Israël remercie l’Égypte pour le cessez-le-feu avec le Jihad islamique à Gaza
Les Nations unies et les États-Unis saluent la trêve, appelant les parties à la respecter ; le Conseiller à la sécurité nationale rappelle qu'Israël continuera à se défendre
Israël, les États-Unis et les Nations unies ont remercié l’Égypte pour son rôle dans la médiation d’un cessez-le-feu fragile qui a été conclu samedi soir avec le groupe terroriste du Jihad Palestinien à Gaza – et qui a mis un terme précaire à cinq jours de combats intenses entre les deux parties.
Le conseiller à la Sécurité nationale, Tzachi Hanegbi, a fait part de sa gratitude à l’égard du président égyptien Abdel-Fattah el-Sissi pour ses efforts visant à négocier cet accord, selon un bref communiqué qui a été émis samedi par le bureau du Premier ministre.
Hanegbi a souligné que « le calme répondra au calme mais si l’État d’Israël est attaqué ou menacé, alors il fera tout ce qui est en son pouvoir pour se protéger ».
Les États-Unis ont également salué l’accord de cessez-le-feu, samedi, faisant l’éloge de l’Égypte et du Qatar pour le rôle tenu par les deux pays dans la conclusion de cette trêve.
L’attachée de presse à la Maison Blanche, Karine Jean-Pierre, a indiqué que les responsables américains « ont étroitement travaillé avec leurs partenaires régionaux pour trouver ce cessez-le-feu qui met fin aux hostilités entre les deux parties, un accord qui permettra de ne plus déplorer d’autres pertes et de ramener le calme au bénéfice à la fois des Israéliens et des Palestiniens ».
« Nous sommes reconnaissants face aux efforts diplomatiques déterminants qui ont été livrés par le président Abdel Fattah El Sissi et par d’autres responsables égyptiens ainsi que par l’émir Sheikh Tamim Bin Hamad Al Thani au Qatar, » a-t-elle ajouté dans un communiqué.
Le secrétaire d’État Antony J. Blinken s’est entretenu avec le Premier ministre et ministre des Affaires étrangères qatari Mohammed bin Abdulrahman Al Thani, samedi, pour le remercier « pour le partenariat du Qatar et pour les efforts importants qui ont été livrés en faveur d’une désescalade des violences pendant les hostilités récentes », a dit le porte-parole du Département Matthew Miller dans un communiqué.
Les États-Unis saluent « le rôle crucial tenu par l’Égypte dans la médiation du cessez-le-feu qui empêchera de nouvelles pertes civiles. Nous reconnaissons également les initiatives solides qui ont été prises par le Qatar en faveur de la désescalade et de la fin des hostilités, ainsi que le soutien apporté par la communauté internationale au cessez-le-feu », a indiqué Miller, qui a noté que « notre équipe a travaillé sans relâche en coopération avec ses partenaires pour soutenir ces initiatives ».
Miller a ajouté que Washington réaffirmait « l’engagement sans faille des États-Unis en faveur de la sécurité d’Israël – comme cela se reflète dans notre soutien continu qui est apporté au Dôme de fer et aux autres systèmes de défense antimissile. Nous resterons engagés aux côtés de nos partenaires pour promouvoir le calme dans les semaines et dans les mois à venir ».
« Nous voulons remercier l’Égypte pour ses efforts », a indiqué Mohammad al-Hindi, officiel du bureau politique du Jihad islamique, à l’AFP. Il se trouvait au Caire depuis le début des combats, mardi dernier.
Le cessez-le-feu a été mis en vigueur samedi après 22 heures – commençant par un dernier barrage de roquettes depuis Gaza. Les sirènes ont alors été activées dans le sud et dans le centre d’Israël et des frappes israéliennes ont eu lieu ensuite pendant plusieurs minutes après le début de la trêve annoncée par le Caire. Samedi en fin de soirée, Israël a fait état d’autres attaques en direction de son territoire et l’armée a pris pour cible en représailles deux lance-roquettes souterrains appartenant au Jihad islamique.
