Inculpation d’un homme ayant menacé des propriétaires d’un hôtel de NY pour des vidéos de Gaza
Donovan Hall a passé des centaines d'appels, dont des menaces de mort, aux Settenbrino suite à des séquences de guerre diffusées par leur fils soldat
Luke Tress est le vidéojournaliste et spécialiste des technologies du Times of Israël
NEW YORK – Les procureurs fédéraux américains ont inculpé un suspect pour avoir envoyé des menaces de mort à une famille juive de New York après que leur fils, un soldat de l’armée israélienne, a diffusé des vidéos filmées à Gaza qui ont déclenché des manifestations anti-Israël devant l’hôtel appartenant à cette famille.
Le propriétaire de l’hôtel historique Blue Moon, Randy Settenbrino, a déclaré que sa famille avait reçu des centaines de menaces et avait été la cible de manifestations de rue et de harcèlement en ligne.
« Ils ont fait des dégâts incalculables en publiant de mauvaises critiques, en bloquant notre réception et en effrayant notre personnel », a déclaré Settenbrino lors d’une interview accordée mardi au Times of Israel.
L’hôtel de 22 chambres est une entreprise familiale située dans le Lower East Side de Manhattan, un quartier qui abrite depuis longtemps une importante population juive. La famille Settenbrino exploite l’hôtel depuis 2006 et a minutieusement restauré le bâtiment, bâti en 1879. L’hôtel s’appuie sur l’héritage juif du quartier et dispose d’un café italien casher au rez-de-chaussée, le Sweet Dreams Cafe, où sont exposées des œuvres d’art de Settenbrino, notamment une peinture murale colorée qui dépeint des tragédies juives historiques.
Donovan Hall, 34 ans, a envoyé des centaines de menaces à la famille et à l’hôtel, notamment des déclarations antisémites et des menaces de violence, selon l’acte d’accusation déposé la semaine dernière dans le district fédéral sud de New York.
Hall, originaire de l’Arizona, a été inculpé de deux chefs d’accusation pour menace de communication entre États et d’un chef d’accusation pour cyber-harcèlement, deux délits graves. Chaque chef d’accusation est passible d’une peine maximale de cinq ans de prison.
« Donovan Hall aurait déclenché une campagne de terrorisme contre plusieurs Juifs new-yorkais, en envoyant des dizaines de menaces de mort haineuses, violentes et antisémites », a déclaré Edward Y. Kim, procureur général par intérim, dans un communiqué.
« Aucune personne ne mérite de recevoir ce type de menaces ou d’être prise pour cible en raison de sa religion. »
Hall a été arrêté à l’issue d’une enquête menée par le FBI et la police de New York (NYPD).
Hall a commencé à passer des dizaines d’appels téléphoniques menaçants et antisémites à la famille au cours de l’été, lorsque des vidéos mises en ligne par le fils de Settenbrino, Bram, ont attiré l’attention de militants anti-Israël en ligne et dans les médias internationaux. L’une des vidéos montrait un soldat tirant avec une mitrailleuse légère sur un lotissement de bâtiments éloignés, et la seconde montrait un bâtiment en train d’exploser. Un compte appelé Stop Arab Hate a publié les vidéos, accusant le soldat d’avoir « tiré sans discernement », et a communiqué les coordonnées de l’hôtel dans un message qui a été vu des millions de fois.
Settenbrino a déclaré que son fils servait en tant que soldat seul dans le Corps du Génie Militaire et qu’il avait participé aux échanges de tirs que l’on peut voir dans les vidéos.
La plainte pénale fait référence aux vidéos et ne nomme pas la famille, mais Settenbrino a confirmé que sa famille et les employés de l’hôtel étaient les cibles.
Les 8 et 9 août, Hall a passé 54 appels aux victimes, selon la plainte. Lors de l’un de ces appels, il a dit à l’un des employés qu’il allait se rendre à l’hôtel sur sa moto et tirer une balle dans la tête de la victime. Dans un autre appel, il a indiqué l’adresse du domicile de la victime et a dit qu’il allait l’abattre ainsi que sa famille, traitant la victime de « putain de sac à juifs », de « Juif assassin d’enfants » et proférant d’autres menaces explicites et violentes.
Entre le début du mois d’août et la fin du mois de novembre, Hall a appelé les victimes au moins 971 fois, selon la plainte.
En octobre, il aurait commencé à envoyer des photos d’armes mortelles et des menaces aux victimes. Dans un message, il a envoyé une photo d’une arme à feu accompagnée du texte suivant : « J’ai quelque chose pour toi et tes enfants consanguins ». Dans un autre message, il a envoyé une photo d’un couteau et a écrit : « Ce couteau est pour les agresseurs d’enfants comme ton fils ». Une autre image montrait une main sur un pistolet avec le texte « Pour les lâches sionistes ».
Les forces de l’ordre ont retrouvé les deux armes à feu figurant sur les photos lors d’une perquisition au domicile de Hall au moment de son arrestation. Aucune des deux armes n’était enregistrée à son nom ; l’une d’elles était chargée.
Ces menaces s’inscrivent dans le cadre d’une vaste campagne d’envoi de menaces de mort par Hall à différentes personnes à travers les États-Unis, visant souvent des Juifs, selon les procureurs. Hall aurait également envoyé deux messages vocaux à une organisation qui soutient les troupes de Tsahal, menaçant les groupes et leur demandant de quitter les États-Unis.
Settenbrino a déclaré que ces appels faisaient partie d’une campagne de harcèlement visant sa famille et son hôtel après que leur fils a publié les vidéos sur les réseaux sociaux. En plus de harceler la réception par des appels incessants et de publier des avis négatifs en ligne, les manifestations de rue ont incité certains clients à annuler leur séjour à l’hôtel. De plus, les militants ont tenté à plusieurs reprises de pirater le système de messagerie électronique de l’hôtel, a déclaré Settenbrino.
En septembre, un groupe anti-Israël appelé Unity of Fields, qui encourage le vandalisme contre des cibles qu’il juge favorables à Israël, a publié des photos de graffitis sur l’hôtel. Le graffiti disait « Baby killer » et comprenait des triangles rouges inversés, un symbole que le groupe terroriste palestinien du Hamas utilise pour marquer ses cibles dans des vidéos de propagande et que les activistes anti-Israël aux États-Unis ont adopté. Settenbrino a déclaré que la police n’avait pas été en mesure de localiser les vandales.
Hall a été arrêté le mois dernier, mais l’affaire a été, dans un premier temps, mise sous embargo . Les procureurs ont annoncé son arrestation la semaine dernière.
L’hôtel a reçu des éloges de la part de médias tels que le National Geographic et le New York Magazine. Pour autant, il était déjà en difficulté avant la campagne militante. Il a été contraint de fermer pendant la pandémie, ce qui a entraîné des dettes et un dépôt de bilan. Settenbrino a déclaré que son entreprise avait commencé à se redresser avant de subir un nouveau coup dur de la part des activistes anti-Israël.
Les manifestations de rue ont diminué, mais le harcèlement en ligne se poursuit.
Settenbrino affirme que sa famille se sent abandonnée par les dirigeants juifs locaux, malgré son militantisme communautaire de longue date.
« Aucun politicien juif de la ville de New York n’est venu nous rendre visite », malgré les appels au soutien lancés par la famille.
L’antisémitisme a augmenté à New York et dans l’ensemble des États-Unis depuis le pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre 2023 dans le sud d’Israël. À New York, les Juifs sont systématiquement la cible de crimes de haine, bien plus que tout autre communauté.