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Génération identitaire, mouvement de l’ultra-droite coutumier des opérations coup-de-poing

22 membres d'un "commando" contre l'ONG SOS Méditerranée sont jugés à partir de lundi, notamment pour "violences en réunion"

Des membres et partisans du groupe d'extrême droite Génération identitaire et un drapeau du mouvement lors d'une manifestation contre sa possible dissolution, à Paris, le 20 février 2021. (Crédit : Bertrand GUAY / AFP)
Des membres et partisans du groupe d'extrême droite Génération identitaire et un drapeau du mouvement lors d'une manifestation contre sa possible dissolution, à Paris, le 20 février 2021. (Crédit : Bertrand GUAY / AFP)

Génération Identitaire (GI), mouvement politique de l’ultra-droite plaidant pour la « défense » de l’identité européenne dissous en mars 2021, s’est fait connaître par la médiatisation d’opérations spectaculaires contre l’islam et les migrants.

Basée à Lyon, cette association loi 1901 avait pris la succession en 2012 de la branche jeunesse du groupuscule Bloc identitaire, aujourd’hui inactif, qui lui-même émanait d’Unité radicale, groupe dissous après la tentative d’assassinat sur Jacques Chirac, le 14 juillet 2002, par l’un de ses membres, Maxime Brunerie.

Présidé par le Lyonnais Clément Gandelin, dit « Galant », 26 ans, GI revendiquait 16 antennes dans l’Hexagone et quelque 4 000 militants. Une base que le politologue spécialiste de l’extrême droite Jean-Yves Camus estimait plutôt à 800 personnes. Ce qui faisait néanmoins de GI, précisait-il à l’AFP, « le mouvement le plus important, l’un des plus anciens, l’un des mieux structurés de la droite nationaliste hors RN ».

Le groupe radical, très actif sur les réseaux sociaux, se définissait « comme la première ligne de la résistance » face à « la racaille », à « l’uniformisation des peuples et des cultures », au « raz de marée de l’immigration massive ». « Notre idéal est la reconquête et nous la mènerons jusqu’au bout », plaidait l’organisation, qui aspirait à mobiliser « à travers toute l’Europe ».

GI se fait remarquer pour la première fois en octobre 2012, avec l’occupation du chantier de la grande mosquée de Poitiers par 73 activistes, qui y déploient des banderoles pour réclamer « un référendum sur l’arrêt des vagues migratoires et de la construction de lieux de culte musulmans ».

Autre lieu, autre « buzz » en mai 2013 à Paris. Lors d’une manifestation contre le mariage pour tous, des identitaires brandissent sur le toit du siège historique du Parti socialiste une banderole hostile à la politique du président de l’époque, François Hollande.

Génération Identitaire lors d’une opération dans les Alpes pour marquer leur hostilité à l’entrée de migrants clandestins par la frontière italienne en août 2018. (Capture d’écran : YouTube)

« White lives matter »

La même année, le mouvement lance une campagne « Génération anti-racailles ! » pour dénoncer « les violences dont les jeunes Français sont régulièrement victimes », avec l’organisation de stages d’auto-défense et de patrouilles – illégales – dans les transports en commun.

En pleine crise migratoire, GI dépêche plusieurs dizaines de militants en 2016 à Calais pour bloquer trois ponts reliant la « jungle », un immense camp de migrants, au centre-ville. 

En avril 2018, le mouvement mène une nouvelle opération anti-migrants à la frontière franco-italienne sur un col des Hautes-Alpes. Des dizaines de militants vêtus de doudounes bleues organisent une chaîne humaine sous la bannière « Defend Europe ». Trois cadres du groupe sont condamnés par le tribunal de Gap mais relaxés par la cour d’appel de Grenoble en 2020.

L’opération sera saluée comme une « belle opération de communication » par Marine Le Pen, dont le parti affiche son soutien au mouvement, même s’il affirme ne pas en partager « toutes les opinions ».

Sur la droite de l’image on aperçoit le drapeau noir et jaune de Génération identitaire lors d’une manifestation à Charlotteville. (Crédit : capture d’écran Twitter/Francenews24)

En octobre 2018, GI s’attaque cette fois à un symbole de l’aide aux migrants, l’ONG SOS Méditerranée, avec l’occupation de son siège à Marseille. Les 22 membres de ce « commando » sont jugés à partir de lundi, notamment pour « violences en réunion ».

En mars 2019, une vingtaine de membres du groupe, dont six membres du commando marseillais, occupent le toit de la Caisse d’allocations familiales de Bobigny, en région parisienne, pour y déployer une banderole demandant « De l’argent pour les Français. Pas pour les étrangers ! ». Fin septembre, la cour d’appel de Paris a confirmé leur condamnation à des peines de un à trois mois de prison avec sursis.

Le dernier coup d’éclat de GI, en janvier 2021, destiné à empêcher le passage de migrants entre la Haute-Garonne et l’Espagne, lui est fatal : le 3 mars, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin dissout le groupe, faisant valoir que Génération identitaire « incit(ait) à la discrimination, à la haine et à la violence ».

Lors des dernières élections présidentielle et législatives, plusieurs membres de Génération identitaire, longtemps proches du Front national, ont grossi les rangs de Reconquête, le parti d’Eric Zemmour, se portant parfois candidats.

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