Gideon Saar : Un cessez-le-feu avec le Hezbollah devra résister à l’épreuve du temps
Le ministre des Affaires étrangères voit dans la proportion américaine une opportunité pour le Liban et réaffirme l’obligation d'Israël de garder une liberté d’action en cas de violations
Mercredi, à l’occasion d’une rencontre avec près de cent ambassadeurs étrangers à Jérusalem, le ministre des Affaires étrangères Gideon Saar a déclaré qu’Israël « aimerait parvenir à un accord qui résisterait à l’épreuve du temps » au Liban.
« Nous devons garder la liberté d’agir en cas de violations », a-t-il déclaré alors que les négociations sur un cessez-le-feu se poursuivent à Beyrouth.
« Et nous devrons agir à temps, avant que le problème ne s’aggrave. »
Israël insiste sur le fait qu’il frappera le Hezbollah, même en cas de signature d’un cessez-le-feu, s’il est attaqué ou s’il observe des tentatives du groupe terroriste chiite libanais d’envoyer des forces au sud du Fleuve Litani ou de se réarmer via la Syrie, la mer ou des aéroports civils.
Saar a qualifié le cessez-le-feu « d’opportunité » pour le Liban de retrouver sa souveraineté maintenant que le Hezbollah a été affaibli.
Il a également déclaré que l’armée libanaise devrait être renforcée et a exhorté la communauté internationale à investir dans ce pays criblé de dettes.
Les tentatives pour parvenir à un cessez-le-feu au Liban ont fait des progrès significatifs ces derniers temps, a déclaré au Times of Israel un diplomate étranger au fait des discussions. Il reste à Israël et au Liban à accepter la proposition.
« Beaucoup de chemin a été parcouru au cours de la semaine et des jours derniers », a déclaré le diplomate. « Toutes les parties sont intéressées par ce cessez-le-feu. »
« Il y a pratiquement un accord sur la table », a poursuivi le diplomate.
« Il appartient à toutes les parties de s’engager. Nous devons voir si toutes les parties veulent réellement cet accord. »
« C’est maintenant que l’occasion se présente. [L’envoyé spécial américain Amos] Hochstein a fait un travail incroyable. »
Le diplomate a déclaré que l’une des principales exigences israéliennes, à savoir la liberté d’agir contre le Hezbollah s’il viole les termes d’un cessez-le-feu, « sera reflétée dans les accords bilatéraux avec les États-Unis ».
En même temps, « il est largement entendu qu’Israël pourra reprendre ses opérations militaires en cas de violation ».
Un nouvel organe chargé de superviser l’évolution du cessez-le-feu sera créé, a ajouté le diplomate, et comprendra la France et les États-Unis. « Il faudra mettre en place des mécanismes supplémentaires et plus robustes pour garantir le respect des termes de l’accord. Il ne peut s’agir uniquement de la FINUL, qui n’a pas été pleinement efficace. »
Dans son troisième discours en tant que chef du Hezbollah, Naïm Qassem a déclaré que le groupe terroriste avait examiné une proposition américaine de cessez-le-feu et soumis sa réponse par l’intermédiaire du président du Parlement, Nabih Berri, et que la balle était maintenant dans le camp d’Israël.
Le discours du chef terroriste a été diffusé peu après que l’émissaire américain pour le Proche-Orient , Amos Hochstein, a annoncé qu’il se rendrait en Israël pour tenter d’obtenir un cessez-le-feu après avoir réalisé des « progrès supplémentaires » lors d’une deuxième rencontre avec Berri à Beyrouth.
Dans son discours préenregistré, Qassem a indiqué que le groupe terroriste ne dévoilerait pas sa position aux médias, mais qu’il adhérait à deux principes lors des négociations : une cessation complète des hostilités et la préservation de la souveraineté libanaise.
Qassem a déclaré que le Hezbollah autorisait la poursuite des pourparlers sur le cessez-le-feu et qu’il attendait de voir s’ils aboutissaient à des résultats.
« Grâce à cet accord, l’occupation [Israël] pensait pouvoir obtenir ce qu’elle n’a pas obtenu sur le champ de bataille, mais c’est impossible », a estimé Qassem.
Il a pour autant déclaré que le groupe terroriste allait attaquer le centre de Tel Aviv en réponse à la mort de son responsable des relations avec les médias, Mohammed Afif, lors d’une frappe israélienne sur un immeuble du centre de Beyrouth dimanche.
La frappe a été effectuée dans le quartier de Ras al-Nabaa, dans la partie centrale de la capitale libanaise, et non dans le bastion du groupe terroriste chiite libanais dans la banlieue sud.
Israël doit payer un « lourd tribut » pour cette élimination , a déclaré Qassem.
Le chef terroriste a juré que le Hezbollah avait les moyens de continuer à engager l’armée israélienne dans une longue guerre d’usure et que le groupe terroriste chiite libanais « paiera n’importe quel prix, car le prix augmentera aussi pour l’ennemi ».
Il a fait remarquer qu’Israël négocie également sous le feu de l’ennemi. « Lorsque l’ennemi n’atteint pas ses objectifs, cela signifie que nous avons gagné », a-t-il affirmé.
De plus, Qassem a rejeté l’idée qu’Israël puisse continuer à cibler le Hezbollah même après la conclusion d’une trêve, affirmant qu’Israël ne devrait pas être autorisé à violer la souveraineté du Liban.
Concernant l’impasse politique au Liban, Qassem a précisé que le groupe terroriste agirait en coopération avec d’autres forces politiques et « apporterait sa contribution à l’élection d’un nouveau président par le Parlement » après l’instauration d’un cessez-le-feu.
En soutien à son allié palestinien, le groupe terroriste palestinien du Hamas, le Hezbollah a commencé à lancer des roquettes et des attaques de drones sur Israël le lendemain de l’assaut barbare et sadique, forçant environ 60 000 Israéliens à évacuer leurs maisons. Les combats se sont intensifiés au gré des attaques du groupe terroriste chiite libanais, jusqu’à ce que l’armée israélienne ne lance une campagne de frappes aériennes massives le 23 septembre contre les bastions du Hezbollah à travers le Liban. Depuis le 30 septembre, Israël mène une opération terrestre dans le sud du pays, élargie aux zones côtières du sud-ouest.
Les attaques contre le nord d’Israël au cours de l’année écoulée ont entraîné la mort de 44 civils israéliens. En outre, 71 soldats et réservistes de l’armée israélienne ont perdu la vie lors d’affrontements transfrontaliers et de l’opération terrestre lancée dans le sud du Liban à la fin du mois de septembre.
Deux soldats ont été tués lors d’une attaque de drone depuis l’Irak, et plusieurs autres ont également eu lieu depuis la Syrie, sans qu’aucun blessé ne soit à déplorer.
Tsahal estime par ailleurs que près de 3 000 terroristes du Hezbollah ont été éliminés durant le conflit. Une centaine de membres d’autres groupes terroristes auraient également été tués au Liban.
Face à l’escalade, le groupe terroriste chiite libanais semble avoir cessé de publier les noms des éléments éliminés.