Gideon Saar accuse des pays européens « d’incitation à la haine » après les tirs à Washington
Le ministre a accusé les dirigeants critiques d'Israël « d'accusation moderne de meurtres rituels » ; Paris a rejeté des accusations "outrancières"

Le chef de la diplomatie israélienne, Gideon Saar, a accusé jeudi des pays européens « d’incitation à la haine » après les tirs à Washington qui ont coûté la vie à deux employés de l’ambassade d’Israël.
« Mes condoléances vont à leurs familles et au personnel de l’ambassade d’Israël à Washington », a déclaré Saar dans une déclaration aux journalistes depuis les le ministère des Affaires étrangères.
Le ministère a confirmé que les deux victimes sont Yaron Lischinsky et Sarah Lynn Milgrim lors d’un point de presse à Jérusalem.
Les deux employés de l’ambassade d’Israël quittaient un événement au Capital Jewish Museum lorsque le suspect, identifié sous le nom d’Elias Rodriguez, s’est approché d’un groupe de quatre personnes et a ouvert le feu, a déclaré Pamela Smith, chef de la police métropolitaine, lors d’une conférence de presse.
Saar dit avoir déclaré aujourd’hui au père de Lischinsky que « son fils était un guerrier sur le front diplomatique qui est tombé comme un soldat sur le champ de bataille ».
Il a annoncé que les drapeaux seront mis en berne aujourd’hui en mémoire des victimes et exprime sa solidarité avec le personnel du ministère des Affaires étrangères : « Je suis fier de diriger ces personnes dévouées ».
Saar a par ailleurs attribué l’attentat à la rhétorique antisémite et anti-israélienne, qu’il qualifie « d’accusation moderne de crimes rituels ».
« Il existe un lien direct entre l’incitation à la haine antisémite et anti-israélienne, et ce meurtre. Cette incitation est également le fait de dirigeants et de responsables de nombreux pays et organisations internationales, particulièrement en Europe », a-t-il déclaré.
« Arrêtez votre incitation [à la violence] contre Israël. Arrêtez vos fausses accusations », a-t-il exhorté en direction des dirigeants du monde entier.
« J’étais inquiet… à l’idée qu’une telle chose se produise — et c’est ce qui s’est passé », a-t-il ajouté.

Saar a ajouté que l’ambassadeur des États-Unis, Mike Huckabee, l’avait informé des « enquêtes intensives » en cours.
« Nous ne nous rendrons pas face au terrorisme », a déclaré Saar.
Il a également annoncé la tenue d’une conférence internationale contre l’antisémitisme à Jérusalem la semaine prochaine, à laquelle participeront les ministres des États membres de l’Alliance internationale pour la mémoire de la Shoah (IHRA).
S’adressant aux Israéliens, Saar a conclu : « Gardez la tête haute ».
Et d’ajouter : « Essayons de renforcer l’unité entre nous ».
Paris a rejeté les accusations du chef de la diplomatie israélienne, des « propos parfaitement outranciers et parfaitement injustifiés », selon Christophe Lemoine, porte-parole du ministère français des Affaires étrangères.
« La France a condamné, la France condamne et la France continuera à condamner toujours et sans ambiguïté tout acte antisémite », a-t-il souligné.
En déplacement à Nice, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a répété que la France avait condamné « avec la plus grande fermeté cette abomination, cette attaque horrible qui a visé des diplomates israéliens ».
Il a fait savoir qu’il avait en outre adressé jeudi matin un message à son homologue israélien « pour lui dire à quel point j’étais peiné de ce qui s’est produit, à quel point je pensais aux familles de ces diplomates mais aussi à tous leurs collègues au ministère des Affaires étrangères israélien ».
« Cette violence aveugle n’a évidemment pas lieu d’être » et est « absolument condamnable », a ajouté le ministre français, soulignant la mobilisation du gouvernement français « pour assurer la sécurité des membres de la communauté juive dans notre pays ».
« Nous déplorons l’explosion des actes antisémites que nous avons constatés sur le territoire national ces dernières années mais nous luttons contre cette explosion avec la plus grande fermeté », a-t-il également assuré.