Huckabee annonce un nouveau mécanisme d’aide à Gaza et rejette tout désaccord avec Israël
Selon l'ambassadeur, la participation de l'armée israélienne sera limitée à la sécurisation des zones de distribution de l'aide et de nombreux défis subsistent pour sa mise en oeuvre

Un mécanisme soutenu par les États-Unis pour la distribution de l’aide à Gaza devrait bientôt entrer en vigueur, a déclaré vendredi l’ambassadeur de Washington en Israël, avant la visite du président Donald Trump au Moyen-Orient, mais il n’a donné que peu de détails.
Les habitants de Gaza sont confrontés à une crise humanitaire de plus en plus grave, Israël ayant imposé un blocus de plusieurs mois sur les livraisons d’aide à la petite enclave palestinienne à la suite de l’effondrement du dernier cessez-le-feu.
Israël a déclaré que le groupe terroriste Hamas avait déjà volé une grande partie de l’aide entrant dans le territoire, l’utilisant pour maintenir son contrôle sur la population.
Israël et les États-Unis ont tous deux indiqué ces derniers jours qu’ils se préparaient à rétablir l’aide par le biais de mécanismes qui contourneraient le Hamas.
Washington a annoncé qu’une nouvelle « fondation » serait chargée de superviser la distribution de l’aide humanitaire dans le territoire palestinien, où cette aide est vitale pour les 2,4 millions d’habitants mais totalement bloquée depuis le 2 mars par Israël.
Cette initiative, qui remplacerait les mécanismes existants et semble écarter l’ONU et les ONG, survient après 19 mois de guerre entre Israël et le Hamas, et a suscité des critiques à l’international.
Huckabee a également rejeté l’idée que Washington « s’éloignait » des liens étroits qu’il entretenait avec Jérusalem ou qu’il essayait de contourner le gouvernement israélien. Il a décrit les relations très étroites, au lendemain d’un reportage affirmant que l’administration Trump n’exigeait plus que l’Arabie saoudite reconnaisse Israël dans le cadre d’un pacte nucléaire conclu avec Ryad.
« Sous Trump, la relation spéciale n’a jamais été aussi forte », a-t-il déclaré aux journalistes à l’ambassade des États-Unis à Jérusalem.

Le secrétaire américain à l’énergie, Chris Wright, a déclaré que l’Arabie saoudite et les États-Unis étaient sur la voie d’un accord sur le nucléaire civil lors de sa visite dans le royaume en avril. Deux sources au fait du dossier ont déclaré jeudi à Reuters que les liens avec Israël n’étaient plus une condition préalable pour les États-Unis.
Huckabee n’a pas commenté cette information de manière spécifique.
L’ambassadeur a également affirmé qu’il était « totalement inexact » de décrire l’initiative d’aide humanitaire lancée à Gaza comme étant israélienne, déclarant que les informations des médias la caractérisant comme telle étaient « à côté de la plaque ».
Huckabee a confirmé que l’opération d’aide « est en cours », mais il a précisé que l’implication d’Israël ne se ferait que « sur les périmètres », en sécurisant les zones de distribution de l’aide.
« Les Israéliens vont être impliqués dans la fourniture de la sécurité militaire nécessaire, car c’est une zone de guerre, mais ils ne participeront ni à la distribution de la nourriture, ni même à son acheminement dans Gaza », a affirmé Mike Huckabee lors du point de presse.
« Ils se soucient beaucoup de l’aide humanitaire à Gaza, mais ils tiennent aussi à ce que le Hamas ne vole pas l’aide. »
« Nous faisons appel aux Nations unies, à toutes les ONG, à tous les gouvernements (…) Nous invitons toutes les personnes concernées à participer à ce processus », a déclaré M. Huckabee, précisant qu’il espérait une mise en oeuvre du plan « très bientôt ».
Soutien de longue date d’Israël, Huckabee a indiqué que « plusieurs partenaires (avaient) déjà accepté de prendre part à cette initiative », sans dévoiler de noms.
La sécurité aux points de distribution serait assurée « par des prestataires privés », tandis que l’armée israélienne se chargerait de la sécurité « à distance des points de distribution » pour les protéger des combats en cours, a indiqué M. Huckabee.
« Il y a évidemment une crise humanitaire. C’est précisément pour cela que nous avons besoin d’un programme d’aide humanitaire », a-t-il aussi dit, en imputant la responsabilité au Hamas, accusé de détourner l’aide.
Des membres des autorités au fait de ce plan ont déclaré au Times of Israel que le gouvernement israélien et Tsahal avaient été très impliqués dans sa mise au point, dans ses moindres détails, même si une nouvelle organisation internationale – la Fondation humanitaire de Gaza – gérera l’initiative et que l’armée israélienne ne sera pas en charge de la distribution de l’aide.
Interrogé par le Times of Israel sur l’impact d’un toujours possible cessez-le-feu avec le Hamas sur cette initiative, et notamment sur le besoin d’un retrait de Tsahal dans les zones tampons, Huckabee a déclaré que « tout cessez-le-feu requiert la sécurité » et que l’objectif, dans tous les cas, sera d’acheminer la nourriture aux populations de Gaza. Il a également déclaré que l’aide humanitaire ne dépendait pas du cessez-le-feu, ajoutant que les points clés du plan portaient sur la distribution efficace et sûre des vivres, afin d’empêcher l’organisation terroriste du Hamas de se l’arroger.
Il a indiqué que le Hamas était « à 100 % responsable de la situation horrible » dans l’enclave, accusé les dirigeants du groupe d’« affamer leur peuple » et de s’opposer à toute solution. Il a appelé à une condamnation internationale unanime de la « torture des otages dans les tunnels ».
Huckabee a souligné que cette aide impliquait de nombreux groupes, ONG et agences, et qu’il lui était impossible de tous les nommer. Il a toutefois reconnu qu’au-delà de la « bonne réponse initiale », il restait de nombreux problèmes et qu’un « énorme travail de planification » restait à faire.

Il a refusé de dire à quel moment l’aide pourrait être distribuée, se contentant de redire que ce serait pour bientôt. L’ambassadeur américain a toutefois reconnu que l’initiative « ne sera pas parfaite, surtout à ses débuts ».
« C’est un défi logistique de faire en sorte que cela fonctionne », a-t-il conclu.