Israël détruit l’arsenal d’Assad avant qu’il ne tombe entre les mains des rebelles islamistes
De multiples frappes ont visé des dépôts de missiles, des défenses aériennes et des sites d'armes chimiques : Tsahal a pris le contrôle d'une zone tampon, une première depuis 1974
Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.
L’aviation militaire israélienne a frappé dimanche des dizaines de cibles en Syrie, afin de détruire des armes dont Israël craint qu’elles ne tombent entre les mains de forces hostiles, à la suite de la chute spectaculaire du régime de Bachar el-Assad, deux semaines après une offensive éclair menée par des groupes rebelles islamistes.
Dimanche également, l’armée israélienne a pris le contrôle d’une zone tampon entre la frontière israélo-syrienne sur le plateau du Golan, ce qu’elle a décrit comme une mesure défensive temporaire.
Des dizaines d’avions de Tsahal ont frappé de nombreuses cibles, en se concentrant sur la destruction « d’armes stratégiques », ont déclaré des sources de défense au Times of Israel, décrivant les frappes comme « très intensives ».
Les armes visées par l’aviation militaire israélienne comprenaient des sites de stockage de missiles avancés, des systèmes de défense aérienne et des installations de production d’armes, selon les sources de la défense. Israël a également frappé un site d’armes chimiques dans la nuit de samedi à dimanche, selon des médias étrangers – une information confirmée lundi par le ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar.
Le régime Assad, qui est tombé dimanche après une offensive éclair des forces rebelles, était un allié du régime iranien et faisait partie de ce qu’on appelle « l’axe de la résistance » contre Israël.
Pendant de nombreuses années, la Syrie a servi de voie de passage pour les armes iraniennes, en direction des groupes terroristes, notamment le Hezbollah au Liban, avec lequel Israël a conclu un fragile cessez-le-feu le mois dernier.
قصف عنيف شنه الطيران الإسرائيلي المجرم على مطار المزة العسكري
بعد استهداف مبني الجوازات والمخابرات العامة #سوريا_حرة #سوريا_الان pic.twitter.com/0uplSqtcMB— ساري الحمد Sari (@SariHamad6) December 8, 2024
Israël a frappé au moins sept cibles dans le sud-ouest de la Syrie dimanche, ont déclaré à Reuters deux sources de sécurité régionales.
Il s’agit notamment de la base aérienne de Khalkhala, au nord de la ville de Sweida, que les troupes de l’armée syrienne ont quittée dans la nuit de samedi à dimanche. Les sources régionales ont indiqué que l’armée avait laissé derrière elle un important stock de missiles, de batteries de défense aérienne et de munitions, qui ont été frappés dimanche.
Les frappes sur la base aérienne de Mezzeh à Damas ont visé d’autres dépôts de munitions, ont déclaré les sources à Reuters.
Des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux semblent montrer l’ampleur des frappes aériennes israéliennes qui ont visé la base aérienne de Mezzeh. Les vidéos montrent un bombardement intensif de la base aérienne.
قصف عنيف شنه الطيران الإسرائيلي المجرم على مطار المزة العسكري
بعد استهداف مبني الجوازات والمخابرات العامة #سوريا_حرة #سوريا_الان pic.twitter.com/0uplSqtcMB— ساري الحمد Sari (@SariHamad6) December 8, 2024
????⚡️ عاجل
إسرائيل تدمر مطار المزة العسكري في دمشق pic.twitter.com/kGJxBAAoiJ— الموجز الروسي | Russia news ???????? (@mog_Russ) December 8, 2024
Plus tard, Israël a mené une autre vague d’au moins trois frappes aériennes dans la capitale syrienne, ciblant un complexe de sécurité et un centre de recherche gouvernemental, ont déclaré les sources à Reuters.
Ces frappes ont causé d’importants dégâts au siège principal des douanes et aux bâtiments adjacents aux bureaux du renseignement militaire dans le complexe de sécurité, dans le quartier de Kafr Sousa à Damas, ont indiqué les sources, où Israël avait précédemment déclaré que des scientifiques iraniens mettaient au point des missiles.
Le centre de recherche aurait également été endommagé.
L’une des sources régionales a déclaré que les frappes avaient touché des infrastructures utilisées pour stocker des données militaires sensibles, des équipements et des pièces de missiles guidés.
Des frappes ont également été signalées dans les gouvernorats de Daraa et de Suwayda, dans le sud de la Syrie, selon les médias locaux.
Les États-Unis ont également profité de la nouvelle configuration en Syrie pour mener des dizaines de frappes sur des cibles de l’État islamique dans le centre de la Syrie dimanche.
L’aviation militaire américaine a frappé plus de 75 cibles de l’État islamique, notamment des dirigeants, des combattants et des camps, selon l’armée américaine. Les frappes ont été menées contre « plus de 75 cibles en utilisant plusieurs appareils de l’US Air Force, dont des B-52, des F-15 et des A-10 », a indiqué le Commandement central américain sur les réseaux sociaux.
Un haut responsable de l’administration Biden a déclaré dimanche à la presse que les États-Unis travaillaient avec leurs alliés du Moyen-Orient pour sécuriser et détruire les armes chimiques qui appartenaient au régime d’Assad récemment effondré.
« Nous prenons des mesures très prudentes à ce sujet [et] faisons tout ce que nous pouvons pour nous assurer que ces matériaux ne soient accessibles à personne et qu’ils soient protégés… Nous voulons nous assurer que le chlore ou des substances bien pires sont détruits ou mis en sécurité. Plusieurs efforts sont déployés à cet égard avec des partenaires de la région », a déclaré le haut fonctionnaire américain lors d’une réunion d’information.
