Harcelée sexuellement, rescapée d’une frappe aérienne : l’ex-otage Ori Megidish se confie
La soldate dit avoir été touchée par un membre du Hamas et avoir réchappé à la chute d'une bombe de Tsahal ; blessée, elle aurait été soignée dans un hôpital de Gaza sans anesthésie

Pour la première fois, la soldate Ori Megidish, première otage israélienne secourue dans la bande de Gaza suite au pogrom du 7 octobre 2023, est revenue sur ce qu’elle a vécu, à commencer par le harcèlement sexuel subi de la part d’un garde du Hamas, de la mort à laquelle elle a réchappé lors d’une frappe aérienne et de la façon dont les médecins l’ont soignée à l’hôpital, à Gaza.
Megidish s’est entretenue avec la Douzième chaîne dans le cadre d’une interview pré-enregistrée et diffusée mercredi soir, le jour-même où les familles des derniers otages de Gaza marquaient le 600ème jour depuis le pogrom du Hamas au cours duquel ils ont été enlevés.
« Chaque jour durant ces 23 jours, j’ai eu peur de mourir », a déclaré Megidish à propos du temps passé en détention avant d’être secourue. « Cela ne m’a pas quitté un instant. C’est une peur indicible. »
Megidish a été enlevée sur la base de Nahal Oz par des hommes armés du Hamas. Au total, 53 soldats ont été tués par le Hamas dans cette base et d’autres ont été pris en otage.
Megidish a expliqué que, le jour du pogrom, elle s’était réfugiée, en compagnie d’autres personnes, à l’intérieur d’un abri anti-aérien situé sur la base, sur lequel les terroristes du Hamas ont fini par tirer une grenade. Lorsqu’elle a levé les yeux, elle a vu une soldate qu’elle ne connaissait pas, vêtue d’un pyjama, à genoux, en train de tirer sur les terroristes.
« C’est mon héroïne », a-t-elle soufflé.

Selon la chaîne N12, cette soldate n’est autre que la capitaine Eden Nimri, 22 ans, qui s’est positionnée à l’entrée de l’abri et a riposté contre les assaillants avant de se faire tuer, comme de nombreuses autres personnes à l’intérieur.
Megidish a expliqué qu’une trentaine voire une quarantaine de terroristes avaient pénétré dans l’abri dans un état d’ « euphorie », souriant aux soldats qui y avaient trouvé refuge.
« Je n’oublierai jamais leur sourire », a-t-elle confié. « Je ne sais plus à quoi ils ressemblent, mais je me rappelle leur sourire. Ils nous ont regardés et ont décidé de qui vivrait et de qui mourrait. »
Faisant ce qu’elle a qualifié d’ « erreur », elle a fixé son regard sur l’un des terroristes qui l’a prise avec lui et l’a forcée à monter à bord d’un véhicule. Elle ne le savait alors pas, mais à l’arrière de ce même véhicule se trouvait son amie Noa Marciano.

Une autre soldate, Naama Levy, a elle aussi été forcée de monter à bord du véhicule et les trois femmes ont été conduites à Gaza, où Megidish et Levy ont été séparées de Marciano.
Megidish a été conduite dans un appartement. Parmi ses gardes, l’un d’entre eux, qu’elle surnomme « le patron », était particulièrement troublant.
« Il ne me regardait pas normalement », a-t-elle dit avant de confier de quelle manière le terroriste lui touchait ses parties intimes, chaque fois qu’il passait, ou demandait régulièrement à voir sa blessure à la poitrine « pour se rincer l’œil ».
Compte tenu des circonstances, a-t-elle admis, elle n’a pas pu s’opposer à ses avances.
Au début, a-t-elle expliqué, elle n’y a pas trop prêté attention, mais quelques mois plus tard, « j’ai accepté que c’était bel et bien du harcèlement sexuel, ce dont j’ai souffert, même si ce n’est pas une honte. »
« Je sais que je n’ai rien à me reprocher, que je ne pouvais rien y faire », a-t-elle confié. Ce qui ne l’empêche pas de se demander : « Et si j’avais fait ci ou ça ? Dieu seul sait ce qui se serait passé si nous étions restés plus longtemps dans cet appartement. »

