Dix ans après les tueries de Toulouse, Macron et Herzog honorent les victimes
Après une rencontre à Paris, les chefs d'Etat se sont envolés pour Toulouse où ils ont rencontré enseignants et élèves présents dans l'école au moment de l'attaque
Dix ans après les attentats de Mohamed Merah qui ont fait sept morts, dont des enfants juifs, Emmanuel Macron et le président israélien, Isaac Herzog, ont rendu hommage, dimanche à Toulouse, aux victimes de « la barbarie »
Le président Isaac Herzog et son épouse Michal sont arrivés dimanche en début d’après-midi à Paris.
Lors d’une rencontre avec le président français Emmanuel Macron, Herzog aurait évoqué avec Macron les funérailles du défunt dirigeant haredi, le rabbin Chaim Kanievsky, qui se déroulaient à Bnei Brak simultanément à l’entretien entre les deux chefs d’Etat, selon un communiqué du bureau du président.
Après leur entretien à Paris, Macron et Herzog se sont envolés ensemble pour Toulouse afin de participer à une cérémonie marquant les 10 ans de l’attentat terroriste qui avait coûté la vie à Jonathan Sandler, Arié Sandler, Gabriel Sandler, and Myriam Monsonego.
« Nous sommes là ensemble pour ceux qui ont été frappés par la barbarie pour leur dire que nous les soutenons », a souligné le président français en clôturant une cérémonie émouvante, aux côtés de son homologue israélien et ses prédécesseurs, Nicolas Sarkozy et François Hollande.
Un communiqué du bureau d’Herzog a indiqué que lui et son homologue français Emmanuel Macron « ont déposé une gerbe au monument commémorant les victimes de l’attaque, se sont levés pour une minute de silence, puis ont rencontré des enseignants et des élèves qui étaient présents dans l’école au moment de l’attaque. »

« Les présidents ont entendu les familles évoquer leur lourde perte, les défis qui les ont accompagnées au cours de la dernière décennie et le renforcement de la communauté juive de Toulouse après la catastrophe, et ils les ont réconfortées », ajoute le communiqué.
En milieu d’après-midi, les deux présidents ont déposé une gerbe dans la cour de l’école Ohr Torah (anciennement école Otzar Hatorah), au pied de « l’Arbre de vie », un monument en hommage aux victimes.
Dimanche matin, avant l’arrivée de MM. Macron et Herzog, la cour de l’école s’est d’abord remplie d’anciens élèves, témoins de l’attaque, venus des quatre coins du monde pour une cérémonie poignante autour du rabbin et directeur de l’établissement, Yaacov Monsonego, dont la fille Myriam a péri sous les balles de Mohamed Merah.
Avant le discours des deux présidents, Samuel Sandler, père et grand-père de Jonathan, Gabriel et Arié, tués en mars 2012, a pris la parole devant quelque 200 personnes.
« Depuis ce carnage, je vis sous anesthésie, comme un fantôme. Leur absence me hante », a-t-il dit devant une assistance bouleversée, estimant que « la guerre » contre les siens, les juifs, « n’a jamais cessé ».

Le 19 mars 2012, vers 08H00, à l’école juive Otzar Hatorah, rebaptisée Ohr Torah, deux enfants, Myriam Monsonego, 7 ans, et Gabriel Sandler, 3 ans, ont été abattus à bout portant dans la cour de récréation par Mohammed Merah, un délinquant radicalisé âgé de 23 ans.
Quelques secondes avant, Arié Sandler, 6 ans, et son père Jonathan Sandler avaient également succombé aux balles du tueur au scooter.
Celui-ci avait démarré son périple meurtrier une semaine plus tôt pour abattre, à Toulouse puis Montauban, trois militaires, Imad Ziaten, Abel Chennouf et Mohamed Legouad, et provoquer des blessures irréversibles à un quatrième soldat, Loïc Liber, devenu tétraplégique.
Dénonçant des « raids diaboliques », rendant hommage aux victimes une par une, Emmanuel Macron a rappelé que « ce jour-là, pour la première fois en France, une école était le champ de bataille du fondamentalisme islamiste ».
Au-delà des « vies innocentes fauchées », c’est un « pays tout entier qui était frappé au cœur par la folie destructrice et la religion trahie », a-t-il dit.
« Continuer sans relâche »
En arrivant sur les lieux quelques heures plus tard, Emmanuel Macron a donné une longue accolade au directeur de l’établissement. Le couple Herzog s’est ensuite joint au dirigeant français et à son épouse, Brigitte Macron, pour rencontrer le directeur de l’école Yaacov Monsonego et son épouse, Yaffa, qui ont perdu leur fille de huit ans, Myriam, dans le massacre.

« Anéantir l’antisémitisme »
Ces « enfants purs et innocents », tués par « un vil assassin, plein d’une haine brûlante », « Dieu les vengera », a souligné de son côté le président israélien.
Mais, a ajouté M. Macron, « nous sommes plus forts que les terroristes, nous tenons, nous n’avons pas baissé la tête, nous n’avons pas baissé les bras » face à « ce défi de nos générations auquel nous ne céderons rien ».
« Nous sommes ensemble pour vaincre le terrorisme sous toutes ses formes et anéantir l’antisémitisme, y compris celui qui se cache sous le masque de l’antisionisme », a insisté le président français.
Près de 2 000 personnes étaient invitées pour ces cérémonies organisées par le Conseil Représentatif des Institutions Juives de France (Crif).

Emmanuel Macron avait indiqué qu’il acceptait l’invitation dans un discours lu lors du dîner du Crif fin février à Paris, en appelant à une « mobilisation générale de toute la société » pour lutter contre l’antisémitisme, et promettant de « continuer le combat » « sans relâche ».
Il y a dix ans, la série d’attaques de Mohamed Merah, qui allait revendiquer les attentats au nom d’Al-Qaïda, avait généré l’effroi.
Plusieurs centaines d’enquêteurs avaient été mobilisés pour identifier l’auteur qui a basculé dans le fondamentalisme lors de séjours en prison, mais est passé sous les radars de l’antiterrorisme.
Dans la nuit du 20 au 21 mars, Mohammed Merah, qui s’était retranché dans un appartement, a été abattu lors d’un assaut donné par le RAID, commando d’élite de la police française.
Les attaques de Toulouse et Montauban (sud-ouest), survenues quelques jours avant l’élection présidentielle lors de laquelle s’affrontaient le président sortant Nicolas Sarkozy et le leader socialiste François Hollande, avaient marqué le début d’une série d’attaques terroristes en France, avec notamment ceux visant Charlie Hebdo, le Bataclan, l’Hyper Casher.
Tal Schneider a contribué à cet article.
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