Israël autoriserait 400 juifs éthiopiens à immigrer avant les élections
Selon des médias israéliens, une personnalité du "gouvernement" se rendra en Éthiopie pour superviser la venue des Falash Mura autorisés à rejoindre leurs familles déjà en Israël
Le gouvernement prévoit de faire venir en Israël 400 membres d’une communauté éthiopienne d’origine juive, afin de les réunir avec les membres de leur famille vivant déjà dans le pays, a rapporté mercredi la Douzième chaîne d’information télévisée.
Des membres de la communauté Falash Mura seront transportés par avion avant les prochaines élections du 2 mars et une personnalité du « gouvernement » se rendra probablement en Éthiopie pour superviser personnellement les opérations, a confié à la chaîne une source proche du dossier.
Les Falash Mura sont des Juifs éthiopiens dont les ancêtres se sont convertis au christianisme, souvent sous la contrainte, il y a plusieurs générations.
Il y a environ 8 000 membres de tribus en Éthiopie qui possèdent des parents proches en Israël et qui attendent d’immigrer.
L’immigration massive prévue comprendra environ 60 familles qui ont été divisées, soit à cause de leurs parents, soit à cause de leurs enfants qui vivent déjà en Israël, un critère clé pour faire partie du programme.
Le financement de ce plan a déjà été obtenu suite à une décision antérieure du gouvernement, prise en 2018, de faire venir des membres Falash Mura en Israël, indique le rapport.
Le travail préparatoire du plan a été effectué par le ministre de l’Immigration et de l’Intégration Yoav Galant, avec des efforts en coulisses du Premier ministre Benjamin Netanyahu, selon le rapport.
Le ministère de l’Intérieur, l’Autorité de la population et de l’immigration et le député Gadi Yevarkan, un député israélo-éthiopien qui a récemment quitté le parti Kakhol lavan pour rejoindre le Likud, sont également impliqués.
L’approbation finale devrait bientôt être donnée par le ministère de la Justice.
Comme le ministère de l’Intérieur ne considère pas les Falash Mura comme des Juifs, ils ne peuvent pas immigrer en vertu de la Loi du retour et doivent donc obtenir une autorisation spéciale du gouvernement pour s’installer en Israël.
Dans un communiqué, la Campagne pour l’alyah des Juifs éthiopiens s’est félicitée de cette évolution, mais a ajouté qu’elle ne se satisfaisait pas « d’un petit nombre limité d’immigrants ».
« Il est absurde que l’immigration de 400 juifs d’Éthiopie soit une procédure difficile et compliquée, alors qu’en Europe de l’Est, des milliers de personnes immigrent chaque mois sans examen minutieux », indique le communiqué.
La campagne a noté que le gouvernement avait déjà décidé de faire venir dans le pays 1 000 membres de la communauté juive éthiopienne comptant de la famille en Israël. Jusqu’à présent, seuls 600 ont été évacués, selon le communiqué, « donc en pratique, il s’agit simplement de la poursuite d’une décision existante ».
La campagne a également noté qu’un gouvernement Netanyahu avait décidé en 2015 de faire venir en Israël tous les membres de la communauté juive d’Addis-Abeba et de Gondar d’Éthiopie et exhorté le gouvernement à appliquer cette décision.
La communauté israélo-éthiopienne affirme que le processus d’approbation de l’immigration est mal exécuté et inexact, divisant ainsi les familles. Au moins 80 % des membres de la tribu Falash Mura en Éthiopie disent avoir des parents au premier degré vivant en Israël, et certains attendent depuis une vingtaine d’années pour immigrer.
Environ 140 000 Juifs éthiopiens vivent aujourd’hui en Israël, une petite minorité dans un pays de près de 9 millions d’habitants.
Quelque 22 000 d’entre eux ont été transportés par avion en Israël lors des opérations Moïse en 1984 et Salomon en 1991. Leur intégration ne s’est pas faite sans heurts en raison du manque de diplômes et du racisme à leur encontre.
L’année 2018 a été marquée par de nombreuses et parfois violentes manifestations d’Éthiopiens en Israël après l’assassinat par la police d’un adolescent non armé, le dernier d’une série d’incidents de racisme et de brutalité policière contre les Éthiopiens-Israéliens.
Alors que les immigrants juifs éthiopiens de la communauté Beta Israel sont reconnus comme pleinement juifs et n’ont pas eu besoin de se convertir à leur arrivée en Israël, les immigrants d’Éthiopie appartenant à la petite communauté Falash Mura sont tenus de se convertir à l’orthodoxie après avoir immigré.
En novembre 2019, un organe rabbinique de haut rang de l’État a décidé de renforcer la reconnaissance des membres de la communauté Beta Israel d’Éthiopie en tant que juifs, après qu’une décision antérieure sur la question n’eut pas permis d’empêcher certains responsables de continuer à remettre en question leur patrimoine.
La décision du Conseil du grand-rabbinat est intervenue plus de 45 ans après que le grand rabbin de l’époque, Ovadia Yosef, a décidé que les membres de la communauté Bêta Israël étaient juifs, dans une décision révolutionnaire qui a ouvert la voie à un transfert aérien de dizaines de milliers de personnes vers Israël.
Cependant, certains ont continué à remettre en question ou à refuser de reconnaître les membres de la communauté comme étant juifs, suscitant des accusations de racisme. En 2018, une entreprise vinicole casher a suscité la colère après qu’on a appris qu’elle ne permettait pas aux travailleurs éthiopiens de toucher le vin par crainte qu’ils ne soient pas juifs, ce qui rendrait le vin non casher.
En novembre 2015, le gouvernement a adopté à l’unanimité un projet visant à faire venir en Israël tous les membres restants de la communauté juive éthiopienne d’ici 2020. Mais le plan a échoué en quelques mois, lorsque le bureau du Premier ministre a refusé de le mettre en œuvre parce que le milliard de shekels qu’il disait nécessaire pour financer le processus d’absorption ne figurait pas dans le budget de l’État.
En 2017, le ministère des Finances a lancé la première étape du plan, en allouant des fonds pour 1 300 personnes afin qu’elles émigrent en Israël. Ces 1 300 personnes sont arrivées dans le pays juste avant la fin de cette année-là, sur des vols financés par l’ambassade chrétienne internationale de Jérusalem, dans le cadre de son programme de soutien à l’immigration juive en Israël.
Le plan a été remis en question en 2018 après que le gouvernement eut adopté le budget de l’État de 2019 sans aucune allocation pour l’immigration éthiopienne. L’immigration et son financement devraient être discutés lors d’une future réunion interministérielle, sans qu’aucune date n’ait été fixée.