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Injures envers Alain Finkielkraut : le suspect jugé le 22 mai à Paris

"Aucune preuve du caractère antisémite n'est apportée," assure son avocat, qui a défendu par le passé Saddam Hussein

Le suspect, un vendeur de téléphones du Bas-Rhin, est l'homme le plus visible sur les vidéos de l'altercation diffusées samedi. Il a proféré des injures à caractère antisémite envers le philosophe Alain Finkielkraut (Crédit : capture d'écran YouTube)
Le suspect, un vendeur de téléphones du Bas-Rhin, est l'homme le plus visible sur les vidéos de l'altercation diffusées samedi. Il a proféré des injures à caractère antisémite envers le philosophe Alain Finkielkraut (Crédit : capture d'écran YouTube)

L’avocat de l’homme en garde à vue depuis mardi soir en France pour avoir proféré des injures envers l’intellectuel français Alain Finkielkraut, a assuré jeudi qu’il n’y avait « rien d’antisémite » dans les propos incriminés.

« Aucune preuve du caractère antisémite n’est apportée » et « il n’y a donc aucune raison » de poursuive l’auteur de ces propos véhéments tenus à Paris lors d’une manifestation du mouvement des « gilets jaunes », a soutenu Me André Chamy, répondant à l’AFP après avoir quitté les locaux de la police judiciaire de Mulhouse (est de la France).

« Le parquet de Paris s’est saisi de cette affaire en estimant qu’il y avait peut-être quelque chose de ce genre » mais « il n’y a rien d’antisémite dans (ses) propos », a-t-il insisté alors que son client était toujours en garde à vue jeudi à la mi-journée.

L’homme, un vendeur de téléphones de 36 ans, est le plus visible sur des vidéos montrant plusieurs personnes injuriant le philosophe et académicien français.

« Espèce de sioniste », « grosse merde », « elle est à nous, la France », avait notamment proféré cet homme, vêtu d’un gilet jaune en tirant son keffieh, à l’adresse du philosophe, qui n’a pas porté plainte.

Le parquet de Paris avait ouvert dimanche une enquête préliminaire pour « injure publique en raison de l’origine, l’ethnie, la nation, la race ou la religion ». Ces injures ont suscité une vague de condamnations par l’ensemble de la classe politique.

Répondant à une convocation, le suspect s’était rendu mardi vers 18h30 GMT à l’antenne locale de la police judiciaire où il avait été placé en garde à vue. Celle-ci a été reconduite mercredi soir pour une durée maximale de 24 heures.

Selon l’avocat – connu pour avoir défendu l’ancien dirigeant irakien Saddam Hussein et son ministre des Affaires étrangères Tarek Aziz lors de leurs procès devant la justice irakienne – il est « plus que probable » que le suspect sorte avant le terme légal de sa garde à vue, soit avant jeudi soir.

Son client, qui a répondu « sereinement » aux questions des enquêteurs, « assume (…) son rôle de citoyen, il est révolté (…) par ce qu’il se passe par rapport aux retraités, sans emplois, les personnes dans le désarroi (…) Au lieu de comprendre son combat légitime, honorable, on le traite de tous les noms », s’est indigné Me Chamy.

Une autre source proche du dossier l’a décrit comme un « petit délinquant, proche de la mouvance salafiste mais pas fiché radicalisé ». Il était « connu pour des faits de violences volontaires commises dans une seule affaire, recel de vol, défaut d’assurance en 2005 et violences sur agent de la force publique en 2004 », a-t-elle précisé.

« Il est venu avec nous faire une mission humanitaire au sud du Liban dans un camp de réfugié à l’été 2014 », a indiqué à l’AFP Mohamad Fahroud, secrétaire général de l’association des Palestiniens de France, basée à Mulhouse.

Celui-ci décrit le suspect comme quelqu’un de « motivé », « calme » et qui « ne causait aucun problème ». « Il était converti (à l’islam), il faisait les prières » mais il n’était « pas radical ».

« On a tous été très surpris, choqués » à la vue de la vidéo dans laquelle il insulte Alain Finkielkraut, a ajouté M. Fahroud.

Selon des témoignages recueillis dans son quartier de Mulhouse, l’homme de 36 ans, bénévole au collectif Palestine 68, vit depuis deux ans dans un appartement d’un quartier en périphérie du centre-ville. Ce père de cinq enfants habitait auparavant dans le quartier de Bourtzwiller, dans le nord de la ville, où il était impliqué dans le milieu du football.

Le suspect avait été identifié sur les vidéos par un policier de la brigade anti-criminalité (BAC) de Mulhouse qui avait, dans la foulée, adressé un signalement « dimanche ou lundi » à la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), selon des sources proches du dossier.

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