Israël était « à un cheveu » d’une guerre avec le Hezbollah, selon Eizenkot
L'ancien chef d'état-major a averti que le groupe terroriste libanais représentait encore une menace et que l'Iran était toujours à la poursuite de l'arme nucléaire

Le chef d’état-major récemment retraité Gadi Eizenkot a déclaré lundi qu’Israël est passé près d’un conflit ouvert avec le Hezbollah pendant son mandat.
Durant une conférence sur la sécurité à Netanya, Eizenkot a déclaré que les tensions avec le groupe terroriste soutenu par le Hezbollah, et qui contrôle une bonne partie du Liban, ont failli se transformer en guerre plus d’une fois.
« Il est arrivé plusieurs fois que l’escalade vers une guerre tienne à un cheveu », a déclaré Eizenkot selon les médias israéliens.
Israël a livré sa dernière guerre au Hezbollah en 2006, mais les tensions le long de la frontière sont restées présentes. Depuis des années, Israël mène des frappes aériennes en Syrie pour empêcher l’Iran de livrer des armes au groupe terroriste. La fin du mandat de quatre ans par Eizenkot a été marquée par une opération visant à détruire des tunnels transfrontaliers qui relient le territoire libanais à Israël. Des soldats israéliens se sont retrouvés plus d’une fois à quelques mètres d’agents du Hezbollah de l’autre côté de la frontière.
« La menace du Hezbollah est sérieuse », a déclaré Eizenkot durant la conférence. « C’est une organisation terroriste forte qui a acquis de l’expérience pour les opérations d’envergure et veut préparer un plan d’attaque pour conquérir la Galilée et faire entrer 5 000 combattants par les voies souterraines » en Israël.
La menace d’une guerre contre le Hezbollah s’est intensifiée ces trois dernières années, a-t-il jugé.

Le général à la retraite a également fait savoir que la menace des tunnels du Hezbollah avait été identifiée il y a des années, et qu’Israël avait lancé l’opération Bouclier du nord en décembre dernier pour localiser et détruire ces tunnels d’attaque transfrontaliers.
L’organisation terroriste a nié que ces tunnels faisaient partie d’un plan d’attaque et que leur destruction par Israël était un coup porté aux opérations du groupe.
« La découverte de ces tunnels n’affecte pas de 10 % nos plans pour conquérir la Galilée. Si nous décidons de le faire – et malgré la destruction des tunnels -, nous les reconstruirons », avait affirmé son leader Hassan Nasrallah en janvier.
Il a également suggéré qu’Israël était passé à côté d’autres tunnels transfrontaliers.
Durant son mandat de chef d’état-major, débuté en février 2015, Eizenkot a déclaré que « le couronnement de ses activités était le fait d’avoir déjoué le programme nucléaire iranien ». Il n’a pas fourni plus de détails. L’accord signé entre l’Iran et les puissances mondiales pour freiner les ambitions nucléaires de Téhéran a été signé un an et demi après le début du mandat d’Eizenkot.
Cependant, a-t-il mis en garde, les capacités nucléaires iraniennes n’ont pas été contestées.
Eizenkot a également déclaré que la guerre classique reste une menace pour Israël et qu’en dépit de sa désintégration dans la guerre civile, les forces armées syriennes devraient recouvrer leur force.
« Il ne fait aucun doute que d’ici trois à cinq ans, nous observerons une amélioration dans l’armée syrienne, qui a déjà entamé un processus de réhabilitation, c’est une menace qui continuera à préoccuper l’armée israélienne », a mis en garde Eizenkot.

Eizenkot avait demandé à écourter son année de mise en disponibilité payée qui devait durer un an. Il va y mettre un terme à la fin du mois de mars. Cette décision alimente les rumeurs sur son intention de se faire élire à des fonctions politiques dès que possible.
L’ex-chef d’état-major a quitté le service actif le 15 janvier et entamé une période d’un an de mise en disponibilité rémunérée jusqu’à janvier 2020. Il est ensuite obligé d’attendre une période de trois ans de « réserve » obligatoire pour les hauts gradés de l’armée avant d’être autorisés à occuper des fonctions politiques.
Eizenkot a nié toute ambition politique et déclaré que cette démarche lui permettait d’intégrer cette année un groupe de réflexion de l’Institut Washington pour la politique au Proche-Orient.