« Impossible de séparer politique et sport », selon Ataa Jaber
L'ex-joueur du Maccabi Haïfa et des U-21 israéliens dit avoir choisi de changer d'équipe suite à des affrontements dans le quartier de Sheikh Jarrah, à Jérusalem
Ataa Jaber, l’ex-capitaine de l’équipe nationale israélienne de football U-21, est de loin le joueur le plus connu à avoir rallié l’équipe palestinienne.
Âgé de 28 ans, le milieu de terrain originaire de Majd al-Krum, en Galilée occidentale, a fait ses débuts avec sa nouvelle équipe le 14 juin dernier lors d’un match amical contre l’Indonésie.
Sa décision de quitter l’équipe israélienne vient de la prise de conscience qu’« il est impossible de séparer politique et sport », a-t-il expliqué dans une récente interview à Arab News.
Prodige du football depuis le plus jeune âge, Jaber est entré à l’académie du Maccabi Haïfa à l’âge de 6 ans et a rejoint le club en qualité de joueur professionnel dès ses 18 ans. En 2015, il a été sélectionné pour jouer en équipe nationale espoir – les U-21 d’Israël – dont il a été capitaine à quatre reprises. Il joue actuellement pour le club de Neftchi Bakou dans la première ligue d’Azerbaïdjan.
Lors de cette interview, Jaber a évoqué les tensions liées au fait d’être un citoyen arabe jouant pour l’Etat juif. « On répète aux joueurs arabes que le sport ne se mêle pas de politique, que l’on représente sa communauté, que l’on a une voix et que l’on ne devra pas chanter l’hymne national israélien », a-t-il déclaré à Arab News.
« Après ce qui s’est passé à Sheikh Jarrah, j’ai réalisé qu’il était impossible de séparer la politique du sport », a-t-il ajouté, évoquant ce quartier de Jérusalem, théâtre d’affrontements fréquents entre Juifs et Arabes ces dernières années, en particulier depuis que les Israéliens juifs se sont installés dans la région en s’appropriant parfois les maisons existantes via des procédures d’expulsion complexes.
Depuis que la Fédération palestinienne de football a rejoint la FIFA, en 1998, plusieurs joueurs arabes de deuxième et troisième ligue israélienne ont rejoint l’un des 12 clubs participant à la ligue de Cisjordanie, et certains d’entre eux jouent pour l’Autorité Palestinienne (AP) lors des compétitions internationales.
Ataa Jaber dit avoir découvert qu’il était possible de rallier l’équipe nationale palestinienne après avoir parlé avec l’ex-gardien de but palestinien Rami Hamadi, qui a commencé sa carrière au Maccabi Netanya mais qui joue dans la ligue de Cisjordanie depuis 2012.
En 2020, il est retourné jouer en Israël et a rejoint l’équipe de Bnei Sakhnin pour deux saisons. En 2021, Hamadeh a marqué l’histoire en devenant le tout premier joueur actif de la ligue israélienne à être appelé dans l’équipe palestinienne. Il est depuis retourné jouer dans la ligue de Cisjordanie et a aidé le Shabab al-Khalil de Hébron à remporter le titre palestinien en 2022.
Après avoir pris la décision de changer d’équipe, il aura fallu près de deux ans à Jaber pour obtenir le document de voyage délivré par l’AP, condition sine qua non à « la représentation de la Palestine ».
« J’ai décidé de représenter l’équipe palestinienne pour de nombreuses raisons. Premièrement parce que je suis palestinien, deuxièmement parce que j’en ai la possibilité et enfin, troisièmement, de manière à envoyer un message aux joueurs de l’autre côté de la Ligne verte, pour leur dire que le choix est entre leurs mains. »