Israël en guerre - Jour 623

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Hausse des bénéfices des grandes banques dopés par le crédit et l’augmentation des frais en temps de guerre

Alors que particuliers et entreprises souffrent du coût élevé de la vie et de la hausse des taux d'intérêt, aux prises à un fort besoin de crédit du fait de la guerre, les banques Hapoalim et Leumi engrangent de gros bénéfices

Sharon Wrobel est journaliste spécialisée dans les technologies pour le Times of Israel.

Illustration : Des Israéliens devant la banque Leumi à Jérusalem, le 16 novembre 2014. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)
Illustration : Des Israéliens devant la banque Leumi à Jérusalem, le 16 novembre 2014. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Les deux plus grandes banques d’Israël ont commencé les premiers mois de l’année sur une excellente note, avec des bénéfices records aux antipodes de la situation économique des entreprises et ménages israéliens aux prises avec une hausse des taux d’intérêt liée à la guerre contre l’organisation terroriste du Hamas qui dure désormais depuis des mois.

À l’heure où le coût de la vie s’envole et où de nombreux ménages peinent à finir le mois, la banque Hapoalim a annoncé cette semaine un bénéfice en hausse de 25 %, à 2,42 milliards de shekels, et la banque Leumi une augmentation au premier trimestre par rapport à la même période en 2024.

Ces importants bénéfices sont dopés par des taux d’intérêt élevés qui ne font que gonfler les revenus des prêteurs grâce aux intérêts et aux divers frais acquittés par les emprunteurs.

Depuis le début de la guerre contre le Hamas, qui a commencé par le pogrom commis par le Hamas le 7 octobre 2023, la Banque d’Israël n’a baissé ses taux d’intérêt qu’à une seule reprise, en janvier 2024, dans un environnement inflationniste élevé. Depuis lors, le loyer de l’argent est resté à 4,5 %, ce qui s’est traduit pour les ménages et entreprises par un renchérissement des coûts liés à l’emprunt.

Depuis 2022, la Banque centrale n’a cessé d’augmenter les coûts de l’emprunt, ce qui a permis aux banques commerciales de relever fortement ses taux hypothécaires et autres taux de prêt, ce qui a érodé le revenu disponible des ménages, par ailleurs confrontés au ralentissement d’une économie malmenée par la guerre.

Bien qu’elles aient bénéficié de la hausse des taux hypothécaires et des prêts, les banques israéliennes ne sont pas parvenues à inciter au relèvement du taux de l’épargne de ses clients.

« Si l’on rapporte les bénéfices élevés des banques, au premier trimestre, par rapport à la situation de l’année précédente ou celle d’avant, on s’aperçoit que rien n’a vraiment changé », explique au Times of Israel Moshe Kashi, directeur du service Finances du groupe de défense Lobby 99. « La principale raison qui fait que les banques engrangent de tels bénéfices est liée à la marge d’intérêt élevée – la différence entre les intérêts perçus sur les prêts et hypothèques et les intérêts payés sur les dépôts et autres véhicules d’épargne. »

La Banque Leumi a annoncé mardi une hausse des recettes liées aux taux d’intérêt de l’ordre de 6,6 % au premier trimestre 2025 avec 4,02 milliards de shekels contre 3,77 milliards de shekels l’an dernier à la même période. Les recettes tirées des commissions sont elles de l’ordre d’1,02 milliard de shekels, en hausse de 9,2 %. Les prix des logements ou hypothèques ont augmenté de 10,4 % et le crédit aux particuliers de 3,4 % au premier trimestre.

Moshe Kashi, directeur du département des finances du groupe de défense Lobby 99. (Autorisation)

En début de semaine, la Banque Hapoalim a annoncé une hausse de 12 % de ses recettes nettes d’intérêts, avec près de 4.28 milliards de shekels par rapport à l’an dernier, et un montant de commissions perçues de l’ordre d’1,06 milliard de shekels, en hausse de 9 %.

Kashi explique la forte contrainte qui pèse sur les taux et les frais par l’importante concentration du secteur des banques commerciales qui contrôlent le marché et le manque de concurrence dans ce domaine.

Le système bancaire israélien est très concentré et cinq grandes banques – Leumi, Hapoalim, Mizrahi Tefahot, Israel Discount Bank et First International Bank of Israel – dominent le marché.

