Ilhan Omar et Rashida Tlaib, deux femmes musulmanes font leur entrée au Congrès
Tlaib, élue dans le Michigan, se dit favorable à une solution à un seul Etat et s'oppose à l'aide financière américaine accordée à Israël

Douze ans après Keith Ellison, Ilhan Omar et Rashida Tlaib sont devenues lors des élections législatives de 2018 les premières femmes de confession musulmane à être élues à la Chambre des représentants, faisant souffler un vent de diversité sur l’appareil législatif américain.
Rashida Tlaib, fille de Palestiniens
A 42 ans, elle a été élue dans une circonscription du Michigan, allant de Detroit à Dearborn, où le parti républicain n’avait pas investi de candidat.
Née à Détroit de parents réfugiés palestiniens, cette avocate, aînée d’une famille de 14 enfants, se décrit comme une battante. « Je n’ai jamais été du genre à me tenir à l’écart », expliquait-elle en août à la chaîne ABC.
« Je suis candidate à cause des injustices et parce que mes garçons s’interrogent sur leur identité » de musulmans, ajoutait-elle dans cet entretien.
En août, après avoir remporté la primaire démocrate, elle avait souligné la portée symbolique de sa candidature. « Vous n’avez pas à changer pour être candidat », avait-elle lancé à ses partisans. « Çà montre à quel point notre pays peut être merveilleux. »
« La première chose à laquelle je pense lorsque l’on me dit que je serais la première musulmane [au Congrès], c’est de savourer ce moment », avait-elle déclaré à CBS avant les élections.
« Nous avons changé le cours de l’histoire à un moment où nous pensions que c’était impossible. Et si vous y croyez, croyez en quelqu’un comme moi. »
Les Républicains, qui accusent le parti démocrate d’avoir changé sa position pro-Israël, montrent du doigt Tlaib et Omar. Tlaib s’est montrée en faveur d’une solution à un seul Etat, pour résoudre le conflit israélo-palestinien, et est opposée à l’aide financière américaine accordée à Israël.
Interrogée par la Quatrième chaîne britannique sur une éventuelle suspension des aides militaires accordées par les Etats-Unis à Israël, Tlaib a répondu : « évidemment, si cela a quelque chose à voir avec l’inégalité, avec l’inaccessibilité à la justice. Pour moi, l’aide américaine devrait être utilisée comme un moyen de pression. Je profiterais de ma place au Congrès pour qu’aucun pays, aucun, ne reçoive de l’aide des Etats-Unis quand il encourage ce genre d’injustice. »
« On parle tellement de « prendre parti », a-t-elle poursuivi au sujet du conflit israélo-palestinien. « Je veux m’assurer que chaque personne là-bas ait le droit de prospérer. »
Quelques jours plus tard, dans une interview accordée au magazine In These Times, Tlaib a soutenu la solution à un seul État et la liberté d’expression des militants du mouvement BDS, un groupe appelant au boycott d’Israël.
« Un Etat », a-t-elle clamé en réponse à une question sur son soutien à la solution à deux Etats . « Il faut que ce soit un Etat. Séparés mais égaux ne fonctionne pas. Je n’ai que 42 ans mais mes enseignants faisaient partie de la génération qui a marché avec Martin Luther King. L’idée de la solution à deux Etats ne fonctionne pas.
Lors de la campagne présidentielle de 2016, elle avait apostrophé Donald Trump en campagne à Detroit sur son traitement des femmes, a rapporté la presse locale.
Pendant la campagne, elle a défendu un programme progressiste, soutenant notamment la création d’un salaire minimum de 15 dollars par heure ou un accès universel à la santé.
Elle succède à John Conyers, qui a démissionné en décembre officiellement pour des raisons de santé, mais qui venait d’être accusé de harcèlement sexuel.
Ihlan Omar, réfugiée de Somalie
A 36 ans, cette Américano-somalienne musulmane, qui se couvre la tête, a été élue dans le Minnesota, où elle succède à Keith Ellison, qui avait lui même été le premier élu noir et musulman au Congrès.
Ihlan Omar a fui la guerre en Somalie à l’âge de huit ans. Après avoir passé quatre ans dans un camp de réfugiés au Kenya, sa famille s’est installée en 1997 dans le Minnesota, où vit une importante communauté de la Corne de l’Afrique.

Militante de la puissante organisation de défense des droits civiques NAACP, puis engagée dans la vie locale de Minneapolis, cette jeune femme avait été élue en 2016 au Parlement de cet Etat industriel situé près des Grands lacs.
« Je suis musulmane et je suis noire (…) et j’ai décidé d’être candidate parce que je voulais montrer ce qu’est une démocratie représentative », expliquait-elle en septembre au magazine Elle.
Située à la gauche du parti démocrate, elle prône une éducation gratuite, une réforme du système judiciaire et un accès au logement pour tous. Elle est également opposée à la politique migratoire restrictive du président Donald Trump.