Toutefois, le calme a paru revenir rapidement, mettant un terme à une opération qui a compris les assassinats ciblés, par Israël, de leaders du Jihad islamique à Gaza et des frappes aériennes de l’armée de l’air israélienne qui ont visé plus de 300 sites appartenant au groupe terroriste. Le groupe a lancé plus de 1 200 roquettes en direction d’Israël pendant la semaine, tuant deux civils – une femme âgée à Rehovot et un travailleur originaire de Gaza qui travaillait dans une serre aux abords de Shokeda, une ville du sud de l’État juif.
Le Coordinateur spécial des Nations unies au processus de paix du Moyen-Orient, Tor Wennesland, a appelé Israël et le Jihad islamique à observer le cessez-le-feu samedi, notant qu’il était « profondément attristé par les pertes humaines et par les blessés, avec des femmes et des enfants qui ont notamment été touchés, issus des frappes israéliennes à Gaza et des tirs de roquettes indiscriminés vers le territoire israélien du Jihad islamique palestinien et d’autres groupes terroristes ».
« Je veux une reprise immédiate de l’accès humanitaire à Gaza ainsi que toutes les mesures sociales et économiques possibles qui permettront de soutenir les Palestiniens » de la bande, a continué Wennesland dans une déclaration.
Pour sa part, le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a indiqué que l’opération avait été « bonne » et « importante » mais il a noté que son parti d’extrême-droite ne saurait garder le silence sur les questions sécuritaires alors qu’il prenait la parole à l’occasion d’une discussion avec les députés de sa faction Otzma Yehudit qui a eu lieu samedi, selon le site d’information Ynet.
« La prochaine opération devra avoir lieu en Judée-Samarie », a affirmé Ben Gvir, utilisant le nom biblique de la Cisjordanie. « De nombreux terroristes sont originaires de cette région et des assassinats ciblés devront nécessairement être également menés là-bas ».
« Si des porte-paroles du Likud ont pu croire que je resterais la queue entre les jambes, c’est le contraire – j’ai réellement le sentiment d’avoir influencé l’opération. Nous ne renverserons pas le gouvernement de droite mais nous ne siégerons pas dans un gouvernement qui n’adopterait pas une ligne résolument de droite », a-t-il dit.
Avant le lancement de l’Opération Bouclier et Flèche – c’est le nom qui avait été donné par Tsahal au raid militaire qui vient tout juste d’avoir lieu à Gaza – Ben Gvir se livrait à un bras de fer avec le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu. Il avait boycotté une réunion du cabinet, dimanche dernier, et il avait menacé de boycotter les votes de la coalition, forte de 64 sièges, à la Knesset – voire de quitter cette dernière, son parti étant furieux et frustré face à la prise en charge gouvernementale des questions sécuritaires.
Il avait annoncé mettre un terme à son boycott mardi matin, avec le lancement de la campagne militaire.
Des informations parues dans les médias israéliens ont indiqué que Ben Gvir avait été délibérément laissé à l’écart des délibérations et de la prise de décision concernant l’opération de l’armée, par crainte qu’il ne laisse fuiter des informations précieuses avant son lancement. Netanyahu ne ferait pas confiance à son ministre et il l’a laissé en marge des processus décisionnels sur les questions de sécurité.
Alors que le cessez-de-feu de samedi est dorénavant en vigueur, la députée élue sous l’étiquette de la formation Hatzionout HaDatit, Michal Woldiger, a laissé entendre qu’Israël devait adopter une ligne plus dure à l’égard des membres du Hamas, le groupe terroriste à la tête de Gaza – qui a fait le choix de ne pas participer à cette flambée de violences.
« Le Hamas est à la tête de Gaza et, en tant que tel, nous devons l’amener d’une manière ou d’une autre à la reddition », a-t-elle écrit sur Twitter, ajoutant que le Hamas devait être contraint à « rendre les citoyens israéliens et les dépouilles de Hadar et d’Oron retenus en otage » – faisant référence aux corps sans vie de Hadar Goldin et d’Oron Shaul, tués pendant la guerre de 2014 au sein de l’enclave côtière, qui se trouvent depuis entre les mains du groupe terroriste.
« Et, seulement alors, il y aura un ‘cessez-le-feu’ qui pourra être acceptable », a-t-elle ajouté.
