Gouvernement d’unité : Manifestations aux domiciles de Shaked et d’Orbach
Les protestataires demandent aux députés de Yamina de s'opposer au "gouvernement du changement", le chef d'extrême-droite Smotrich, présent, évoque une "trahison"
Les activistes de droite ont manifesté, jeudi soir, aux abords des habitations d’Ayelet Shaked et de Nir Orbach, députés du parti Yamina, leur demandant de s’opposer au « gouvernement du changement » qui verrait se succéder au poste de Premier ministre le chef de leur formation Naftali Bennett et le leader du parti Yesh Atid, Yair Lapid.
Des centaines de personnes ont pris part au rassemblement au lendemain de l’annonce par Lapid qu’il est parvenu à rassembler une coalition au pouvoir – une coalition que le Premier ministre Benjamin Netanyahu et son bloc religieux de droite tentent de déjouer. Deux partis de droite ont rallié le « gouvernement du changement », Yamina et Tikva Hadasha, et le Likud exerce actuellement des pressions sur les députés des deux factions de manière à ce qu’ils fassent défection.
Si ce gouvernement devait être formé, il mettrait un terme aux douze années consécutives passées au poste de Premier ministre par le chef du Likud et rejetterait la formation actuellement au pouvoir et ses alliés dans l’opposition.
Lors de la manifestation qui a eu lieu aux abords du domicile de Shaked à Tel Aviv, le leader du parti Sioniste religieux d’extrême-droite, Bezalel Smotrich, ancien parlementaire de Yamina, a vivement recommandé à Shaked de revenir vers « ceux qui t’avaient accueillie et que tu avais toi-même accueillis, vers ceux en qui tu croyais et qui croyaient en toi… qui se sentent vraiment trahis aujourd’hui ».
Certains participants ont alors scandé le slogan « Scandale ! scandale ! » avant que Smotrich ne fasse revenir le silence. Ils ont entonné alors un chant sous la direction du député d’extrême-droite : « Ayelet, écoute-nous, le peuple d’Israël est vivant ! »
Présente lors des deux rassemblements, l’ancienne législatrice du Likud Osnat Mark, qui a accusé les anciens partenaires de coalition de Netanyahu, Bennett et Shaked, de « voler » le pays.
« C’est la plus grande fraude à laquelle dont j’ai pu être témoin ici en Israël », a-t-elle déclaré au site d’information Walla alors qu’elle se trouvait devant l’habitation de Shaked. Un petit groupe de contre-manifestants, apportant leur soutien au gouvernement potentiel – qui inclura des factions allant du parti Yamina pro-implantations jusqu’au Meretz de gauche et à Raam, une formation islamiste – s’était retrouvé à proximité.
Les protestataires ont brandi des pancartes à l’effigie de Shaked, Orbach et du député de Yamina, Idit Silman, sur lesquelles était écrit : « Stop ! Ne tendez pas la main à un gouvernement de gauche ». Ils ont aussi brandi des drapeaux oranges, rappelant la couleur utilisée par les opposants au démantèlement par Israël des implantations et au retrait de Gaza, en 2015.
Les factions qui constituent le gouvernement du changement représentent une mince majorité de 61 députés à la Knesset, forte de 120 membres, ce qui signifie que l’opposition d’un seul député peut anéantir ses chances d’être approuvé.
Orbach a semblé signaler après une réunion avec Bennett qui a eu lieu jeudi qu’il resterait aux côtés du leader de Yamina et qu’il voterait en faveur du gouvernement possible après avoir réfléchi, ces derniers jours. Orbach avait longtemps exprimé sa réticence face à la coalition en cours de formation mais il avait promis de démissionner de la Knesset plutôt que de voter contre son bloc.
Avant les manifestations, le fils de Netanyahu a fait savoir qu’il avait été suspendu pour 24 heures sur Facebook après avoir partagé une affiche annonçant le regroupement prévu aux abords de la maison d’Orbach.
« Les Bolchéviques de Facebook m’ont bloqué 24 heures à cause de cette publication ! Les grandes entreprises, l’État profond et le pseudo-système de la justice – alliés à leurs marionnettes du nouveau gouvernement – entraînent Israël vers une période très obscure. Espérons que tout cela ne se terminera pas par des goulags », a écrit Yair Netanyahu sur Twitter.
Sur le même tweet, un drapeau aux couleurs de la Corée du nord et une capture d’écran Facebook disant qu’il lui était interdit de poster un statut ou de rédiger un commentaire pendant 24 heures.
Yair Netanyahu, connu pour ses publications incendiaires sur les réseaux sociaux et qui écrit fréquemment des tweets fustigeant et raillant ceux qui, selon lui, s’en sont pris à lui ou à sa famille, n’a pas précisé la raison de son blocage par le réseau social. Il n’y a pas eu de commentaire de la part de Facebook.
Les règles de confidentialité de Facebook prévoient la suppression des contenus partageant les informations personnelles sur des individus, et notamment leurs adresses. L’affiche partagée par Yair Netanyahu en contenait une.
Le Likud avait vivement recommandé à ses partisans de se rassembler au domicile de Shaked, partageant un prospectus sur son compte Twitter qui faisait part de l’adresse de la députée de droite. La formation de Netanyahu n’a pas publié le prospectus sur Instagram – qui appartient à Facebook.
Les mouvements de protestation dénonçant le dit « gouvernement du changement » ont été particulièrement importants ces derniers jours, devant les habitations des ministres qui pourraient y tenir un poste – Bennett, les députés de Yamina et devant chez Tamar Zandberg, du Meretz. Ces regroupements ont compris des activistes pro-Netanyahu, des familles de victimes du terrorisme de droite et de jeunes membres du mouvement national-religieux.