Il n’a pas précisé quels pays participaient à ces efforts.
Protéger la frontière
De son côté, l’armée israélienne a lancé un « avertissement urgent » aux habitants de plusieurs villages syriens proches de la frontière israélienne, lors des opérations menées dans la zone tampon entre Israël et la Syrie.
« Les combats dans votre région obligent l’armée israélienne à agir et nous n’avons pas l’intention de vous faire du mal », a déclaré sur X le colonel Avichay Adraee, porte-parole en langue arabe de Tsahal. « Pour votre sécurité, vous devez rester chez vous et ne pas sortir jusqu’à nouvel ordre. »
L’avertissement a été adressé aux habitants d’Ofaniya, de Qouneitra, d’al-Hamidiyah, de Samdaniya al-Gharbiyya et d’al-Qahtaniyah, tous proches de la frontière israélienne.
#عاجل ‼️ تحذير عاجل الى السكان في جنوب سوريا في القرى والبلدات التالية:
????أوفانية
????القنيطرة
????الحميدية
????الصمدانية الغربية
????القحطانيةالقتال داخل منطقتكم يجبر جيش الدفاع على التحرك ولا ننوي المساس بكم.
من أجل سلامتكم عليكم البقاء في منازلكم وعدم الخروج حتى إشعار آخر pic.twitter.com/nvY95182j5
— افيخاي ادرعي (@AvichayAdraee) December 8, 2024
L’armée israélienne a pris dimanche le contrôle de la zone tampon entre Israël et la Syrie, soulignant qu’il s’agissait d’une mesure défensive et temporaire, compte tenu du chaos qui règne dans le pays après la chute du régime Assad.
C’est la première fois depuis la signature de l’accord de 1974 sur le désengagement à la suite de la guerre du Kippour que les forces israéliennes prennent position à l’intérieur de la zone tampon entre Israël et la Syrie, bien que l’armée israélienne y ait pénétré brièvement à plusieurs reprises par le passé.
« Nous agissons avant tout pour protéger notre frontière », a déclaré le Premier ministre Benjamin Netanyahu, en visite sur le plateau du Golan. « Cette région a été contrôlée pendant près de 50 ans par une zone tampon, convenue en 1974, l’accord de séparation des forces. Cet accord s’est effondré, les soldats syriens ont abandonné leurs positions ».
Selon l’armée, les troupes israéliennes ont été déployées à des positions stratégiques spécifiques dans la zone tampon afin d’empêcher la présence d’hommes armés non identifiés dans la région.
Israël a informé les États-Unis avant de prendre le contrôle de la zone, a rapporté Axios dimanche soir, précisant à l’administration Biden qu’il s’agissait d’une action temporaire, qui ne devait durer que quelques jours voire quelques semaines.
L’armée israélienne a déclaré que le déploiement avait été effectué en coordination avec la Force des Nations unies chargée d’observer le désengagement (FNUOD), qui est responsable de la zone tampon. En date de dimanche, les membres de la FNUOD étaient toujours à leurs postes.
La chaîne publique Kann a rapporté dimanche que le gouvernement envisageait d’étendre la zone de contrôle de l’armée israélienne au plateau du Golan, « avant que quelqu’un d’autre n’entre dans le vide ainsi créé », citant une source anonyme familière avec le sujet.
Parmi les mouvements existants dans la zone, les troupes de l’unité d’élite Shaldag de l’armée de l’air israélienne se sont emparées dimanche du versant syrien du mont Hermon, situé à une dizaine de kilomètres de la frontière, et n’ont rencontré aucune résistance au cours de l’opération.
היסטוריה: כוחות צה"ל באזור החרמון הסורי pic.twitter.com/Zp22QzVPWA
— ynet עדכוני (@ynetalerts) December 8, 2024
Une photo circulant sur les réseaux sociaux dimanche, et largement publiée dans les médias israéliens, semblait montrer un groupe de soldats de l’armée israélienne tenant un drapeau israélien sur le sommet de la montagne.
Le gouvernement syrien est tombé tôt dimanche, mettant fin de manière stupéfiante aux 50 ans de règne de la famille Assad, après qu’une brusque offensive rebelle a traversé les territoires tenus par le gouvernement et est entrée dans la capitale en 10 jours.
La guerre civile en Syrie, qui a éclaté en 2011 sous la forme d’un soulèvement contre le régime d’Assad, a entraîné l’intervention des principales puissances extérieures, créé un espace pour les militants djihadistes qui préparent des attaques dans le monde entier et envoyé des millions de réfugiés dans les États voisins.
Hayat Tahrir al-Sham, le groupe rebelle le plus puissant, est l’ancienne filiale d’Al-Qaïda en Syrie, considérée par les États-Unis et d’autres comme une organisation terroriste, et de nombreux Syriens craignent qu’il n’impose un régime islamiste draconien.
Le chef du HTS, Abu Mohammed al-Jolani, a tenté de rassurer les minorités en leur disant qu’il n’interférerait pas avec elles et la communauté internationale en leur expliquant qu’il s’opposait aux attaques islamistes à l’étranger. À Alep, dont les rebelles islamistes se sont emparés il y a une semaine, aucunes représailles n’ont été signalées.
Jacob Magid et l’équipe du Times of Israël ont contribué à cet article.