Lapid soumet une loi pour recruter des ultra-orthodoxes au sein de l’armée
Le chef de l'opposition appelle le ministre de la Défense à retirer le projet de loi allongeant la période d'enrôlement pour compenser la pénurie de soldats
Suite à de nombreux appels réclamant la fin de l’exemption de service militaire de la communauté ultra-orthodoxe, le leader de l’opposition Yair Lapid a soumis, lundi, la nouvelle version d’un projet de loi déterminant que les Israéliens se soustrayant au service militaire ou au service civil ne pourront plus prétendre à des financements de l’État.
« Cette loi signifie une chose simple : Tout le monde est égal devant la loi. Tout le monde protège le pays. Tout le monde apporte sa contribution au pays. Il n’y a pas un seul secteur qui échappe aux responsabilités parce que la coalition en aurait besoin », a dit Lapid aux journalistes avant la réunion de faction hebdomadaire de son parti Yesh Atid à la Knesset.
« La nouvelle loi sera claire et elle sera simple : Ceux qui s’y soustrairont ne recevront plus d’argent. Ceux qui ne font pas leur service militaire ou leur service civil ne recevront pas d’argent de l’État », a-t-il déclaré, affirmant que la législation « amènera une égalité réelle dans le partage du fardeau ».
La question de l’exemption de service militaire obligatoire des ultra-orthodoxes a retenu une nouvelle fois l’attention, ces dernières semaines, après que des changements ont été proposés par l’armée et par le gouvernement dans les lois portant sur le service – des changements qui prévoient que les conscrits et les réservistes resteraient au sein de l’armée beaucoup plus longtemps.
Un programme dont l’objectif est de remédier au problème de manque de main-d’œuvre causé par la guerre à Gaza et par les hostilités sur la frontière nord. L’armée a appelé un total de 287 000 réservistes dans le sillage immédiat de l’attaque du 7 octobre, la plus importante mobilisation de toute l’Histoire d’Israël.
Cela fait longtemps que les ‘haredim bénéficient d’une exemption de service militaire, refusant leur enrôlement bruyamment. Ils cherchent à ancrer l’exemption des membres de leur communauté dans la loi. Un grand nombre d’ultra-orthodoxes considèrent que le service militaire et une intégration plus large dans le monde laïque viendraient menacer leur identité religieuse et mettrait en péril les traditions de cette communauté insulaire.
Lundi, Lapid, qui avait précédemment déploré une tendance, de la part du gouvernement, à placer « la politique avant la sécurité », a affirmé de la même manière que si les ultra-orthodoxes faisaient leur service militaire, il n’y aurait pas besoin de procéder à des changements dans la loi.
« S’ils sont recrutés, il n’y aura pas de nécessité de prolonger le service militaire obligatoire », a-t-il dit.
Écrivant lundi au ministre de la Défense Yoav Gallant lundi, Lapid a appelé l’ancien général à supprimer le projet de loi prolongeant la durée de la conscription de l’ordre du jour de manière à ce que l’armée puisse être « l’armée réelle du peuple ».
« C’est impossible d’accepter le fait qu’il y a des dizaines de milliers de familles en Israël qui n’arrivent pas à dormir la nuit parce qu’elles ont peur. Parce qu’elles sont terrifiées à l’idée qu’on vienne frapper à leur porte. Chaque jour, il y a des morts ; chaque jour, il y a des blessés et un seul secteur profite d’une exemption », a-t-il écrit.
« Cela ne fonctionnera plus. Plus après le 7 octobre ».
La période de service militaire obligatoire des réservistes a d’ores et déjà été temporairement prolongée par la Knesset et Tsahal a lancé le recrutement anticipé d’environ 1 300 Israéliens qui fréquentent actuellement des programmes prémilitaires, des yeshivas du mouvement national religieux ou qui sont inscrits dans des programmes de service communautaire.
Nombreux sont ceux – avec notamment des ministres du cabinet et des députés de la coalition alliés aux partis ultra-orthodoxes, au sein du gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu – qui ont demandé aux ‘haredim de commencer à s’enrôler pour remédier au manque de main-d’œuvre.
Dans un courrier qui a été écrit au Premier ministre Benjamin Netanyahu, au début du mois, le ministre de la Diaspora Amichai Chikli et deux députés du Likud, Moshe Saada et Dan Illouz, ont estimé qu’il était insupportable que « certains groupes de la société assument le fardeau de la sécurité… tandis que d’autres groupes… continuent leur vie quotidienne ».
Même Yaakov Margi, ministre des Affaires sociales du parti ultra-orthodoxe Shas, a appelé à un recrutement limité au sein de la communauté, déclarant au site d’information Kikar Hashabbat que les ‘haredim qui n’étudient pas à plein-temps la Torah devaient être enrôlés « de force ».
« Je ne peux pas convaincre une mère, quelle qu’elle soit, dont le fils est sur le front ; une mère qui n’a pas dormi, le jour ou la nuit, depuis plusieurs mois… de la raison pour laquelle un jeune garçon ultra-orthodoxe ne fait pas son service militaire », a-t-il dit.
Cela fait longtemps que les députés ultra-orthodoxes réclament une législation qui exempterait les membres de leur communauté du service militaire de manière officielle. La question a été l’une des plus sensibles au sein de la société israélienne depuis deux décennies.
Le problème du recrutement des ultra-orthodoxes au sein de l’armée est largement considéré comme un sujet controversé et dangereux pour Netanyahu, qui s’appuie sur le soutien des partis haredim afin de maintenir sa coalition.
A LIRE : Ce groupe, financé par l’État, qui est chargé de l’exemption des étudiants en yeshiva
Malgré l’expiration du cadre actuel qui régit les exemptions militaires, le gouvernement, l’année dernière, a décidé de ne pas enrôler les étudiants en yeshiva et le budget amendé qu’il a proposé, pour l’année 2024, comprendra des millions de shekels en faveur d’une organisation à but non-lucratif qui coordonne les exemptions pour les étudiants en yeshiva.