« Génocide » à Gaza : Un parti au pouvoir en Espagne soutient la requête de l’Afrique du Sud
Le ministre des Droits sociaux Pablo Bustinduy, a salué ce qu'il a considéré être un "geste historique, courageux et nécessaire" de la part de Pretoria
La formation d’extrême gauche Sumar, membre de la coalition au pouvoir en Espagne, a jugé jeudi que la requête de l’Afrique du Sud, qui accuse Israël de génocide devant la plus haute cour de l’ONU, était « nécessaire ».
« La requête de l’Afrique du Sud contre Israël est un pas nécessaire pour empêcher le génocide. Il est urgent et nécessaire que la Cour internationale de Justice décrète des mesures conservatoires pour obtenir un cessez-le-feu permanent », a écrit cette formation sur le réseau social X.
L’un des représentants de ce parti au sein de l’exécutif, le ministre des Droits sociaux Pablo Bustinduy, a salué, sur le même réseau social, un « geste historique, courageux et nécessaire » de la part de Pretoria.
Sumar gouverne en coalition avec le Parti socialiste du Premier ministre Pedro Sánchez. Sa dirigeante, la ministre du Travail Yolanda Díaz, est aussi l’une des trois vice-présidentes du gouvernement.
L’Afrique du Sud a accusé jeudi Israël de violer la Convention des Nations unies sur le génocide, affirmant que même l’attaque meurtrière du Hamas du 7 octobre en territoire israélien – qui a fait environ 1 140 morts, pour la plupart des civils – ne pouvait justifier la situation à Gaza. Pour sa part, le ministère israélien des Affaires étrangères a accusé Pretoria de se comporter comme « le bras juridique de l’organisation terroriste du Hamas ».
Plus de 23 000 personnes seraient mortes à Gaza depuis le début de la guerre, selon le ministère de la Santé dirigé par les terroristes du Hamas. Les chiffres publiés par le groupe terroriste sont invérifiables, et ils incluraient ses propres terroristes et hommes armés, tués en Israël et à Gaza, et les civils tués par les centaines de roquettes tirées par les groupes terroristes qui retombent à l’intérieur de la bande de Gaza.
Au sein de l’UE, l’Espagne est l’une des voix les plus critiques vis-à-vis d’Israël depuis le début de la guerre déclenchée par l’attaque sans précédent du Hamas sur le sol israélien.
Ce positionnement a entraîné une vive tension diplomatique entre les deux pays, Israël ayant rappelé en novembre son ambassadrice en Espagne pour protester contre des propos jugés « scandaleux » tenus par le Premier ministre espagnol.
Ce dernier avait déclaré à la télévision publique espagnole avoir de « sérieux doutes » quant à la légalité des actions d’Israël dans la bande de Gaza.
Le ministre israélien des Affaires étrangères a annoncé la semaine dernière que l’ambassadrice allait reprendre ses fonctions à Madrid.
Fin octobre, une autre crise diplomatique avait éclaté entre le gouvernement espagnol et l’ambassade d’Israël en Espagne après les déclarations d’une ministre d’extrême gauche qui avait parlé d’un « génocide planifié » à Gaza.
Géographiquement proche du Maghreb, l’Espagne s’est tournée vers les pays arabes durant la dictature de Franco (1939-1975) afin de contourner son isolement en Occident – une diplomatie dite de « substitution » longtemps cultivée par Madrid, rappelle Juan Tovar, professeur à l’université de Burgos.
Ce n’est qu’en 1986, en outre, que le pays a établi des relations officielles avec Israël. La conséquence de tensions nées de l’opposition de l’Etat hébreu à l’entrée dans l’ONU de l’Espagne au sortir de la Seconde Guerre mondiale, en raison de sa proximité avec l’Allemagne nazie, rappelle Isaías Barreñada, professeur à l’Université Complutense de Madrid.
Madrid est ensuite allé jusqu’à jouer les médiateurs, accueillant ainsi en 1991 une Conférence de paix, avec pour la première fois l’ensemble des parties arabes en conflit direct avec l’Etat hébreu: Palestiniens, Syriens, Jordaniens et Libanais.
Deux ans après cette conférence, les accords d’Oslo, à travers lesquels Israël et l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) se reconnaissaient mutuellement, étaient signés à Washington.
Mais globalement, l’Espagne reste perçue par de nombreux acteurs comme pro-arabe.