HRW : l’acteur libanais accusé à tort d’espionnage pour Israël a été torturé
Le groupe de défense a publié les détails de la détention de Ziad Itani, qui a subi des violences jusqu'à ce qu'il avoue un crime qu'il n'avait pas commis
Un groupe de défense des droits de l’Homme a publié lundi un temoignage de l’arrestation et de la torture d’un acteur libanais, qui aurait été accusé d’être un espion pour le compte d’Israël, avant d’être innocenté et relâché.
Human Rights Watch a publié ces détails après avoir interviewé Ziad Itani après sa libération en mars. Il avait été accusé à tort d’espionnage en novembre 2017.
Pendant six mois, des hommes en civil « le battaient régulièrement, le ligotaient, le pendaient par les poignées, les frappaient au visage, menaçaient de le violer, menaçaient sa famille physiquement et par des moyens juridiques », a déclaré le groupe de défense.
Itani a confié au groupe HRW qu’il était détenu par des hommes en civil, dans ce qui ressemblait à un « centre de détention non-officiel ». Ce n’est qu’après avoir signé des aveux, après plusieurs jours de violences, qu’il a été déféré devant un tribunal militaire.
« Les autorités libanaises devraient mener une enquête impartiale en profondeur sur les accusations portées contre Itani, sur sa disparité et sur sa torture, entre les mains de la Sûreté générale », a ajouté le groupe.
L’organisation a dit s’être entretenu avec Itani en mars, après sa libération, mais que l’acteur avait demandé à ce que les détails ne soient pas publiés à ce moment.
Relaxe de Ziad Itani, mandat d'arrêt contre Suzanne Hajj – https://t.co/GmjosIBn0F@Odiaspora_org pic.twitter.com/Ie7tc90QF5
— odiaspora.org (@Odiaspora_org) March 13, 2018
Fin mai, une responsable de la police a été inculpée par un tribunal libanais pour avoir « fabriqué » des accusations à l’encontre d’Itani.
La colonelle Suzanne El-Hajj, ex-directrice du bureau de lutte contre la cyber-criminalité au sein des forces de sécurité libanaises, a été inculpée par un tribunal militaire sur l’accusation d’avoir « fabriqué l’affaire de collaboration avec Israël de l’acteur Ziad Itani », a dit la source judiciaire.
Mme Hajj avait été arrêtée le 2 mars, sur la base de soupçons de fabrication de fausses conversations entre M. Itani et une femme israélienne.
Une source proche de l’enquête a déclaré que Hajj souhaitait se venger d’Itani, après qu’il a mis en évidence le fait qu’elle a « aimé » une publication controversée sur Twitter l’an dernier, qui lui avait valu une rétrogradation.
Les Libanais ont été secoués par les allégations selon lesquelles Itani aurait avoué avoir été chargé « de surveiller un groupe d’hommes politiques de haut niveau (…) et d’obtenir des détails sur leur vie et leur travail » pour le compte d’Israël.
Le Liban, qui est techniquement en guerre avec Israël, observe un boycott des produits israéliens et des contacts avec ses ressortissants.
Les proches de l’acteur avaient affirmé que ses « aveux » avaient été obtenus sous la contrainte, bien que les autorités aient toujours rejeté cette accusation.
Itani s’est retrouvé sur le devant de la scène ces dernières années grâce à une série de pièces comiques sur la vie beyrouthine.
Ses travaux, notamment « Beirut Tariq al-Jdideh », qui parle du quartier sunnite de la ville, ont été très bien reçus par la critique.
L’AFP a contribué à cet article.