Israël condamne des images « horribles » après la décapitation d’un soldat ukrainien
Sans mentionner explicitement la Russie, le ministère des Affaires étrangères dit que "les responsables de telles atrocités doivent être poursuivis"

Israël a condamné des actes « inhumains » et « horribles » après la diffusion d’une vidéo qui montrerait la décapitation d’un soldat ukrainien par l’armée russe.
« Il est impossible de rester indifférent aux vidéos horribles qui ont été diffusées et tournées dans la ville de Bakhmut. De tels actes sont inhumains », a commenté le ministère des Affaires étrangères dans une déclaration, mercredi dans la soirée.
« Les responsables de telles atrocités doivent être poursuivis », a ajouté le ministère sans mentionner spécifiquement la Russie.
La vidéo qui a circulé sur internet semble montrer un homme, habillé d’un treillis vert et portant un brassard jaune – l’attirail typique des combattants ukrainiens. Il crie avant qu’un autre homme ne prenne un couteau pour le décapiter.
Un troisième individu tient un gilet pare-balle, qui appartient apparemment au soldat ukrainien. Les trois bourreaux s’expriment en russe.
Si Israël a tenté d’éviter de se mettre en porte-à-faux avec la Russie, qui contrôle l’espace aérien syrien où l’armée israélienne mène des raids prenant pour cible les groupes mandataires de l’Iran, l’État hébreu a critiqué avec force Moscou et à plusieurs occasions.
Israël s’est néanmoins abstenu jusqu’à présent de fournir des armes à l’Ukraine dans le sillage de l’invasion russe, au mois de février 2022, ajoutant à la perception générale de la recherche par l’État hébreu d’une certaine neutralité face au conflit.
La guerre progressant, Israël a insisté de manière croissante sur son soutien à l’Ukraine, fournissant plus de 22,5 millions de dollars d’aides humanitaires et établissant un hôpital de campagne pour soigner les Ukrainiens blessés dans les premiers jours de la guerre. En février, Jérusalem s’est aligné sur les gouvernements de 140 autres pays en votant en faveur d’une résolution avancée par Kiev devant l’Assemblée générale des Nations unies qui appelait la Russie à retirer ses forces d’Ukraine.

De récentes informations ont laissé entendre qu’il y avait eu un changement de positionnement en Israël, avec la décision prise, pour la toute première fois, d’autoriser la vente d’équipements militaires défensifs à la capitale ukrainienne.
Selon le site d’information Walla, qui a cité trois responsables israéliens et ukrainiens, Jérusalem a approuvé les permis d’exportation de systèmes de guerre électronique vendus par deux firmes israéliennes. Ces systèmes, d’une portée de 40 kilomètres, pourraient être utilisés par Kiev pour se défendre contre les attaques au drone.
La Russie a envoyé des milliers de drones kamikazes iraniens qui ont pris pour cible des structures de tout le pays et en particulier des centrales électriques et autres infrastructures cruciales.
Des documents des services de renseignement qui ont fuité, la semaine dernière, ont indiqué que les États-Unis pensaient qu’il était possible de faire changer le positionnement israélien en exerçant des pressions ou en convaincant le pays de le faire de manière à ce que Jérusalem fournisse à l’Ukraine « des aides létales ».
L’Ukraine a ouvert mercredi une enquête sur la vidéo macabre, qui s’était répandue rapidement sur internet et qui a suscité l’indignation des officiels de Kiev, notamment celle du président Volodymyr Zelensky, provoquant également une onde de choc au sein des organisations internationales. Le Kremlin, de son côté, a évoqué des images « horribles », disant qu’elles devaient faire l’objet d’une vérification.
Depuis l’invasion de l’Ukraine par les forces russes en février 2022, ces dernières ont commis de nombreux abus et des crimes de guerre, selon les Nations unies et les organisations des droits de l’Homme. Ainsi, l’Ukraine a accusé de manière répétée les Russes de prendre pour cible les immeubles résidentiels et d’autres structures et équipements civils dans ses frappes, et les images de centaines de cadavres de civils dans les rues de Bucha et dans des charniers de la ville ont fait le tour du monde.
La Cour pénale internationale a émis un mandat d’arrêt contre le président Vladimir Poutine pour crimes de guerre, mettant directement en cause sa responsabilité dans l’enlèvement d’enfants ukrainiens.
Le Kremlin nie avoir commis des crimes de guerre ou visé des civils.
Les troupes ukrainiennes ont aussi été accusées d’abus et, l’année dernière, Kiev avait déclaré lancer des investigations après la circulation sur internet d’une vidéo qui, selon Moscou, montrait des soldats ukrainiens tuer des combattants russes qui avaient peut-être tenté de se rendre.

Zelenksy a déclaré que les violences présentes dans la dernière vidéo ne pourraient jamais être oubliées et que les forces russes devaient répondre de leurs actes.
« Tout le monde doit réagir, tous les leaders. Ne vous attendez pas à ce qu’on oublie, ne vous attendez pas à ce que le temps nous fasse oublier ce qui c’est passé », a-t-il dit dans une vidéo.
Utilisant des mots forts dans ce clip, il a qualifié les soldats russes de « bêtes ».
Mercredi en fin de journée, à l’occasion d’une table ronde regroupant le FMI et la Banque mondiale, Zelensky a appelé, en visioconférence, à une minute de silence en mémoire du soldat décapité.
De son côté, le porte-parole du Kremlin, Dmitry Peskov, a déclaré que la vidéo était « horrible » mais qu’elle devait être vérifiée.
« Dans le monde de mensonges dans lequel nous évoluons, l’authenticité de ces images doit être vérifiée », a-t-il dit lors d’un entretien téléphonique avec des journalistes.