Israël a besoin d’unité, mais Netanyahu continue à céder à l’extrême droite
Les demandes exorbitantes de Ben Gvir sur le mont du Temple * Pourquoi les ultra-orthodoxes doivent partager le fardeau * Les préparatifs de Tsahal à Rafah * Les leçons de diplomatie publique non apprises
David est le fondateur et le rédacteur en chef du Times of Israel. Il était auparavant rédacteur en chef du Jerusalem Post et du Jerusalem Report. Il est l’auteur de « Un peu trop près de Dieu : les frissons et la panique d’une vie en Israël » (2000) et « Nature morte avec les poseurs de bombes : Israël à l’ère du terrorisme » (2004).
Quelle est l’influence des horreurs du 7 octobre et du cauchemar que représente la guerre en cours à Gaza, du conflit dans le nord, des dysfonctionnements au sein du gouvernement et de l’hostilité mondiale à l’égard d’Israël et des Juifs, sur les préférences des Israéliens en termes d’orientation et de gouvernance futures ?
Les uns après les autres, les sondages révèlent un effondrement des votes en faveur du Likud, une montée en puissance du parti HaMahane HaMamlahti de Benny Gantz, un homme d’État bien plus apte à occuper le poste de Premier ministre que Benjamin Netanyahu, un homme diviseur, et des chances très minces pour Netanyahu et ses alliés d’extrême-droite et ultra-orthodoxes de conserver le pouvoir.
Une grande partie de la population israélienne tient manifestement le Premier ministre et son parti, le Likud, pour principaux responsables, en tant que dirigeants de la nation, de n’avoir pas su dissuader, prévenir ou éviter l’effroyable massacre perpétré par le Hamas le 7 octobre dans le Neguev , et de son incapacité persistante à assurer la gouvernance au lendemain du 7 octobre, laissant les autorités locales et les militants de la société civile se démener pour combler le vide laissé par une ménagerie ministérielle pléthorique, querelleuse et incompétente.
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Les capitulations constantes de Netanyahu face à l’extrême droite – notamment en accédant à la demande de l’incendiaire Itamar Ben Gvir de refuser à des pans entiers des citoyens arabes d’Israël le droit de prier dans l’enceinte d’Al-Aqsa sur le Mont Temple pendant le Ramadan, et la volonté de sa coalition d’exempter les jeunes hommes ultra-orthodoxes du service militaire, alors même que Tsahal a appelé des nouvelles recrues plus tôt que prévu en raison de pressions sans précédent sur l’État juif – contribue sans aucun doute à lui aliéner nombre de ses partisans les plus anciens.
Le Hamas a baptisé le 7 octobre « Opération déluge d’Al-Aqsa », pour conférer à sa barbarie une justification religieuse, espérant entraîner directement dans la guerre les Palestiniens de Cisjordanie, les habitants de Jérusalem-Est et les citoyens arabes d’Israël. Jusqu’à présent, c’est un échec. La communauté arabe israélienne, qui a déploré des morts et des personnes enlevées le 7 octobre, ainsi que des pertes dans les rangs de Tsahal à Gaza, semblerait même avoir renforcé son identification avec l’ensemble de la nation.
L’idée d’exacerber les tensions sur le Mont du Temple par une interdiction générale aux Arabes israéliens d’accéder librement au site aurait dû être rejetée d’emblée dès qu’elle a été formulée par Ben Gvir lors d’une réunion du cabinet dimanche. Le chef du Shin Bet aurait d’ailleurs averti qu’elle pourrait faire le jeu du Hamas et risquait d’accroître le risque d’une guerre sainte. De même, le maintien de l’exemption du service militaire pour la communauté ultra-orthodoxe, alors que tous les citoyens doivent partager le fardeau et que la cohésion nationale exige que tous soient perçus comme partageant le fardeau, devrait être plus inconcevable aujourd’hui que jamais. Mais ce n’est manifestement pas le cas de ce gouvernement.
En même temps, les horreurs du 7 octobre et le vaste soutien des Palestiniens au massacre semble avoir contribué à pousser les Israéliens plus profondément vers la droite, en territoire contrôlé par le bloc Netanyahu, plutôt que vers le centre.
Alors que les soldats de Tsahal ont commencé à voter – depuis la bande de Gaza ! – pour les élections municipales, la plupart des autres régions du pays devant faire de même la semaine prochaine, les prochaines élections nationales en Israël n’auront lieu que dans plus de deux ans. Netanyahu, comme tout le monde le sait, est prêt à tout pour conserver le pouvoir et est bien plus efficace que Gantz dans ses campagnes politiques.
La question, le moment venu, sera de savoir si suffisamment d’Israéliens opteront pour une direction potentiellement unificatrice – qui contribuera à repousser l’extrême droite dans les marges, à promouvoir délicatement un processus dans lequel la communauté ultra-orthodoxe partagerait équitablement le fardeau du service national et, idéalement, à faire progresser une constitution qui ancrerait la séparation des pouvoirs entre le législatif et le judiciaire – plutôt que pour un bloc droite/ultra-orthodoxe.
