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Inonder les tunnels du Hamas pourrait contaminer l’eau de Gaza à long terme – experts

Des scientifiques recommandent à la Défense de bien peser l'impact environnemental de son plan visant à débusquer les terroristes de leur vaste réseau souterrain

Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.

Des soldats israéliens inspectant l'entrée d'un tunnel dans la partie nord de la bande de Gaza, sur une photo publiée le 3 novembre 2023. (Crédit : Armée israélienne)
Des soldats israéliens inspectant l'entrée d'un tunnel dans la partie nord de la bande de Gaza, sur une photo publiée le 3 novembre 2023. (Crédit : Armée israélienne)

Des experts en environnement ont exhorté mardi l’establishment de la Défense à réfléchir attentivement aux implications environnementales à long terme de ses projets visant à inonder d’eau de mer le vaste réseau de tunnels de la bande de Gaza afin d’en extirper les terroristes.

Citant des responsables américains, le Wall Street Journal a rapporté lundi que l’armée israélienne avait installé le mois dernier cinq grandes pompes à eau près du camp de réfugiés d’al-Shati, dans la ville de Gaza. Ces pompes pourraient inonder les tunnels en quelques semaines, en y déversant des milliers de mètres cubes d’eau par heure.

Habituellement, la pluie tombe sur le sol et s’infiltre dans les zones de stockage souterraines, ou aquifères. Ces eaux souterraines sont pompées dans des puits pour fournir de l’eau potable.

Avec une population de plus de deux millions d’habitants, Gaza est l’un des endroits les plus densément peuplés de la planète. Le seul approvisionnement en eau douce de l’enclave provient d’un aquifère peu profond parallèle à la côte méditerranéenne.

Cet aquifère a été tellement pompé et le niveau de la nappe phréatique a tellement baissé que l’eau de mer a pénétré dans l’aquifère et s’est mélangée au peu d’eau douce qui reste.

En outre, les eaux usées et le ruissellement des produits chimiques agricoles ont encore érodé la qualité de l’eau de l’aquifère. Aujourd’hui, 97 % de l’eau douce de Gaza ne répond plus aux normes de qualité de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Professeur émérite Eilon Adar de l’université Ben Gurion. (Crédit : Dani Machlis/BGU)

Même avant la guerre, la plupart des habitants de Gaza dépendaient de camions citernes privés et du rendement de petites usines de dessalement pour obtenir de l’eau potable.

Après l’invasion d’Israël par le Hamas le 7 octobre, au cours de laquelle les terroristes ont assassiné quelque 1 200 personnes et en ont enlevé 240 autres, Israël a fermé trois conduites d’eau potable dans la bande de Gaza. Sous la pression des États-Unis, il en a par la suite rouvert deux et, lors de la récente pause dans les combats pour la libération des otages, a autorisé l’entrée dans l’enclave de quantités plus importantes du carburant nécessaire pour pomper l’eau depuis la frontière entre Israël et la bande de Gaza.

Les Gazaouis manquent toujours cruellement d’eau potable.

Le professeur émérite Eilon Adar, de l’Institut Zuckerberg pour la recherche sur l’eau à l’université Ben Gurion du Neguev, dans le sud d’Israël, a déclaré que les dommages écologiques potentiels supplémentaires qui résulteraient de l’inondation des tunnels pour la nappe aquifère de Gaza dépendraient de la quantité d’eau et de la portée de l’inondation.

Soulignant qu’il n’était ni un expert en la matière ni impliqué dans les plans annoncés par le ministère de la Défense, il a expliqué que le pompage d’une quantité relativement faible d’eau de mer touchant la zone située entre le littoral méditerranéen et le point où l’eau de mer et l’eau douce se mélangent de toute façon n’aurait que des conséquences minimes.

Ce dernier point se situe entre quelques dizaines et quelques centaines de mètres à l’intérieur des terres, à partir du rivage de Gaza.

En revanche, si plusieurs millions de mètres cubes étaient injectés dans les tunnels et s’infiltraient dans l’aquifère, « l’impact négatif sur la qualité des eaux souterraines persisterait sur plusieurs générations, en fonction de la quantité d’eau infiltrée dans la subsurface », a-t-il ajouté.

Les effets ne se feraient guère sentir en Israël, a-t-il poursuivi, car l’eau de l’aquifère côtier s’écoule d’Israël vers la bande de Gaza.

Adar a néanmoins ajouté qu’il « réfléchirait deux fois avant de détruire une ressource naturelle massive ».

« En tant que citoyen, malgré le désastre que nous avons vécu le 7 octobre, je pense toujours qu’à long terme – et nous devons penser à l’avenir – il serait politiquement et moralement incorrect de laisser un voisin assoiffé », a-t-il déclaré.

Des Palestiniens remplissent des bidons d’eau dans la ville de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 28 octobre 2023. (Crédit : Abed Rahim Khatib/Flash90)

Un autre expert en eau, qui a demandé à ne pas être nommé, a expliqué que les tunnels, creusés dans du sable poreux, devraient être inondés plusieurs fois.

Certains d’entre eux ont été construits pour faire entrer des terroristes en Israël, a-t-il ajouté. Si l’eau de mer pénétrait dans ces sections, elle pourrait saliniser les puits israéliens proches de la frontière de Gaza.

La professeure Hadas Mamane, qui dirige le programme d’ingénierie environnementale à l’université de Tel Aviv, a souligné l’importance de prendre en compte les conséquences environnementales de toutes les options de destruction des tunnels et de tester à l’avance leurs effets sur l’air, l’eau, le sol, l’hydrologie et l’écologie.

L’explosion du matériel d’armement dans les tunnels pourrait également avoir des conséquences environnementales, a-t-elle ajouté, si des matières toxiques dangereuses et des métaux lourds s’infiltraient dans la nappe phréatique.

« Il ne faut pas chercher la meilleure solution, mais la moins mauvaise », a-t-elle déclaré.

Tsahal et le ministère de la Défense n’ont pas souhaité réagir.

Les responsables cités par le Wall Street Journal ont indiqué qu’Israël avait informé les États-Unis de ce plan le mois dernier, mais qu’il n’avait pas encore décidé s’il allait le mettre en œuvre ou non.

Selon l’article, les avis de l’administration Biden sur l’idée sont mitigés.

Il y est également indiqué qu’il n’est pas certain que Tsahal procède à l’inondation des tunnels tant que tous les otages enlevés par le Hamas et d’autres groupes terroristes palestiniens lors de l’assaut du 7 octobre n’auront pas été libérés, en raison du risque apparent que cela représenterait pour les otages détenus dans les tunnels souterrains.

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