Israël se prépare à faire avancer 4 000 nouveaux logements dans les implantations
Selon les responsables, le voyage de Biden dans le pays se fera même si ce projet est approuvé, ajoutant que le président américain a fait savoir qu'il est défavorable à ce plan
Israël devrait faire avancer des projets de construction qui concernent presque 4 000 nouvelles habitations dans les implantations israéliennes de Cisjordanie, la semaine prochaine, et ce malgré l’opposition ferme des Américains.
Ce sont ainsi 2 536 logements qui devraient obtenir le feu vert et se hisser au dernier stade de planification à la sous-commission de haute planification au sein de l’Administration civile, au cours d’une réunion qui aura lieu jeudi. De plus, 1 452 autres vont franchir une nouvelle étape dans le processus d’autorisation des constructions – qui doivent être approuvées à divers paliers – et qui intègreront ainsi le stade de « dépôt ».
Ces approbations surviendront donc un peu plus d’un mois avant la visite prévue au sein de l’État juif du président américain Joe Biden.
Washington a indiqué, de manière répétée, que les implantations israéliennes menaçaient la mise en place d’une solution à deux États dans le conflit israélo-palestinien. Quand Israël avait fait avancer le projet de construction de 3 000 nouvelles habitations environ au mois d’octobre dernier, le département d’État avait estimé que cette initiative était « totalement incompatible avec les efforts visant à apaiser les tensions et à restaurer le calme ». Plusieurs semaines plus tard, Israël avait retiré un projet de construction massif qui était envisagé à proximité d’Atarot, à Jérusalem-Est, suite aux pressions américaines.
Au cours des dernières années, l’État juif a approuvé de nouvelles constructions dans les implantations tous les trimestres – même si les délais s’écoulant entre deux réunions de la Sous-commission de haute planification ont été parfois bien plus longs pendant les périodes diplomatiquement délicates. La commission travaille sous les auspices de l’Administration civile du ministère de la Défense, qui est chargée des constructions en Cisjordanie dans les secteurs placés sous le contrôle total des Israéliens.
Plus de six mois se sont passés depuis la dernière rencontre de la sous-commission mais les pressions exercées par son propre parti sur le Premier ministre Naftali Bennett en faveur de nouvelles constructions au-delà de la Ligne verte ont été croissantes, ces dernières semaines.
Le bureau du Premier ministre avait fait part aux États-Unis, en amont, de sa volonté de convoquer une nouvelle fois l’instance du ministère de la Défense chargée d’autoriser les constructions dans les implantations, a expliqué un responsable israélien. Il a ajouté que les Américains avaient répété leur opposition à de telles initiatives, mais il a démenti toute forme d’ultimatum de la part de Washington suite à cette annonce.
« Ils ont souligné leur positionnement de longue date mais il n’y a eu aucune menace », a ajouté l’officiel israélien.
Deux autres sources proches du dossier ont confié au Times of Israel qu’aucune condition n’avait été imposée en préalable au voyage de Biden et elles ont jugé « infondées » des informations émanant de la Douzième chaîne qui laissaient entendre le contraire.
La Douzième chaîne avait annoncé, vendredi, que la Maison Blanche avait conditionné le déplacement prévu de Biden au sein de l’État juif, disant qu’il ne devait y avoir aucune annonce de faite sur de nouvelles constructions dans les implantations.
Nir Orbach, membre de la Knesset issu de la faction Yamina de la ligne dure du Premier ministre Naftali Bennett, avait répondu dans une déclaration que « ceux qui ne reconnaissent pas le droit d’Israël de construire en Judée-Samarie sont invités à ne pas venir ici ».
Comme il l’avait fait lors de l’approbation de la dernière série de constructions au-delà de la Ligne verte, le ministère de la Défense va également faire avancer des projets de construction pour les Palestiniens dans les secteurs de Cisjordanie qui sont placés sous son contrôle civil, a dit un officiel israélien au Times of Israel.
L’État juif a capturé la Cisjordanie et Gaza en 1967 pendant la guerre des Six jours. Les Palestiniens espèrent établir un état indépendant sur ces territoires.