Comme tant d’autres ex-otages, Megidish a évoqué sa peur d’être tuée en captivité lors d’une frappe aérienne israélienne. Pour son troisième samedi à Gaza, une bombe a touché le toit de l’appartement à l’intérieur duquel elle se trouvait, ce qui a déclenché un incendie et tué l’un de ses gardes, sans oublier la fracture du crâne dont elle a été victime.
Le « patron » l’a transportée vers un hôpital des environs, où elle a commencé à faire un malaise. « Toute la pièce tournait », a-t-elle confié. Un médecin, qui s’est adressé à elle en anglais, lui a expliqué qu’il allait lui recoudre la tête et le visage, avant de le faire sans aucune anesthésie.
« La douleur était indicible », a-t-elle confié en ajoutant que le personnel hospitalier lui disait de se taire et de ne pas crier.
Après une nuit passée à l’hôpital, elle a été emmenée par d’autres terroristes dans un autre appartement. Ses ravisseurs lui ont dit que si les soldats israéliens tentaient de la sauver, ils la tueraient, ce qui lui a fait redouter une tentative de sauvetage.

C’est pourtant ce qui est arrivé, aux premières heures du jour, le 20 octobre, alors qu’elle dormait.
« J’ai entendu des tirs et j’ai réalisé qu’il se passait quelque chose », a-t-elle expliqué en expliquant ce qu’elle avait fait pour se cacher derrière un réfrigérateur, recroquevillée, les mains sur les oreilles.
« J’ai crié en hébreu, je ne sais pas pourquoi, mais je me suis doutée que c’était une opération sauvetage », a-t-elle indiqué. Puis un homme, qu’elle a décrit comme ressemblant à un local, s’est présenté devant elle.
« Cela aurait très bien pu être quelqu’un venu m’enlever, mais je l’ai suivi. Il m’a emmenée et nous avons couru », a-t-elle poursuivi.
Ils sont ensuite montés à bord d’un véhicule et sont partis. À l’intérieur, les hommes lui parlaient en hébreu. Le soldat qui l’avait conduite jusqu’à la voiture a regardé si elle était blessée.
« Je me souviens que j’ai échangé un regard avec lui et j’ai vu à quel point il était ému. Ce n’est qu’une fois revenue à ma vie que j’ai compris que pour les gens qui m’ont secouru, ce fut un moment de répit après une période difficile. »
Megidish n’est pas autorisée à évoquer tous les détails de son sauvetage, a précisé la chaine N12.

Depuis son retour, Megidish passe beaucoup de temps à la maison, à faire des Lego. De son propre aveu, elle qui est timide a du mal à faire face à toute l’attention qu’on lui témoigne, aussi bien intentionnée soit-elle.
Elle a également fait l’objet de fausses rumeurs, a-t-elle expliqué, dont celle d’une possible grossesse à son retour de Gaza.
« Cela m’a énervée. Je sais ce qui est vrai et ce qui ne l’est pas », a-t-elle tranché.
Megidish a également admis que son retour n’avait pas été évident, dans la mesure où son amie, Marciano, était toujours à Gaza.
« J’avais hâte qu’elle revienne pour que l’on puisse en parler », a-t-elle poursuivi. Mais les choses se sont passées autrement.
L’armée israélienne a en effet déclaré que Marciano avait été blessée par une frappe aérienne de l’armée israélienne le 9 novembre, alors qu’elle était détenue à Gaza, puis emmenée à l’hôpital Shifa dans la bande de Gaza, où elle a été assassinée.
« D’après ce que j’ai compris, la frappe l’a effectivement blessée : son état de santé était désespéré et les médecins ont décidé de mettre fin à ses jours », a confié Megidish.
« Nous avons une histoire assez semblable, mais avec une fin bien différente. Au début, cela m’a beaucoup perturbée – pourquoi avait-elle fini ainsi, et moi comme ça ? »
Le 14 novembre 2023, l’armée a officiellement déclaré Marciano morte, et le 16 novembre, elle a annoncé le rapatriement de sa dépouille en Israël, inhumée à Modiin le 17 novembre.
Plus d’un an plus tard, le 25 janvier 2025, Naama Levy, 20 ans, a été libérée à la faveur d’un cessez-le-feu assorti de la libération d’otages. Les organisations terroristes de la bande de Gaza détiennent 58 otages, dont 57 des 251 enlevés par des terroristes dirigés par le Hamas le 7 octobre 2023.
Parmi eux, 35 seraient morts, confirmés par l’armée israélienne, et 20 vivants. L’état de santé de trois de ces otages posent particulièrement question, estiment les autorités israéliennes.