Un leadership qui, faut-il le préciser, serait plus à même de contrecarrer les ennemis extérieurs d’Israël et de diriger véritablement le pays pour le bien de l’ensemble de ses citoyens.
Des renseignements limités
Tsahal continue de croire qu’il est en train de gagner la guerre contre le Hamas à Gaza. Les trois quarts des bataillons du Hamas ne fonctionnent plus. Les tirs de roquettes ont considérablement diminué.
Et les responsables militaires affirment qu’ils disposent d’un plan prêt à l’emploi pour prendre Rafah, à l’extrême sud, où quatre bataillons du Hamas ont eu des mois pour se préparer et où ils ont été considérablement renforcés par des membres armés du groupe qui ont fui le nord et le centre de la bande de Gaza. Le plan en question prévoit également de superviser l’évacuation de plus d’un million de Gazaouis de cette zone vers d’autres régions. La prise de contrôle de la ville la plus au sud de Gaza devrait prendre des semaines, voire des mois, de combats acharnés et nécessitera le rappel de brigades de réservistes récemment démobilisées ou le redéploiement de forces permanentes de Tsahal actuellement à la frontière nord, qui est très instable.
Les principaux dirigeants du Hamas n’ont pas été touchés et sont toujours sur place. Tsahal a indiqué qu’elle ne disposait d’aucun renseignement indiquant que le chef du Hamas à Gaza, Yahya Sinwar, et ses acolytes avaient fui la bande de Gaza, et la plupart des analystes estiment qu’il est peu probable qu’ils l’aient fait.
Des milliers de terroristes du Hamas sont toujours présents dans le nord et le centre de la bande de Gaza, et les membres du Hamas, qui demeurent les seuls à contrôler la ville, réquisitionnent une grande partie de l’aide humanitaire qui pénètre dans la bande de Gaza.
Plus de 130 otages vivent depuis 138 jours une situation impensable, et le sauvetage époustouflant de deux d’entre eux à Rafah la semaine dernière n’a fait que souligner la quasi-impossibilité, jusqu’à présent, de les extraire.
Le sauvetage de Louis Har et de Fernando Marman a été à la fois un exploit militaire extraordinaire et la preuve de la précision des renseignements en temps réel. Mais la diffusion lundi d’images de Shiri Bibas et de ses deux jeunes fils à Khan Younès immédiatement après leur enlèvement le 7 octobre, accompagnée des remarques du porte-parole de Tsahal Daniel Hagari concernant d’autres éléments d’information laissant planer de sérieuses craintes sur leur sort, a mis en évidence les limites de ces renseignements et le fait que Tsahal ne sait toujours pas où se trouvent ni comment se portent tant de personnes qui ont été enlevées.
La diplomatie publique n’est pas au rendez-vous
Le sauvetage de Har et Marman a été amplement diffusé à travers le monde, accompagné d’informations selon lesquelles « au moins 67 personnes, dont des femmes et des enfants, ont été tuées » lors des frappes aériennes des Tsahal qui ont permis leur extraction. Comme toujours, ces chiffres, ainsi que les détails des Gazaouis morts, ont été fournis par le ministère de la Santé de Gaza, à savoir le Hamas, et il est impossible de les vérifier. Selon Hagari, Tsahal a effectué des frappes aériennes « pour permettre aux forces de couper le contact et de frapper les terroristes du Hamas dans la zone », facilitant ainsi l’opération de sauvetage. Il n’a pas précisé le nombre de Gazaouis tués, ni la proportion relative de terroristes et de non-combattants parmi les morts.
En 2010, lorsque les commandos de marine israéliens sont descendus en rappel pour arraisonner le Mavi Marmara, qui faisait partie d’une flottille tentant de forcer le blocus israélien sur Gaza et qui avait ignoré les appels répétés à faire demi-tour, ils ont été roués de coups avec des barres et des gourdins. Les commandos ont ensuite ouvert le feu en état de légitime défense, tuant 10 personnes à bord. Les services de diplomatie publique israéliens ont toutefois tardé à publier les images de l’incident, invoquant des raisons liées à la sécurité. Quand ces images ont finalement été diffusées, il était trop tard, la fausse version selon laquelle les troupes israéliennes avaient assassiné des militants pacifistes en mission humanitaire étant déjà bien ancrée dans les esprits.
Quatorze ans plus tard, quelques heures à peine après l’annonce de la libération des otages du 12 février, j’ai demandé à des membres des services de la diplomatie publique israélienne si elle pouvait fournir des informations sur le nombre de terroristes du Hamas parmi les 67 personnes qui, selon le Hamas, ont été tuées lors de la libération des otages. J’ai également demandé si quelqu’un au sein de la direction était chargé d’essayer d’obtenir ce type d’informations concrètes et de les diffuser rapidement.
On m’a promis une réponse. Plusieurs fois. On m’a enfin dit que je recevrais une réponse « aujourd’hui ».
C’était mercredi dernier.
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David Horovitz, rédacteur en chef et fondateur du Times of Israel