Si la majorité des 25 projets qui devraient avancer, la semaine prochaine, concerne des implantations proches de la Ligne verte, d’autres portent sur des implantations situées dans les profondeurs de la Cisjordanie, à l’Est de la barrière de sécurité. Il y a notamment la construction de 56 habitations à Negohot, qui avanceront au stade de « dépôt » ; ainsi qu’un plan qui implique 534 logements à Shevut Rachel et un autre qui concerne 114 habitations à Maaleh Michmash qui devraient pour leur part entrer dans la toute dernière phase de planification.
En plus de ces milliers de nouveaux logements, deux avant-postes, Mitzpeh Dani et Oz Vgaon, vont être légalisés. Tous deux se trouvent au cœur de la Cisjordanie et le dernier est une réserve naturelle et un centre d’éducation qui avaient été construits suite à l’enlèvement et au meurtre de trois adolescents israéliens, Gil-ad Shaer, Eyal Yifrach et Naftali Fraenkel, pendant l’été 2014.
« Ce gouvernement n’est pas différent des autres. Ce n’est pas un gouvernement du changement. Il continue à construire en Cisjordanie et à détruire toute possibilité de paix », a commenté Hagit Ofran, responsable au sein du groupe La Paix Maintenant, en comparant l’administration actuelle aux précédentes.
Les leaders d’implantation ne semblent pas avoir été apaisés par les annonces qui ont été faites, disant que les approbations en suspens étaient trop modestes en termes d’ampleur. Ils ont également déploré qu’il y avait 2000 logements de moins que le chiffre qui avait été initialement prévu concernant les constructions faites hors des blocs d’implantation majeurs.
« Tous les plans directeurs en Samarie qui ne se trouvaient pas dans les ‘blocs d’implantation’, selon l’ample définition de la gauche, ont disparu… malgré les promesses claires qui avaient été faites », a regretté Yossi Dagan, président du Conseil régional de Samarie.
Le gouvernement actuel est divisé sur la question des implantations en Cisjordanie. Le Premier ministre Naftali Bennett est un leader du mouvement pro-implantations qui a subi les pressions de son propre parti, Yamina, en faveur d’un plus grand nombre de constructions.
« Construire en Judée-Samarie est à la fois fondamental, essentiel et va sans dire », a commenté la ministre de l’Intérieur Ayelet Shaked, qui appartient elle-même à Yamina.
La formation de droite Tikva Hadasha, qui est dirigée par le ministre de la Justice Gideon Saar, a pour sa part estimé que les constructions dans les implantations de Cisjordanie étaient une bonne réponse à apporter à la vague d’attentats terroristes qui a récemment endeuillé Israël.
« Les ennemis d’Israël doivent savoir que la population du pays est résolue dans son désir de renforcement des implantations juives et en particulier en Judée-Samarie », a noté la faction dans un communiqué.
Mais la coalition diversifiée et fragile est aussi composée du parti islamiste Raam et des formations sionistes de gauche, comme le Meretz, qui sont catégoriquement opposés aux constructions dans les implantations.
« C’est immoral et cela porte préjudice à l’avenir des citoyens israéliens », a déploré le député du Meretz Mossi Raz dans une déclaration.
Le ministre de la Défense Benny Gantz, qui supervise le contrôle militaire israélien en Cisjordanie, a fait avancer des plans de constructions dans les implantations et il a également légalisé des logements palestiniens. Au mois de novembre, il avait approuvé environ 1 300 habitations palestiniennes et 3 000 logements dans les implantations.
Au cours d’une visite officielle de Joe Biden qui était alors vice-président des États-Unis, en 2010, le ministère de l’Intérieur avait annoncé que 1 600 habitations seraient construites dans le quartier de Ramat Shlomo, dans une partie de Jérusalem capturée à la Jordanie pendant la guerre de 1967. Une annonce qui avait embarrassé Biden et entraîné une crise avec l’administration Obama.
Biden avait été furieux à l’époque, disant dans une déclaration que ces projets de construction « sapent la confiance dont nous avons aujourd’hui besoin et sont contradictoires avec les discussions par ailleurs constructives que j’ai pu avoir ici, en Israël ». Le Premier ministre de l’époque, Benjamin Netanyahu, avait présenté ses excuses à Biden pour le moment choisi pour l’annonce et il avait établi clairement que le début des travaux sur ce projet particulier prendrait probablement plusieurs années.