Pour sa part, le porte-parole du Hamas, Abdel Latif Al-Qanua, a fait savoir que cet épisode de violence s’était achevé « sur une victoire pour la résistance ».
La « salle d’opérations conjointes », qui regroupe plusieurs factions terroristes palestiniennes – notamment le Hamas et le Jihad islamique – a indiqué dans un communiqué qu’elle gardait « le doigt sur la gâchette » en évoquant une éventuelle reprise par l’armée israélienne de ses opérations d’assassinats ciblés.
Benny Gantz, leader du parti HaMahane HaMamlahti, ancien ministre de la Défense et ex-chef d’état-major qui est aujourd’hui un membre déterminant de l’opposition, a salué l’annonce du cessez-le-feu, écrivant sur Twitter que « l’État d’Israël et les Israéliens ont prouvé une fois encore leur force ces derniers jours et ils ont transmis un message clair aux organisations terroristes – contre nos ennemis, nous nous dressons tous ensemble ».
Gantz a déclaré que « ce n’est pas terminé » et il a vivement recommandé aux résidents du sud d’Israël de respecter les instructions données par les autorités.
Les résidents des communautés proches de l’enclave ont reçu pour instruction de rester à proximité des abris antiaériens pendant toute la nuit. Les restrictions sur les déplacements et sur les rassemblements qui ont été imposées aux habitants des localités se trouvant dans un périmètre de 40 kilomètres autour de Gaza devraient être levées dimanche à midi. Les routes qui avaient été fermées à proximité de la frontière, par crainte qu’elles ne fassent l’objet de tirs de missiles anti-char, devaient pour leur part rouvrir dès 6 heures du matin, a annoncé l’armée, qui a procédé à des évaluations militaires. De la même manière, les restrictions pesant sur les Israéliens vivant au-delà de ce périmètre de 40 kilomètres autour de l’enclave côtière ont pris fin dimanche, dès 6 heures du matin.
Le Commandement intérieur avait imposé, pour les communautés situées à proximité de l’enclave palestinienne, la fermeture des écoles et des lieux de travail – à moins que les employés ne soient en mesure d’accéder à un abri antiaérien proche en cas de tir de roquettes – et des limites sur les rassemblements en plein air à seulement une dizaine de personnes. Les rassemblements en salle étaient limités à cent personnes dans ces secteurs.
Pendant cette opération de cinq jours, Israël a tué 18 membres du Jihad islamique en plus d’au moins dix civils palestiniens, a fait savoir un responsable de l’armée dans la journée de samedi. Le ministère de la Santé à Gaza, qui est dirigé par le Hamas, a établi ce bilan à 33, mais le responsable israélien a fait remarquer que certains civils, à Gaza, avaient probablement été tués par des roquettes du Jihad islamique qui s’étaient abattues au sein de la bande après avoir échoué à franchir la frontière. 151 Palestiniens ont par ailleurs été blessés, a annoncé le ministère de la Santé de la bande.
Les terroristes de Gaza, qui avaient commencé à tirer des roquettes mercredi après-midi en réponse aux bombardements de mardi, avaient tiré plus de 1 200 projectiles en direction du territoire israélien, samedi matin.
Selon l’armée, au moins 976 projectiles ont franchi la frontière et 221 sont retombés à Gaza – ces derniers auraient été à l’origine de quatre morts.
Tsahal a indiqué que ses systèmes de défense antiaérienne – le Dôme de fer et la Fronde de David, qui intercepte les missiles à moyenne portée – ont aidé à intercepter 373 roquettes, ce qui représente un taux d’interception de 91 % concernant les projectiles qui ont été lancés vers les zones peuplées. Plusieurs roquettes sont néanmoins retombées dans des localités, faisant un mort et plusieurs blessés en plus de dégâts importants.
Les autres missiles se seraient abattus dans des champs, sans entraîner de dommages, a noté l’armée. La plus grande partie des projectiles a ciblé des villes du sud d’Israël mais certains sont allés jusqu’à Tel Aviv, dans le nord du pays.
Au moins 77 Israéliens ont été blessés dans ces attaques à la roquette.
L’armée a mené des frappes contre 371 cibles appartenant au Jihad islamique pendant la campagne.