choix de la définition par le Labour, affirmant que le refus du parti d’adopter l’ensemble du document de l’IHRA était « une gifle en pleine figure pour la communauté juive du Royaume-Uni ».

Le rabbin Abraham Cooper, doyen associé du Centre Wiesenthal, a déclaré que la conduite du parti était « une invitation ouverte aux antisémites et aux militants anti-juifs à trouver un accueil au sein du courant politique dominant de l’Angleterre et a des répercussions négatives pour le judaïsme mondial ».

La présidente du Conseil des représentants des Juifs britanniques, Marie van der Zyl et Jonathan Goldstein, le président du groupe de coordination du Jewish Leadership Council, ont condamné la nouvelle définition dans un communiqué de la semaine dernière.

La vice-présidente du Conseil des représentants des Juifs britanniques, Marie van der Zyl (Crédit : Board of Deputies of British Jews)

« C’est aux Juifs de déterminer eux-mêmes ce qu’est l’antisémitisme », ont-ils déclaré. « Il est incompréhensible que le Labour refuse de s’aligner sur cette définition universelle. Ses mesures ne font que diluer la définition et éroder davantage le manque de confiance que les Juifs britanniques ont dans leur sincérité à s’attaquer à l’antisémitisme au sein du Parti travailliste ».

Sous la direction de Jeremy Corbyn, un homme politique de la gauche dure qui a qualifié le Hezbollah et le Hamas d’“amis” et qui combat les accusations de sentiments antisémites, a fait l’objet d’un examen minutieux dans les médias à cause de la rhétorique antisémite de ses membres. En 2016, une commission interparlementaire a accusé le Parti travailliste de créer un « espace sûr pour ceux qui ont une attitude vile à l’égard du peuple juif ».

Le chef du Parti travailliste de l’opposition britannique Jeremy Corbyn prend la parole lors de la commémoration du 25e anniversaire du meurtre de Stephen Lawrence à Trafalgar Square à Londres, le 23 avril 2018. (AFP PHOTO / POOL / Victoria Jones)

En mai, Jonathan Arkush, alors président du Conseil des représentants des Juifs britanniques, a déclaré que M. Corbyn avait des « opinions antisémites » qui pourraient faire fuir les Britanniques juifs du pays s’il devenait Premier ministre. Arkush a notamment évoqué la défense de Corbyn en 2013 d’une fresque antisémite.

M. Corbyn a soutenu que le Parti travailliste ne tolérera pas la rhétorique raciste de ses membres. Des dizaines de personnes ont été exclues à la suite de déclarations antisémites. Cependant, le parti a gardé de nombreux membres travaillistes qui, selon les dirigeants de la communauté juive, se livrent à des discours haineux antisémites. Ces derniers mois, Corbyn a été confronté pour la première fois à des manifestations contre le problème d’antisémitisme de son parti lors de ses visites de travail à l’étranger.

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