« En Israël, le coût de la vie élevé est perceptible dans la quasi-totalité des produits et services que nous consommons, mais lorsqu’il s’agit de produits et services financiers, c’est encore pire », poursuit Kashi.

« Pour un client, le fait de payer 0,5 % d’intérêts en plus, cela fait une différence de plusieurs milliers de shekels par an ; alors même que plus de transparence, une meilleure disponibilité d’instruments comparatifs et autres outils technologiques permettraient d’obtenir de meilleurs taux et de faire d’importantes économies. »

Face au tollé provoqué par l’apparente cupidité des banques et aux pressions de certains députés proposant de légiférer afin de limiter les bénéfices, la Banque Centrale d’Israël a demandé en début d’année aux banques israéliennes de proposer un plan d’aide financière de 3 milliards de shekels pour les deux prochaines années afin d’alléger la charge financière des ménages et des entreprises, avec des avantages ponctuels, des exonérations et de meilleurs taux d’intérêt améliorées, le tout soumis à condition.

« Ce n’est pas ainsi que le marché devrait fonctionner », ajoute Kashi. « Il devrait être fondé sur la concurrence et non sur la concentration de banques qui génèrent des bénéfices excessifs, avec un régulateur qui leur demande gentiment de redonner un peu d’argent aux clients. »

« Un peu comme ces enfants qui pleurent pour obtenir un gros jouet et auxquels on donne un caramel pour qu’il arrête de pleurer », poursuit-il.

Le régulateur bancaire Daniel Hahiashvili s’exprimant lors d’une conférence de presse, à Tel Aviv, le 19 mai 2025. (Crédit : Sharon Wrobel/Times of Israel)

« Pendant des années, le régulateur n’a absolument rien fait, et ce n’est que ces derniers mois, sous la pression publique et la menace de légiférer agitée par des politiciens désireux de faire quelque chose pour les consommateurs, que nous avons vu fleurir quelques initiatives de peu d’ampleur », regrette Kashi.

Il salue une initiative récente de la supervision bancaire de la Banque d’Israël et du ministère des Finances destinée à limiter les obstacles afin de favoriser l’entrée de nouveaux acteurs sur le marché – y compris les fintech – ce qui, assure-t-il, donnera un marché bancaire plus diversifié et davantage de concurrence.

Le superviseur bancaire, Daniel Hahiashvili, a déclaré lundi qu’une commission interministérielle travaillait en ce moment-même sur un projet de loi permettant d’octroyer des licences à de nouvelles petites banques et entités non bancaires capables de proposer des instruments de crédit et d’épargne, ce qui devrait amener les acteurs du marché à offrir des conditions et services tout à la fois meilleurs et plus compétitifs.

« Une autre initiative a vocation à permettre aux clients de choisir des dépôts proposés par des prêteurs locaux sans avoir besoin d’ouvrir un compte bancaire », explique Kashi. « Depuis fin 2024, les banques se doivent d’informer leurs clients dont le compte est excédentaire d’au moins 15 000 shekels et leur proposer des dépôts rémunérés. »

« Il faut sensibiliser la population aux services bancaires et outils d’épargne qui leur sont proposés, afin qu’ils aient un réel pouvoir de négociation sur les frais et soient en mesure de comparer et d’obtenir les taux d’intérêt les plus bas », ajoute-t-il.

Kashi souligne qu’Israël doit par ailleurs procéder à des changements structurels afin de se doter d’un environnement bancaire plus ouvert offrant aux consommateurs un meilleur choix de services financiers.

Une vue des bureaux de la Bank Hapoalim, dans le centre de Tel Aviv, le 4 août 2015. (Crédit : Miriam Alster/ FLASH90)

« Dans le système actuel, lorsque vous ouvrez un compte dans une banque, vous recevez la plupart des services financiers, tels que les dépôts, les prêts, etc., de la part de ce même prêteur », souligne Kashi. « Dans un environnement bancaire ouvert, les consommateurs pourront choisir des services et instruments bancaires auprès de différentes banques et entités non bancaires, comme dans un supermarché de produits bancaires. »

« Les changements structurels nécessaires à l’entrée sur le marché de nouvelles banques ainsi que l’avènement d’un système bancaire ouvert ou la transparence en matière de produits bancaires et enfin la sensibilisation des consommateurs aux outils de comparaison sont les principaux facteurs de concurrence, mais cela ne se fera pas du jour au lendemain », conclut-il.

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