Gotliv: Levin devrait prendre le « relais » de la refonte à cause du conflit d’intérêts
La députée renégate juge que le Premier ministre ne peut pas intervenir légalement dans le processus politique en cours en raison de ses procès en cours

« Le Premier ministre Benjamin Netanyahu ne peut pas légalement intervenir dans le processus législatif de la refonte judiciaire en cours du gouvernement en raison d’un accord de conflit d’intérêts lui interdisant de travailler sur des questions liées au système judiciaire, et devrait passer le ‘relais’ au ministre de la Justice Yariv Levin », a déclaré dimanche la députée renégate du Likud Tally Gotliv.
« Netanyahu ne peut pas toucher au système judiciaire… Il est intrinsèquement en conflit d’intérêts, à un niveau personnel », a déclaré Gotliv dans une interview accordée à la chaîne de la Knesset.
Elle a rappelé qu’au mois de mars, un important avocat de l’équipe de défense de Netanyahu, Me Boaz Ben Tzur, aurait dit au Premier ministre qu’il ne le représenterait plus si le projet de remaniement du système judiciaire allait de l’avant. Gotliv a suggéré que, suite à cette menace, Netanyahu avait hésité à poursuivre.
« Il suffit que son avocat lui dise que s’il fait avancer la refonte, il cessera de le représenter », a-t-elle déclaré.
« À partir du moment où Ben Tzur n’a qu’à lui dire : ‘Si vous adoptez la réforme, je ne vous représenterais pas’, comment pouvez-vous être sûr que les considérations [du Premier ministre] seront louables ? »
Gotliv, avocate de profession, a ajouté que lorsque Netanyahu est « malheureusement » intervenu, il l’a fait en protégeant le système judiciaire actuel plutôt qu’en poussant au changement.
Elle a déclaré avoir longtemps plaidé pour que Netanyahu « passe le relais à Yariv Levin » sur cette question.
Le projet de refonte a déclenché des mois de manifestations de masse par des opposants qui avertissent qu’il érodera dangereusement le caractère démocratique d’Israël en affaiblissant la capacité des tribunaux à jouer leur rôle de contrepoids face à la Knesset et au gouvernement.

Au mois de mars, la procureure générale Gali Baharav-Miara a averti Netanyahu qu’il était en violation de l’accord sur les conflits d’intérêts qu’il avait signé en 2020 et qui lui interdisait de s’impliquer dans des affaires législatives susceptibles d’avoir une incidence sur son procès en cours pour corruption. L’avertissement a été donné en réponse à Netanyahu qui avait déclaré qu’il n’était pas lié par l’accord sur les conflits d’intérêts – après que la Knesset eut adopté une loi rendant plus difficile la destitution d’un Premier ministre en exercice – et qui a promis de s’immiscer dans la crise et de « réparer le fossé » au sein de la nation.
La Haute Cour a accepté d’entendre les recours sur la question à la mi-septembre.
Plus tôt dans la journée de dimanche, s’adressant à la chaîne publique israélienne Kan, Gotliv a nié l’existence d’une révolte au sein du Likud, concernant le rythme effréné de la refonte judiciaire, mais a déclaré que certains députés perdaient patience vis-à-vis du Premier ministre.
« Il n’y a pas de rébellion au sein du Likud, personne au Likud n’agit de son propre chef dans cette affaire », a-t-elle déclaré. « Netanyahu lui-même, comme je l’ai déjà répété et précisé à maintes reprises, place la refonte à la fin de sa liste de priorités – la refonte n’est pas sur la table. C’est pourquoi les députés s’expriment de cette manière. »
Toutefois, Gotliv a souligné que « nous ne sommes pas des rebelles et que je n’envoie pas de message ».
Netanyahu est jugé dans trois affaires de corruption. Il est accusé de fraude et d’abus de confiance dans les affaires 1 000 et 2 000, et de corruption, de fraude et d’abus de confiance dans l’Affaire 4 000, dans laquelle il est représenté par Me Ben Tzur. Il nie avoir commis des actes répréhensibles et affirme que les accusations ont été fabriquées dans le cadre d’un coup d’État politique, mené par la police et le ministère public.