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Israël a levé l’interdiction d’entrée d’un employé de Human Rights Watch

Le ministère des Affaires étrangères a annoncé avoir revu sa décision d’interdire l’entrée du pays à Omar Shakir, mais est toujours réticent quant à sa partialité anti-Israël présumée

Omar Shakir, directeur de Human Rights Watch (HRW) pour Israël et la Palestine. (Crédit : capture d'écran YouTube)
Omar Shakir, directeur de Human Rights Watch (HRW) pour Israël et la Palestine. (Crédit : capture d'écran YouTube)

Un employé américain de Human Right Watch (HRW) a été autorisé à entrer en Israël lundi soir, après une première interdiction au motif d’une partialité anti-Israël.

Omar Shakir, directeur de recherches pour Israël et la Palestine du groupe HRW, a atterri à l’aéroport Ben Gurion International avec un visa touriste pour une durée de 10 jours.

Il a remercié le ministère des Affaires étrangères sur Twitter : « Bien atterri à Ben Gurion. [Le ministère des Affaires étrangères] m’attendait avec un panneau, m’a donné mon visa et m’a escorté en moins de 5 minutes. Merci à eux et à vous pour ce soutien. »

« Au début, nous avions décidé de ne pas le laisser entrer dans le pays. Mais nous avons revu notre décision », a déclaré mardi matin Emmanuel Nahshon, porte-parole du ministère des Affaires étrangères au Times of Israel . « Cela ne veut pas dire que nous n’avons pas de sérieuses réticences vis-à-vis de l’organisation et de l’objectif de sa visite en Israël. »

Shakir n’a pas reçu de « traitement VIP » mais le ministère des Affaires étrangères, qui a un représentant permanent à l’aéroport Ben Gurion, a souhaité éviter les problèmes liés à son entrée et a décidé de l’escorter, a indiqué Nahshon.

Le mois dernier, Shakir s’était vu refuser l’octroi d’un visa de travail en Israël. Le ministère des Affaires étrangères a invoqué la tendance du groupe HRW a s’engager au « service de la propagande palestinienne ».

L’ambassade israélienne à Washington avait alors suggéré à Yakir de demander un visa touristique, qui devrait lui permettre d’entrer en Israël.

Mais jeudi dernier, cela lui a également été refusé par le contrôle des frontières, une branche de l’Autorité des populations et de l’immigration du ministère de l’Intérieur.

Dans la lettre de refus, le département a affirmé que Shakir n’avait pas obtenu de permis de travail en tant que chercheur sur les droits de l’Homme au nom de HRW, parce que « selon l’opinion du ministère des Affaires étrangères […] les activités publiques et les rapports publiés par Human Rights Watch sont politiquement engagés au service de la propagande palestinienne et brandissent à tort la bannière des ‘droits de l’Homme’ ».

Cette décision est la dernière mesure en date contre les groupes de défense des droits de l’Homme et autres organisations qu’Israël accuse de partialité à son égard.

« Il est décevant de voir le gouvernement israélien incapable de faire la distinction entre des critiques justifiées de ses actes et une propagande », a déclaré Shakir dans un email la semaine dernière.

Selon Shakir, les autorités israéliennes auraient dit au groupe HRW que le refus du visa ne le visait pas directement mais qu’il s’appliquerait à tous les membres de l’organisation.

Pour défendre la décision initiale, Emmanuel Nachshon a décrit le groupe HRW comme une « organisation anti-Israël, ouvertement hostile, dont les rapports n’ont d’autre but que de nuire à Israël sans se soucier de la vérité ni de la réalité. »

Nahshon a ajouté que le groupe n’a pas été banni et que ses employés israéliens comme palestiniens recevront des permis de travail et diffuseront des rapports.

Avant de rejoindre le groupe HRW en 2016, Shakir travaillait au département juridique du Center for Constitional Rights, une organisation qui a porté plainte pour crime de guerre contre l’ancien ministre de la Défense israélien Moshe Yaalon et l’ancien directeur du Shin Bet, Avi Dichter, actuellement député.

Shakir est avocat. Il a étudié à Stanford mais a également travaillé sur les droits de l’Homme en Égypte, au Pakistan et à la maison d’arrêt de Guantanamo, selon sa biographie.

Shakir a mené une campagne anti-Israël et soutient le mouvement Boycott, Désinvestissement et Sanction (BDS). Il a comparé Israël à l’apartheid sud-africain et le sionisme au nationalisme afrikaner, qui a engendré l’apartheid.

Selon une loi adoptée quelques heures après l’entrée de Shakir dans le pays, Israël peut refuser l’entrée à quiconque soutient un boycott contre Israël ou contre les implantations de Cisjordanie.

Le groupe HRW étudie plus de 90 pays, notamment à travers le Moyen Orient. Il dit avoir un accès direct à ces pays, mais certains pays, comme Cuba, l’Égypte, l’Iran, la Coré du Nord, l’Ouzbékistan et le Venezuela, ont interdit à ses employés d’entrer.

Israël, ses défenseurs et certains de ses détracteurs ont accusé à maintes reprises Human Rights Watch de poursuivre un parti pris anti-israélien, une critique que le fondateur de l’organisation, Robert L. Bernstein, a partagé dans dans un article inhabituel qu’il a publié en 2009 dans le New York Times. Bernstein a réitéré sa critique l’année suivante au cours d’une conférence dans une université du Nebraska.

Human Rights Watch a publié une série de rapports très critiques à l’égard d’Israël, en particulier après des guerres ou des périodes de violence intense avec des militants palestiniens. Par exemple, il a accusé Israël d’avoir commis des crimes de guerre lors de combats contre des terroristes du Hamas dans la bande de Gaza au cours de l’été 2014. Israël a vivement rejeté les conclusions de ce rapport.

HRW a également lancé une campagne pour que les clubs de football israéliens des implantations de Cisjordanie soient expulsés par la FIFA.

Le groupe a également publié des rapports critiques à l’égard des Palestiniens. Par exemple, l’année dernière, il a accusé l’Autorité palestinienne en Cisjordanie et le groupe terroriste islamiste du Hamas à Gaza de détenir arbitrairement des journalistes et des militants. Il a également critiqué les exécutions menées par le Hamas.

Raphael Ahren a contribué à cet article.

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