Hallel Ariel, une « princesse en blanc » inhumée à Hébron
Dans leurs éloges funèbres, les politiciens et le rabbin ont parlé de construction et d'annexion, alors que la maman, Rina, a remercié Dieu pour les 13 ans 'avec la lumière de [sa] vie'
Judah Ari Gross est le correspondant du Times of Israël pour les sujets religieux et les affaires de la Diaspora.

KIRYAT ARBA – La procession funèbre de Hallel Yaffa Ariel a commencé à quelques mètres de l’endroit où elle a été brutalement poignardée à mort.
Jeudi soir, la dépouille de la jeune fille de 13 ans a été recouverte d’un linceul et déposée sur une civière devant la porte du domicile de sa famille dans l’implantation de Kiryat Arba près de Hébron.
Entourée par des amis et sa famille, Rina, la mère de Hallel s’est penchée sur elle, pleurant la fille qu’elle a perdu. Son père, Amichai, a commencé la cérémonie par le Kaddish des endeuillés, la prière juive pour les morts.
Hallel était une danseuse. L’élève de quatrième voulait devenir zoologiste quand elle serait grande.
Muhammad Nasser Tarayrah, un Palestinien de 17 ans, du village palestinien voisin de Bani Na’im, lui a pris ce rêve.

Après s’être introduit dans la maison par une fenêtre, Tarayrah est entré dans la chambre que Hallel partageait avec ses sœurs et l’a poignardée à plusieurs reprises. Hallel, épuisée par un spectacle de danse de la veille, était encore au lit quand Tarayrah a lancé son attaque.

Lorsque les secours sont arrivés, elle ne respirait pas. Elle a été déclarée morte à l’hôpital Shaare Zedek de Jérusalem un peu plus tard.
A 13 ans, elle est la plus jeune victime dans la « vague de terreur » qui s’abat sur Israël depuis septembre de l’année dernière.
Depuis la maison de la famille, le cortège s’est rendu dans la cour d’une école dans la rue.

Des éloges funèbres pour Hallel ont été prononcés par deux ministres, un député et le rabbin de l’implantation. Mais ce furent sa professeur de danse et sa mère qui firent frissonner l’assistance.
Les discours des politiciens et du rabbin semblaient plus destinés à la foule et aux caméras de télévision qu’à la fille de 13 ans gisant à côté d’eux.
Leurs éloges ont commencé à propos de Hallel, mais après quelques lignes sont passés à des appels pour la construction dans les implantations, à des accusations de culpabilité de Mahmoud Abbas, ou à la nécessité pour le gouvernement de traiter les terroristes d’une main plus forte.

« Tu n’aurais pas dû être ici aujourd’hui. Tu aurais dû danser ou faire du bénévolat », a dit le ministre de l’Éducation Naftali Bennett.
Il a poursuivi : « Nous allons construire à Sarona et à Kiryat Arba, à Jaffa et à Jérusalem, à Itamar et à Beer Sheva ».
Le ministre de l’Agriculture Uri Ariel – un cousin de Hallel – a également souligné la nécessité de construire « plus que jamais » dans les implantations, et a appelé Israël à déclarer sa souveraineté sur la Cisjordanie.
Le député Yehuda Glick (Likud) a commencé son éloge avec émotion, criant à Dieu, disant qu’il y avait eu « suffisamment de parents qui avaient enterré leurs enfants et d’épouses qui avaient enterré leurs maris ».
Mais son discours a également dévié vers des appels à l’annexion de la Cisjordanie par Israël et pour que les Juifs puissent monter sur le mont du Temple.
Le leader religieux controversé de l’implantation, le rabbin Dov Lior, a parlé le plus longuement, mais la majorité de son intervention n’a pas évoqué Hallel, mais ce qu’il considérait comme la faiblesse d’Israël face aux Palestiniens.
« Bien sûr, Dieu vengera la mort [de Hallel], et la mort des autres personnes tuées par ces scélérats. Mais cela n’excuse pas le gouvernement qui n’utilise pas la force dont il dispose. Nous avons une armée. Nous avons des forces de sécurité », a déclaré Lior.

C’est Esther Marom, la prof de danse de Hallel qui a parlé le plus longuement de son élève – une « princesse en blanc ».
« Hier, tel un oiseau blanc, tu as dansé la danse de ta vie », a dit Marom.
A partir du moment où Marom a commencé son éloge, des gémissements et des cris ont commencé à émaner de la foule. Elle parlait avec des larmes et une voix tremblante.
« Au moment de l’agression, avant que ta mère ne sache ce qui se passait, elle m’a envoyé un message qui était si long et si fier, dans lequel elle a écrit : ‘Félicitations, votre classe est devenue un point d’ancrage pour [Hallel] et quelque chose au centre de sa vie », a confié Marom.
« Je lui ai répondu,’Je vous remercie beaucoup, et Hallel est formidable’. » « Une minute plus tard, les premières informations sur l’attaque terroriste sont apparues. Je ne pouvais pas comprendre. Comment ? Comment est-ce possible ? »

Puis c’est Rina, la mère de Hallel, qui a laissé la foule abasourdie et en larmes.
« Comment dire adieu à un enfant de 13 ans ? » a-t-elle pleuré. « Quels sont les mots qui permettent de faire l’éloge d’une fleur, d’une âme pure, d’une fille pleine d’énergie, d’une jolie fille ? »
La mère endeuillée en larmes a remercié Dieu pour les 13 ans qu’Il lui avait donnés « avec la lumière de ma vie », puis a prié Dieu que « ce soit la dernière victime. Assez! »
Rina Ariel a appelé les personnages bibliques à veiller sur sa fille au ciel. Elle a demandé à Miriam, la sœur de Moïse, de « faire un peu de place à côté du siège de Dieu, afin que Hallel puisse danser ».

À un moment donné, elle s’est effondrée, a donné « une dernière étreinte » au corps de sa fille et a récité la prière du Shema.
Hommes et femmes dans la foule pleuraient ouvertement à la douleur de la mère.

Avec le coucher du soleil, le cortège a continué son chemin vers le cimetière juif d’Hébron.
Les tensions à Hébron n’étaient jamais loin des esprits pendant la procession. Les personnes en deuil sont arrivées en autobus et en voiture aux parkings de la ville voisine à majorité palestinienne. De là, ils ont marché à pied à travers les rues barrées sous la protection de soldats de Tsahal, de policiers et de gardes privés armés.
En arrière-plan, le coup de canon et les chansons marquant la fin du jeûne du Ramadan pouvaient être entendus lorsque les habitants musulmans d’Hébron ont commencé leurs repas de l’iftar.
Hundreds gathered and singing during the burial of Hallel Yaffa Ariel in the Jewish cemetery in Hebron. pic.twitter.com/ASB74x6c3X
— Judah Ari Gross (@JudahAriGross) June 30, 2016
Après un peu plus d’une heure, Rina et Amichai Ariel ont quitté la sépulture de leur fille. L’assistance s’est scindée en deux pour eux alors qu’ils sortaient du cimetière, s’arrêtant tous les quelques mètres pour étreindre un ami ou membre de la famille.
Lorsque les centaines de personnes venues à l’enterrement ont commencé à vérifier leurs téléphones après la cérémonie, ils ont appris qu’une autre attaque au couteau avait eu lieu le soir, à Netanya.

Pendant que les Ariel enterraient leur fille, un Palestinien de Tulkarem avait poignardé un homme et une femme dans la ville côtière, les blessant sérieusement.
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