Israël fulmine après un vote du Sénat irlandais sur une loi anti-implantations
Le ministère des Affaires étrangères a fustigé "le texte de loi anti-Israël le plus extrême d'Europe" ; d'autres obstacles sont à franchir avant qu'il n'entre en vigueur
Raphael Ahren est le correspondant diplomatique du Times of Israël

La Chambre haute du Parlement irlandais a adopté mercredi un texte de loi qui criminalise l’importation et la vente de produits fabriqués dans les villes israéliennes de Cisjordanie, de Jérusalem-Est et du plateau du Golan.
Après plusieurs débats, le projet de loi 2018 sur le contrôle des activités économiques (territoires occupés) est désormais confié à la Chambre basse, connue sous le nom de Dáil Éireann, où il devra passer cinq sessions de débats supplémentaires avant que le président ne le signe.
« Incroyable – le projet de loi sur les Territoires occupés a passé toutes les étapes au Seanad Éireann! L’Irlande peut être le premiers pays de l’UE à mettre fin au commerce illégal des produits des implantations », a tweeté la sénatrice indépendante Frances Black, quelques minutes après le vote.
« Il passe maintenant au Dáil et avec un tel soutien, nous ferons de ce texte vital une loi. »

Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères israélien Emmanuel Nahshon a répondu que cette mesure était haineuse et inutile.
« Vraiment incroyable – le Sénat irlandais vient d’approuver une initiative de boycott haineux contre une nation amie », a-t-il tweeté à l’intention de Black. « Cela n’aidera pas les Palestiniens et ne fera que faire reculer leurs dirigeants des négociations. »
Le ministère des Affaires étrangères a publié un communiqué officiel en réponse au vote : « Le Sénat irlandais (Seanad Éireann) a choisi d’accorder au texte de loi anti-Israël le plus extrême d’Europe. Cela n’aidera aucun Palestinien et va jusqu’à nier le lien historique entre le peuple d’Israël et le lieu de naissance du peuple juif. »
Le projet de loi présenté – un projet de loi d’initiative parlementaire – qualifie d’infraction « le fait d’importer ou de tenter d’importer des marchandises en provenance des implantations ».

De même, ceux qui « aident une autre personne à importer ou à tenter d’importer des biens des implantations » commettraient un crime passible d’une peine allant jusqu’à cinq ans de prison, si la loi devait être adoptée.
« Le projet de loi vise à interdire l’importation et la vente de biens, de services et de ressources naturelles provenant des implantations illégales dans les territoires occupés », a déclaré Mme Black dans un communiqué publié le 25 juin sur son site Web.
« De telles implantations sont illégales en vertu du droit international humanitaire et du droit intérieur irlandais, et entraînent des violations des droits de l’homme sur le terrain. Malgré cela, l’Irlande fournit un soutien économique continu par le biais du commerce des produits des implantations. »
Bien que le projet de loi ne mentionne pas Israël et les Territoires palestiniens, les critiques ont accusé qu’il semble avoir été écrit exclusivement dans l’optique du conflit israélo-palestinien.
« C’est une loi qui se sert sélectivement des décisions des tribunaux internationaux pour discriminer Israël et exclure tous les autres cas de territoires disputés », a accusé le ministère des Affaires étrangères mercredi.
« C’est un texte de loi dangereux qui donne aux Palestiniens l’illusion que la coercition externe peut remplacer les négociations. Cela encourage les Palestiniens à continuer à soutenir le terrorisme au lieu de prendre par à des négociations directes.
Si ce texte entre en vigueur, il sera « contre-productif, parce que, s’il est destiné à fermer les portes aux Israéliens, il ne réussira qu’à fermer la porte à toute implication irlandaise dans le processus de paix au Moyen Orient », a poursuivi le communiqué.
Cependant, dans des discussions à huis-clos, les responsables israéliens n’ont pas semblé perturbés par ce projet de loi, estimant que le gouvernement à Dublin finira par empêcher l’entrée en vigueur du texte de loi, même si il faut le bloquer techniquement pour qu’il soit adopté.
Le projet de loi a reçu le soutien de toutes les parties d’opposition et les sénateurs indépendants, mais a reçu l’opposition du gouvernement irlandais minoritaire. Le gouvernement affirme qu’interdire le commerce de certains produits est une prérogative qui relève l’Union européenne.
Dublin est, depuis longtemps, l’un des plus ardents critiques d’Israël en Europe.
Le ministre irlandais des Affaires étrangères a réprimandé lundi l’ambassadeur des États-Unis en Israël pour avoir qualifié Jérusalem de « capitale antique et moderne d’Israël, » affirmant que de tels commentaires pourraient s’avérer inutiles dans la quête de la paix israélo-palestinienne.
En réponse à un tweet dans lequel l’envoyé américain David Friedman a déclaré qu’aucune résolution des Nations unies ne pouvait changer le fait que Jérusalem était et est toujours la capitale d’Israël, Simon Coveney a écrit : « Vous travaillez sur une nouvelle initiative de paix que nous espérons tous juste, équilibrée et promise à la réussite. Mais des commentaires comme celui-ci seront perçus comme provocateurs et partiaux. Cela n’aide pas à créer l’atmosphère de compromis qui est nécessaire », a affirmé Simon Coveney.
Lundi soir, David Friedman avait écrit sur Twitter qu’ « il y a plus de 2 000 ans, des patriotes juifs (les Maccabées) capturaient Jérusalem, purifiaient le Temple Saint et le consacraient à nouveau comme un lieu de culte juif. L’ONU ne peut pas voter contre les faits : Jérusalem est la capitale antique et moderne d’Israël. Joyeux Hanoukka depuis cette ville bénie ! »
Les États-Unis sont l’un des rares pays à avoir reconnu la revendication d’Israël sur Jérusalem comme capitale, ce qui, l’année dernière, a suscité une large condamnation internationale.